Dans ce livre aux accents ironiques et dont la critique avait immédiatement reconnu l'originalité, Geneviève Amyot explore ce lieu terrible de la mort. C'est déjà la voix singulière de l'auteure qu'on entend, à la fois fragile, assurée et sans concession.

La mort était extravagante, suivi de Nous sommes beaucoup qui avons peur

Extraitcette vision rembourrée cette étreinte acharnée de chair réalisableet la parolepressentie dans les longueurs vagues de l'espoirmiraculante parole

Dans la pitié des chairs

Qu'as-tu connu de la défaite ? Du silence ? Et le silence est-il toujours tant le silence ou un certain consentement à ceci que nous sommes seuls, absolument, et parfois profondément ensemble dans l'écoulement des heures, ensemble avec chacun sa même soif installant chacun, face à face, à côté de chacun son assiette, une invisible assiette jumelle dont nous ne disons rien, mais dont chacun nous attendons cet indispensable accomplissement, l'amour enfin. L'amour. Qu'est-ce donc que tant et tant nous voulons ? Refaire la symbiose de départ, forcer les refus antiques à cracher leurs dons ? Mais aussi être confirmés dans tout ce que nous sommes, complétés totalement dans ce que nous ne sommes pas, prendre, être pris, s'emboîter parfaitement, tenir ainsi sans faillir, jusqu'à ce qu'un dieu jaillisse, indubitable. N'es-tu parti qu'avec un rêve, un grand rêve exacerbé chevauchant doucement, à la fin, cette indomptable furie d'immortalité...

Je t'écrirai encore demain

Avec Petites fins du monde, Geneviève Amyot nous fait découvrir un univers étrange et original où s'inscrivent les thèmes de la naissance et de la mort. L'écriture, légère, tourmentée, impressioniste, prend ici des accents philosophiques, là se fait poétique, empruntant à l'enfance, comme dans l'univers ferronien, le rituel des gestes et du langage. Donner naissance à l'enfant, le nourrir, lui apprendre les premiers gestes nécessaires, l'emmener à l'école pour s'en détacher petit à petit, jusqu'à la vieillesse, jusqu'à la mort, extravagante, telle est, pour l'auteure, l'implacable destin auquel on ne peut se soustraire. Ne reste que le travail de la mémoire, des crayons et des songes.

Petites fins du monde

Avec je t'écrirai encore demain, Geneviève Amyot lance d'abord un cri face à l'absence, à la perte de l'être aimé. Avec la violence de l'écriture, elle se remémore le bonheur évanoui et la blessure. Mais en même temps, elle écrit un véritable hymne à la fécondité : celle du temps d'abord, que manifeste le passage des mois et des saisons, celle de la terre aussi, dont les nourritures nous lient au monde de façon primordiale, et enfin celle de la femme. Et s'il nous faut affronter la mort - petites morts quotidiennes, mort des autres et de nous-mêmes -, c'est pour apprendre qu'elle creuse un espace qui permet à la vie de se poursuivre. Voici donc un chant de ferveur venu du Québec, une lettre adressée à un être dont la perte renvoie à la grandeur de l'aventure humaine, à la joie et à la détresse qui l'accompagnent.

La mort était extravagante, suivi de Nous sommes beaucoup qui avons peur

Résumé

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