Pas une semaine sans Madame

On risquait d'oublier Robert Rovini. Ce premier Cahier relève du devoir de mémoire à l'égard de ce niçois, défenseur acharné de la poésie. De ce germaniste, premier traducteur en France de Hölderlin.
Pour peu que nous prêtions l'oreille aux poèmes de Robert Rovini, nous verrons la lumière de cette voix sans mots, nous sentirons sa fraîcheur d'avant le jour dans le silence des commencements, sous entendrons son murmure. Le nôtre, quand, invitée par tous les sens, l'âme naît à elle-même, dans la fête.

Rovini

On a risqué le mot " ramas " pour aller contre le sens péjoratif qui s'attache à l'idée de " ramassis ", amas informe, tas. Ici, ce mot valorise au contraire l'idée de choix et d'ajustement qui préside à cet art de confectionner les fagots, à partir des brisées abandonnées au sol par les vents et les orages ou par les bêtes de la nuit en leurs passées et que l'on entrepose ici ou là en forêt. Ces ramas permettront d'allumer l'hiver venu tous les feux.

Dans les ramas

Ils étaient quelques-uns à Nice dans le début des années soixante à peindre, dessiner, écrire... Marie- Claude Grail était de ces amis-là aux côtés de Daniel Biga, Ernest Pignon-Ernest qui tentaient d'essorer l'obscurité des temps. Ces jeunes gens s'aimaient et aimaient. L'amitié les portait, celle exigeante de la création. Marie-Claude Grail écrivait pour le théâtre. Ses poèmes furent publiés dans Les Temps Modernes, la revue de Sartre et de Beauvoir dont elle devint l'amie. Cinquante ans plus tard, Ernest Pignon-Ernest retrouva les cendres éblouies de nombreuses lettres et poèmes qui tous disent la liberté et la difficulté d'aimer quand c'est l'amour que l'on aime... Cet ouvrage comporte une dizaine de dessins et croquis annotés d'Ernest Pignon-Ernest.

J'ai senti ton absence exacte au rendez-vous

Qui vient...On peut se poser la question mais on peut aussi y lire une affirmation, manière de se souvenir du précédent livre d'Alain Freixe "Contre le désert".
Question et/ou affirmation, on s'inquiète des brouillards qui voilent ce qui vient comme de cette avancée des temps sombres qui nous arrivent, vague sur vague. Et pas après pas, voir le monde s'éloigner...
Les poèmes de ce livre sont organisés comme si c'était un mur de soutènement que l'on avait à bâtir où il y aurait à soutenir la fine terre des poèmes et préserver par-là les routes et chemins du présent de tous les délitements, glissements, éboulements possibles et puiser la force de tenir sa place dans la ronde des jours.

Qui vient

C'est sous l'identité artistique de la ville de Nice que se présente l'oeuvre de Marcel Alocco, qui confronte ou associe le langage et l'écriture poétique au coeur d'une démarche plastique singulière nourrie de Fluxus et de la traversée des supports et surfaces de la peinture analytique des années 1970. Le premier Cahier Enseigne des Oudin se décline en trois temps, deux tomes, comme pour rappeler la dimension mythologique d'un récit inscrit dans chaque image, que Marcel Alocco traduit depuis cinquante ans à travers sa Peinture en Patchwork et le détissage armorié de la surface de la toile. Marcel Alocco est né en 1937 à Nice où il a presque toujours vécu et travaillé. Plasticien et écrivain, l'un des peintres de "l'Ecole de Nice" dès la première exposition, avec Fluxus dans les années 1960, puis participant aux débuts de la peinture analytique (désigné ensuite Supports/Surfaces), il a développé depuis bientôt un demi-siècle (de 1973 à nos jours) une oeuvre singulière à partir de son "Idéogrammaire" , tout à la fois signe et particule de langage, que suivront les variations de ses "Fragments du Patchwork" et "Détissages" , travaux sur l'écriture et la mémoire des cultures, thèmes qu'il a traité en parallèle dans ses publications littéraires.

Marcel Alocco : Origine Nice

27 mai 1918 : à Vailly-sur-Aisne, sur le plateau de Brenelle, Joë Bousquet est atteint par une balle en pleine poitrine qui pince sa moelle épinière et provoque la paralysie immédiate et définitive des membres inférieurs. 3 septembre 1939 : au moment où Joë Bousquet voit ses amis rappelés au combat, sa moelle épinière saigne à nouveau. "J'ai failli être la première victime de la guerre", écrira-t-il à son ami Jean Ballard, directeur des Cahiers du Sud. 1918-1939 : deux blessures qui, par un effet de retournement, deviennent deux naissances. Les plaies ouvertes et sans cesse rouvertes dans les textes de Joë Bousquet laissent affleurer à leurs lèvres le souffle du possible. Elles sont les messagères de vie de l'une des oeuvres les plus singulières de la littérature du XXe siècle.

Pas une semaine sans Madame

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