Confidences et propos littéraires

Le canard et la panthère

L'eût-on vue, on l'eût à peine reconnue. Tellement elle était changée. Les yeux seuls restaient, non brillants, mais armés d'une très étrange et peu rassurante lueur. Elle-même avait peur de faire peur. Elle ne les baissait pas. Elle regardait de côté ; dans l'obliquité du rayon, elle en éludait l'effet. Brunie tout à coup, on eût dit qu'elle avait passé par la flamme. Mais ceux qui observaient mieux sentaient que cette flamme plutôt était en elle, qu'elle portait un impur et brûlant foyer.

Les sorcières dans la littérature

Recueil d'articles et de textes d'essence politique, pour la plupart inédits en volume, rédigés par Marcel Aymé de 1935 à 1958. Ces textes publiés dans les supports les plus divers (Le Figaro, Les Nouvelles littéraires, Le Crapouillot, Marianne, Arts...) sont consacrés aux scandales politiques ( Panama, Salengro, Stavisky...) à l'affaire Dreyfus, à Céline, à Mauriac et De Gaulle, au patriotisme, à la démocratie, à l'épuration ou encore à la liberté d'expression.Ils dessinent un portrait idéologique de cet écrivain controversé, individualiste, aux positions tranchées, en apparence parfois déroutantes mais profondément cohérentes.Michel Lécureur a déjà publié aux Belles Lettresdeux biographies remarquées: Marcel Aymé, un honnête homme et Raymond Queneau, et édité plusieurs recueils de textes de Marcel Aymé.

Écrits sur la politique (1933-1967)

Lafleur est un peintre au talent extraordinaire. Non que ses tabeaux soient d'une qualité artistique hors du commun, mais ils ont la faculté de rassasier ceux qui les regardent. Comme s'ils venaient d'avaler un bon pâté en croûte ou une crème au chocolat! Un tel don ne peu laisser longtemps indifférents journalistes et marchands d'art...Une savoureuse nouvelle fantastique qui décrit avec humour et ironie le milieu de l'art.

La Bonne Peinture

«Il y a une façon de discipliner les hommes dans les plus petites choses de la vie quotidienne qui les met une bonne fois à la merci de leurs femmes. C'est très bien vu. Mais il arrive un jour où tout de même on s'aperçoit qu'il y a autre chose à faire dans la vie que de s'aplatir comme un chien aux pieds d'une petite bonne femme pincée. Tiens, il faut que tu le saches. Je ne suis pas allé à Bucarest pour faire des affaires, mais parce que j'avais assez de ta chambre à coucher et de ton petit coeur bien épousseté. J'étais parti pour ne plus revenir. Et j'ai fait un voyage merveilleux, un voyage que tu ne peux pas comprendre dans ta petite tête de comptable.»

La belle image

La Convention Belzébir «À condition d'avoir payé une redevance à l'État, les citoyens mâles de cette première pièce ont le droit de tuer leurs semblables, quel qu'en soit le sexe, âgés de plus de dix-sept ans. Ceux qui bénéficient de ce privilège affirment que les saignées quotidiennes sont un bien pour le pays. Ceux et celles qui sont appelés à les subir semblent consentir sans arrière-pensée à leur sacrifice, car ils ont reçu dans leur famille et à l'école une forte éducation, et la propagande officielle entretient leur civisme, sans compter que la police est bien faite. Un jour, une femme se révolte. Le climat Belzébir se détériore. Il apparaît qu'on peut tout exiger des citoyens - par exemple qu'ils marchent sur les mains - mais que dans le secret de leur coeur, ils trouvent tout de même qu'il est plus normal de marcher sur ses pieds.» Consommation «Le capitaine de la Bornebelle, vieux soudard de plus de soixante ans et plusieurs fois veuf, épouse une fille de quatorze ans, selon l'usage auquel nos ancêtres sont restés fidèles très longtemps. On trouvera ici une conversation animée entre les époux, préludant à leur nuit de noces. J'ai situé l'action en 1712, parce qu' il m'a semblé que cette année-là était très négligée par les auteurs dramatiques.» Le Minotaure «Un citadin, pris de nostalgie pour la campagne, fait installer dans son appartement de la rue Saint-Dominique un tracteur agricole. Tout d'abord, sa femme prend fort mal cette initiative. Mais des amis snobs venus lui rendre visite s'enthousiasment pour une trouvaille qui est un défi à la décoration traditionnelle. Ils parlent avec tant de conviction que la dame finit par revendiquer la maternité d'une idée aussi remarquable.»

Le minotaure / la convention belzebir / consommation

Dans sa trente-cinquième année, un nain de cirque se mit à grandir, ce qui embarrassa les savants qui avaient fixé à vingt-cinq ans l'âge limite de la croissance. Incapable d'amuser encore le public, ou d'accomplir une autre besogne dans la troupe, il renonce au cirque et disparaît dans la foule...

Treize nouvelles qui ont établi la gloire de conteur de Marcel Aymé.

Le Nain

"(De notre correspondant particulier). - Un crime révoltant, dont l'abjection le dispute à la barbarie, vient de mettre en émoi la population de notre paisible cité. Le théâtre de cet effroyable drame est une charmante demeure de style, surmontée d'un délicieux fronton, et blottie non loin de la cathédrale, parmi la verdure et les frais ombrages. Le propriétaire n'est autre que maître Marguet, notaire en la ville, qui s'est acquis dans la région une juste réputation de droiture et de bonté. La victime ? 

Une jeune fille de dix-neuf ans, douce et candide créature, qui servait chez maître Marguet depuis six mois à peine..."

Confidences et propos littéraires

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