Couleurs, esclavages, libérations coloniales (1804-1860) - Réorientation des empires, nouvelles colonisations, Amériques, Europe, Afrique
Les officiers de couleur dans les armees de la republique et de l'empire, 1792-1815 - de l'esclavage
Publié par Karthala, le 01 octobre 2007
Résumé
L'histoire militaire tient une grande place dans la Révolution française et pendant la période du Directoire, du Consulat et du 1er Empire. Les besoins en hommes ont conduit à une intégration plus importante des effectifs noirs et mulâtres des Antilles. Le choix de la condition militaire offrait alors un affranchissement pour service armé et participation au maintien de l'ordre esclavagiste. A la fin de l'Ancien Régime, on peut estimer à environ 50 000 hommes les éléments noirs des armées françaises qui vivaient ce lien entre port d'armes et liberté. Plus tard, la Première République a voulu opérer l'amalgame des troupes coloniales d'outre-mer et des troupes régulières, par dessus les origines ethniques. Bernard Gainot cherche à démêler les espérances, les contradictions et les désillusions suscitées par cette politique, à travers les destinées de trois unités emblématiques : la légion des Américains en 1792 et l'égalité des droits, les compagnies des hommes de couleur en 1797 avec les hésitations sur l'intégration, le bataillon des pionniers en 1802 ou le reniement des droits et de l'intégration. Certaines carrières d'officiers supérieurs sont particulièrement emblématiques de la période et ont été retracées à partir de leurs dossiers aux Archives de la Guerre. C'est le cas du général Thomas-Alexandre Dumas, l'homme de couleur le plus haut gradé de l'armée républicaine ; du commandant Joseph Domingue, dit " Hercule ", esclave originaire de Cuba, officier des troupes d'élite de la Garde consulaire, commandant du bataillon noir de Mantoue et qui suivit Napoléon Bonaparte dans la plupart des ses batailles ; du député noir Jean-Louis Annecy, esclave affranchi de Saint-Domingue, élu représentant du peuple sous le Directoire, déporté en Corse pour mourir au bagne sous le Consulat. Si le programme d'intégration militaire fut mitigé dans ses applications et se solda souvent par des échecs ou de tragiques malentendus (pensons au cas de Delgrès en Guadeloupe, en 1802), les questions de l'universalité des principes d'égalité, de patriotisme et des identités ethniques furent tout de même posées à cette époque, à travers le cas concret de l'institution militaire. Bon nombre d'entre elles restent d'actualité.
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