Le discours de la haine
Dostoïevski à Manhattan
Publié par Robert Laffont, le 10 janvier 2002
280 pages
Résumé
L'attaque terroriste du 11 septembre 2001 contre les États-Unis marque un tournant de l'Histoire et inaugure tragiquement une nouvelle ère, celle du nihilisme triomphant. La catastrophe était d'ailleurs loin d'être "inimaginable". Seule une réussite aussi complète était imprévisible. La littérature, le cinéma et la télévision nous avaient déjà fait vivre de telles scènes. Dostoïevski et Tchékov se sont intéressés à la menace du terrorisme idéologique: la fiction avait prévu ce que les experts militaires n'avaient osé imaginer. Il n'en est pas moins difficile de comprendre cet acte d'une telle violence. Afin d'analyser, pour reprendre Marx, "ce spectre qui hante désormais la planète", il nous faut d'abord éteindre l'incendie mental que la catastrophe a fait naître, puis réduire l'inexplicable en le confrontant au connu, au commun. "Je tue donc je suis" est la devise nihiliste. Tel Raskolnikov assassinant l'usurière pour se convaincre qu'il est maître de ses actes, le nihiliste se caractérise par son goût de la destruction pour la destruction ainsi que par la joie que lui procure le malheur des autres. Cette victoire nihiliste marque la fin de la guerre interétatique, des conflits classiques si bien analysés par Raymond Aron. Le terrorisme signe l'assomption mondiale d'une violence beaucoup plus diffuse, latente et universelle, sans visage et sans revendication. La violence l'emporte désormais sur la guerre à travers de nouvelles cibles (les Twin Towers, les deux bouddhas de Bamiyan, la bibliothèque de Sarajevo...). Face au nihilisme dont les principes fondamentaux sont la corruption, la terreur et la destruction, les hyperpuissances sont aussi des hyperimpuissances. André Glucksmann est l'un des philosophes européens les plus célèbres de notre époque. Dès son "Discours sur la guerre" (1967), il s'est intéressé à l'étude philosophique du conflit et de la violence. Intellectuel voyageur, son expérience du terrain (récemment en Algérie et en Tchétchénie) et sa réflexion, en s'enrichissant mutuellement, donnent à ses ouvrages une force et une profondeur incomparables.
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