état civil

Créatrice, depuis le début des années 1970, d'une oeuvre singulière dans laquelle se mêlent, sur le mode de la collection et du bricolage, des éléments de différentes natures photographies, dessins, objets manufacturés, animaux taxidermés, suivis d'installations fortement théâtralisées aux mécaniques inquiétantes, Annette Messager, dans ses oeuvres les plus récentes, nous livre un monde à la noirceur cataclysmique. Un monde pétrifié, carbonisé, un univers urbain d'après la catastrophe, dont les résidus miniaturisés flottent, agglutinés en des sortes d'îlots volants, ou semblent étouffer ce qu'il reste de vie sur la planète Terre. Lointainement inspirée de l'univers de Jonathan Swift dans ses Voyages de Gulliver, Annette Messager explore dans Continents noirs un registre relevant du fantastique ou de la science-fiction, pour mettre en scène les pathologies du monde contemporain; l'esprit de jeu et de dérision qui lui sont familiers tiennent à distance les terreurs suscitées par ces univers désolés.

Annette Messager Continents noirs - Exposition au musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg du 13 octobre 2012 au 3 février 2013

Depuis plusieurs années, Annette Messager crayonne, écrit un mot, reporte des photographies ou dessine sur de petites rondelles de papier qu'elle fait ensuite passer dans une machine à badges. La plupart sont fixés sur des cordes noires installées au mur, pour des expositions, ou fixés sur divers objets, ou en attente dans des boîtes. Ce livre d'artiste reproduit une sélection des badges d'Annette Messager, notamment ceux de l'installation Et range ta chambre (Galerie Marian Goodman, 2009). Visages de femmes épurés, figures énigmatiques colorées, monstres enfantins et dessins abstraits se suivent en file indienne sur des cordelettes noires ou se retrouvent isolés en pleine page. Une large sélection d'objets réinterprétés et habillés par la pose de badges originaux sont également présentés dans le livre. Son format original, qui comprend plusieurs dépliants, fait de cet ouvrage un objet ludique et surprenant, à l'image du travail de l'artiste. "Il y a dans mes badges un peu tout ce que j'aime : des photos, des morceaux de corps, des petits dessins pornos, toujours ma signature "A. Messager" , des dessins un peu tantriques, ou le papier brillant du petit chocolat que l'on vous donne au café... Et ce sont des choses qui se mettent sur le corps, les vêtements, les sacs à main, que l'on transporte avec soi ; un truc pauvre, d'art populaire. Faire des dessins originaux est en contradiction avec ce qu'est cet objet... et j'aime bien être en contradiction ! " Annette Messager, Le Journal des Arts, 2 octobre 2009

Mes badges

Figure majeure de l'art contemporain, Annette Messager a obtenu le Lion d'or à la Biennale de Venise en 2005 pour son installation au Pavillon français et reçu le Prix Praemium Imperiale en 2016 dans la catégorie sculpture.
Son travail a été exposé dans les plus grands musées du monde. Depuis les années 1970, l'artiste développe des installations abordant les thèmes de l'identité, du corps, de la condition des femmes, de l'érotisme et de la mort.

Admirative de l'oeuvre comme de la personnalité de Giacometti, l'artiste a plusieurs fois introduit des clins d'oeil à l'oeuvre du sculpteur dans ses installations. Pour l'Institut Giacometti, elle conçoit un parcours original avec des oeuvres anciennes et nouvelles en regard avec des oeuvres d'Alberto Giacometti.

Alberto Giacometti, Annette Messager ; les chambres

Les pensionnaires

Annette Messager ouvre en 1975 un cycle "Annette Messager truqueuse" qui prend forme, notamment, dans un petit livre de format oblong intitulé La Femme et... publié à Genève par un autre artiste, John Armleder. Sur le registre de l'art corporel et de la manipulation d'images, il propose une série de photographies retouchées mettant en scène le corps féminin maquillé - le corps nu de la femme-artiste - où intérieur et extérieur, dessin et image photographique se confondent, soutenus par des légendes laconiques. La truqueuse, note Annette Messager, "n'est jamais désoeuvrée et ne manque jamais de matériel puisqu'elle joue avec elle-même et sur elle-même" . La tonalité du livre est tour à tour émouvant ("la femme et l'opération"), franchement cocasse ("la femme et le barbu"), ou bien faussement dramatique à la manière de brèves saynètes ("la femme et la mort" , "la femme et la peur"). A l'occasion de cette réédition très fidèle à l'édition originale, le livre de 1975 a été recomposé avec la complicité de l'artiste et quelques images ont été ajoutées.

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