Melchior - Récits imaginaires

Adèle de B - Les mémoires d'Adélaïde Victoire de Bellegarde - Occasion

Drole d'ete

Vera

Les intermittences du coeur

De ses doigts fins et déliés, Hazlitt s'empara du Palimpseste avec fermeté et délicatesse, comme si le livre était, dans ses mains, un être vivant. Il s'adressa à moi d'un ton grave : « Cet ouvrage chargé d'histoire et d'événements n'est pas en ma possession par hasard. Il existe un lien mystérieux et intime entre ce palimpseste et moi-même. J'espérais être celui qui le compléterait, en écrivant une nouvelle page du livre. Je n'y suis pas parvenu. Aujourd'hui, dit-il d'une voix plus solennelle, c'est à vous d'être le maillon de la chaîne. Votre culture humaniste et votre goût pour la recherche, vous permettront sans doute d'y apporter un enrichissement essentiel. Mon idée peut vous paraître insensée, mais je suis persuadé que vous ne refuserez pas d'entrer en possession de ce livre, comme je ne m'y suis pas soustrait moi-même lorsqu'il me fut confié. » Il n'attendit pas ma réponse. Il déposa le Palimpseste dans mes mains tremblantes, puis, comme libéré d'un fardeau, il s'éloigna aussitôt, d'un pas léger...

Il y a plusieurs genres d'histoires amoureuses, le sexe qui excite, la friponnerie qui amuse, le sentiment qui émeut.
Rien de tout cela ici, et pourtant quelle belle histoire que nous raconte André Gilbertas, décidément toujours inspiré par les activités" grandes dames ". Dans le genre ancien du roman historique, mais dans le style neuf de la vérité " scientifique ", voici sinon les aventures du moins les évolutions d'une belle et intelligente personne de la haute noblesse française devenue un temps la maîtresse du duc de Savoie (qui deviendra ensuite roi de Sardaigne), le grand, l'actif et l'exigeant Victor-Amédée II.
On est loin ici du roman du prince et de la bergère, d'une Pompadour turinoise ou d'une agente secrète de Louis XIV (mais en est-on si sûr?). En tous les cas, pour vous méfier des risques des grands mariages et surtout des relations avec les têtes couronnées, pour mieux comprendre la complexité d'une dame dépassée par les événements, mais aussi le charme de la relation entre l'amour, la politique et les arts, rejoignez vite Madame de Verrue à Turin en cette période si proche et si lointaine, si baroque et si étrange de la fin du XVII° siècle.
André Palluel-Guillard

La contessa

Un roman a presque toujours une double visée, raconter une intrigue captivante et dépeindre une atmosphère singulière et intéressante. C'est ce que réussit pleinement André Gilbertas dans ce livre qui retrace les aléas d'une grande famille de médecins lyonnais en 1939-1940. L'auteur nous offre une occasion assez rare de découvrir le monde médical, notamment le milieu chirurgical de Lyon, dans le cadre de l'immédiate avant-guerre, de la drôle de guerre et de la capitulation de juin 1940. Cet univers chirurgical, l'auteur, à l'évidence, le connaît parfaitement, même si ce roman n'est en aucune façon autobiographique. Drôle de période ? Temps d'incertitude, de bêtise ou de déclin ? Le romancier n'a pas vocation de choisir mais de décrire, et voici une humanité accablée par la maladie, les soucis, la petite et la grande histoire, des vieux tournés vers le passé, des jeunes essayant de regarder au-delà de la défaite, vers l'avenir. La guerre n'est plus, mais les choses ont-elles, par la suite, tellement changé ?
(André Palluel-Guillard)

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