Coin perdu, Labaroche au début du siècle
Coin perdu, Labaroche au début du siècle
Publié par FeniXX réédition numérique (J. D. Reber), le 01 janvier 1993
106 pages
Résumé
René Prud'homme est né en 1901, à Labaroche, dans une famille de douze enfants. L'interruption prématurée de ses études secondaires, à la mort de son père, le boulanger du village, ne l'empêcha pas d'acquérir, seul, une solide culture générale. À la Libération, son intégrité, son sens de l'organisation, et son dévouement, lui valurent d'être sollicité par ses concitoyens pour prendre en main les destinées de la commune, presque entièrement détruite par la guerre. À la tête de la Coopérative de Reconstruction, il s'occupa du relogement des habitants sinistrés, fit construire l'église et l'école du Haut, dota le village d'une poste, et d'une conduite d'eau potable, qui devait pallier le déficit des sources trop souvent taries. Soucieux de conserver ce qui faisait le charme du village, la beauté du paysage et la massive sobriété de ses habitations, il contribua activement à l'élaboration des plans des bâtiments, afin que soit préservé ce que l'on ne nommait pas encore "l'environnement". Il ne devait, heureusement, plus assister au spectacle de la détérioration d'un des plus beaux sites de Labaroche, barré d'est en ouest par des lignes de haute tension, bardé de hideux pylônes, au nom de "l'intérêt général" et du modernisme souvent plus destructeur que les guerres ! Excellent musicien et passionné de théâtre, il reconstitua, avec ses frères et quelques amis, la Société de musique et créa une petite troupe de théâtre qui ne manquait pas de talent, écrivant souvent lui-même les pièces, peignant les décors, organisant les répétitions et les spectacles... pour la plus grande joie de ses administrés, qui avaient bien besoin de cette bouffée d'oxygène après le calvaire de la guerre. Son activité débordante ne l'empêchait pas d'être constamment au service de tous : on venait voir "Monsû Maire" pour des questions administratives, bien sûr, mais aussi pour rédiger une lettre délicate, pour intervenir dans un litige entre voisins, pour calmer un mari ou un fils un peu trop vifs, et même... pour aider la vache à vêler ! Profondément amoureux de la paix et de la tolérance, il savait néanmoins oublier sa douceur et sa réserve naturelles, et faire preuve d'un acharnement et d'une ténacité insoupçonnés lorsqu'il s'agissait de défendre les intérêts de ses administrés. Malheureusement, atteint dès la cinquantaine d'une maladie de cour, il devait s'éteindre le 12 novembre 1958. Il repose dans le cimetière du Haut, au centre de ce village qu'il avait aimé par-dessus tout.
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