Claude-Marie, Edouard et Guillaume Dubufe - La peinture en héritage, 1790-1909

Charlotte-Elisabeth de Bavière, princesse Palatine, est née en 1652 à Heidelberg. Le destin la conduit à épouser par procuration Monsieur, frère du roi Louis XIV, le 16 novembre 1671. Celui-ci est en effet veuf après la mort, en juin 1670, de sa première femme, Henriette d'Angleterre. Fille de l'électeur palatin Charles-Louis Ier, la Palatine est aussi la petite-fille de Frédéric V, électeur protestant qui a joué un rôle majeur durant la guerre de Trente Ans. Pour conclure son mariage, la princesse allemande est contrainte d'abjurer sa foi calviniste et d'embrasser la religion catholique. Parachutée à la cour de France, elle doit s'accommoder tant bien que mal d'un mari qui n'aime pas les femmes et faire face à ses nombreux favoris. Reconnaissant elle-même son manque d'attraits, la Palatine n'a pas connu un mariage heureux. Toutefois, elle apprécie et admire son beau-frère, Louis XIV, avec lequel elle partage la passion de la chasse et du théâtre. Ce n'est cependant pas à Versailles et au sein de la cour que la Palatine préfère résider, mais à Saint-Cloud. Son époux acquiert le château en 1658 et le fait agrandir par les architectes Antoine Le Pautre, Jean Girard et Jules Hardouin-Mansart, puis décorer par les peintres Nocret père et fils, Pierre Mignard, Antoine Coypel et Jean Cotelle le Jeune. Aux yeux de la Palatine, ce château et son parc sont "le plus bel endroit du monde"1. Elle aime se retirer les mois d'été dans cette résidence de villégiature : elle passe ses journées dans son cabinet où elle nourrit une importante correspondance avec sa famille et ses amis. Elle possède également une vaste bibliothèque dont les ouvrages sont loin d'être un apparat : elle insère souvent des citations dans ses lettres. De plus, la Palatine constitue au fil de sa vie une collection de pierres gravées, d'atlas et de récits de voyages qui lui permettent de visiter le monde depuis ses appartements de Saint-Cloud. Témoin des évènements politiques de son temps comme l'accueil des ambassades du Siam à Versailles ou la Guerre de Succession d'Espagne, elle assiste également à l'apogée du règne de Louis XIV. Après la mort de la reine Marie-Thérèse, la Palatine s'entend très mal avec l'épouse morganatique du roi, Mme de Maintenon, qu'elle n'hésite pas à appeler la "vieille conne". Elle a cependant la satisfaction de voir son fils devenir Régent du royaume à la mort de Louis XIV, victoire politique pour cette femme qui a connu les cabales du pouvoir et de la cour.

Claude-Marie, Edouard et Guillaume Dubufe - La peinture en héritage, 1790-1909

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