Spectacle

L' Avènement D'hitler

" Ceux qui furent les amis de Jacques Prévert se souviennent de son désir permanent de découvrir les mystères quotidiens. Il avait toujours refusé d'être l'esclave de la banalité c'est pourquoi il n'a jamais cessé de protester. Ses poèmes sont des témoignages de cette recherche et aussi les scénarios des films qu'il a inspirés ou commentés. Jacques Prévert a choisi de créer un nouvel univers qu'il a "réalisé" grâce au procédé inventé par Max Ernst, le collage. "
Philippe Soupault

Ainsi, au début des années cinquante, a-t-il effectué un voyage à Londres avec le photographe Izis qui, par la suite, a donné lieu à un ouvrage publié sous le titre " Charmes de Londres " par les éditions Clairefontaine de Lausanne.
Plus tard, sur l'un des exemplaires, Jacques Prévert a réalisé pour sa fille Michèle, alors âgée de six ans, un émouvant témoignage d'une charmante complicité qui est reproduit ici tel quel.
A l'aide de chromos patiemment collectés de toutes parts, le poète a composé d'extraordinaires collages sur chaque photographie du livre. L'harmonie entre les images d'Izis et le " détournement poétique " de Prévert est troublante.
Ces tableaux sont porteurs d'une magie visuelle propre à émerveiller l'enfant qu'était Michèle et celui qui sommeille en nous.

Charmes De Londres

Jacques Prévert raconte à sa manière : "Il était une fois la Seine / il était une fois la vie." Récits, poèmes, chansons, feuilletons : Paris est tout petit constitue un florilège des écrits "parisiens" de Prévert. Il n'a jamais observé sa ville de coeur "par le trou de la serrure touristique". Il l'a toujours explorée par monts et par rues, il n'a pas cessé de la parcourir et de la débusquer dans sa complexité. Il a refusé de choisir entre ses différents visages : Paris poétique, Paris rêvé, Paris réel ; il se les est tous accaparés. Dès son enfance, le poète a aimé Paris et ils ne se sont plus quittés. Mais, pour Prévert, cette ville n'a rien d'un Eldorado. Il la regarde et il la restitue telle qu'elle est : un territoire de contrastes, un creuset de lumières et d'ombres, de beautés et de laideurs, de plaisirs et de souffrances. Elle est à l'image de la vie : douce pour les uns, cruelle pour les autres. Chaque texte de Prévert sur Paris naît d'une rencontre, agréable ou pénible, volontaire ou fortuite, vécue ou inventée, avec un être humain ou avec son souvenir, avec un lieu tangible ou avec son image réinventée. Il en résulte, sous sa plume, un inventaire déconcertant comme lui seul sait les faire. Inventaire de Paris, signé Jacques Prévert : Dieu au Vel' d'Hiv' et une rue pleine d'ogresses, une petite seconde d'éternité et une minute de printemps, un enfant aveugle et des fontaines oubliées, une jeunesse bâillonnée et un Homme providentiel, le sang ardent de l'amour et le fou rire des filles, des messieurs qui parlent finances et les oiseaux du Père Lachaise qui se réveillent, le soleil endormi et la lune somnambule, la Seine qui se la coule douce et un nouveau-né dans une boîte à chaussures, une rue qui n'existe plus et un barbu qui s'est fait beau, un arbre secret dans la rue Pillet-Will et le silencieux vacarme de l'angoisse, trois allumettes et une drôle d'étoile, une grande usine à génuflexions et Charlot le Téméraire, les Kabyles de la Chapelle et les flics de la nuit, de très belles chansons et les épouvantables barreaux de l'épouvantable bêtise humaine, des musiciens errants et le visage de la tendresse furtive, Alberto Giacometti à Montparnasse, Henri Michaux quai de Montebello, Henri Crolla porte d'Italie, Boris Vian cité Véron, Robert Desnos rue Dauphine et rue Mazarine, un matin rue de la Colombe, etc. Comprenne qui lira !

Paris est tout petit

La célébrité du poète Jacques Prévert fait oublier parfois qu'il est un auteur de films. Un des plus grands de l'histoire du cinéma. Son oeuvre compte près de quarante longs métrages réalisés, autant de scénarios très élaborés, restés à l'état de projet, et aussi une vingtaine de courts métrages : documentaires et dessins animés. Il a marqué ainsi de son ton unique plusieurs décennies du cinéma français. Portées à l'écran par son frère Pierre, par Marcel Carné, Claude Autant-Lara, Paul Grimault, Jean Renoir, Jean Grémillon, pour ne citer que les plus célèbres, ces "histoires cinématographiques" nous font revivre leur traduction en images. Quant aux scénarios non réalisés, c'est le lecteur qui en deviendra le metteur en scène. La publication des scénarios était souhaitée par Jacques Prévert. Leur qualité littéraire permet de découvrir que, lorsqu'il fait oeuvre de cinéaste, il se montre un écrivain à part entière.

La Fleur de l'âge, suivi de Drôle de drame

"Un grand ramoneur noir, emporté par le vent, tombe dans l'eau de vaisselle du baquet d'un couvent. Enfin quelqu'un de propre à qui je puis parler ! dit l'eau de vaisselle". Leurs destins se frôlent, s'entrecroisent, à travers l'univers insolite des personnages qui peuplent leur quotidien. Prévert nous livre un texte à jouer, véritable miroir de nos consciences, qui alterne musique des mots, tendresse et cruauté des sentiments. Cette archive rare et émouvante du poème Intempéries (Féerie) extrait du recueil de Jacques Prévert La pluie et le beau temps nous rappelle que la modernité n'a pas d'âge, que la voix incarne au-delà du temps l'essentiel des êtres.

Intempéries - Féerie

Calder

'Ma mère me disait : "Tu ne seras jamais sérieux."

J'ai dit : "Non, jamais." Elle disait : "C'est grave." Et elle avait raison.

Quand les boueux sont en grève, c'est les orduriers qui protestent.

Jamais on n'a pu répondre aux questions des enfants... Pour m'amuser, je pose encore des questions enfantines.

La petite guérite ronde, aux carrefours, où un flic dirige (c'est une façon de parler) la circulation, on l'appelle "cocotte-minute" parce qu'il y a un poulet dedans et qu'il siffle tout le temps.'

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