«J'enseigne la sociologie à l'université et j'ai 44 ans. Je viens de publier une étude violemment critique sur la culture et les moeurs françaises et je n'accorde plus d'importance à grand-chose dans la vie. Sauf, peut-être, aux femmes et aux voyages. Je dis peut-être parce que ce n'est pas aimer les femmes que de jouer avec leurs sentiments à des fins exclusivement prédatrices. Quant aux voyages, si c'est par haine de mon propre pays que j'y consens, je n'en vois pas l'intérêt non plus.»

Au pays du p'tit

Pas facile, à 55 ans, de se mettre à la littérature. Surtout par un si beau soleil dehors. Et votre fille qui annonce qu'elle amène une copine italienne pour les vacances. Sans compter les voisins d'en face qui, dès que vous vous décidez enfin à prendre la plume face à l'océan, voudraient vous faire comprendre que, tout ce qu'ils demandent, c'est une vue sur la mer eux aussi.

Le Roman de l'été

C'est dans la trentaine que la vie m'a sauté à la figure. J'ai alors cessé de me prendre pour le roi du monde et je suis devenu un adulte comme les autres, qui fait ce qu'il peut avec ce qu'il est. J'ai attendu la trentaine pour ne plus avoir à me demander à quoi cela pouvait bien ressembler, la souffrance et le souci, la trentaine pour me mettre, comme tout le monde, à la recherche du bonheur. Qu'est-ce qui s'est passé ? Je n'ai pas connu de guerre, ni la perte d'un proche, ni de maladie grave, rien. Rien qu'une banale histoire de séparation et de rencontre.

J'étais derrière toi

En s'embarquant pour l'Indonésie à l'aventure, afin d'éviter les tentations étriquées - la littérature, entre autres - propres aux jeunes Parisiens suffisants de son espèce, Alex se doutait quand même un peu qu'il ramènerait de son séjour un petit roman parisien à écrire, un roman plus ou moins étriqué, plus ou moins suffisant avec, comme dans tout petit premier roman bien parisien qui se respecte, des impressions démagogiques de voyage, des coups de gueule manichéens, une métaphysique convenue, de jolies filles rencontrées par hasard plus ou moins séduites, ainsi qu'une bonne surenchère bien française d'auto-dénigrement hypocrite.

Le Tour du propriétaire

« Jeune premier plus si jeune ayant connu succès public au cinéma cherche rôle aux côtés actrice célèbre. Présence signe particulier mais demande être jugé sur pièce. Metteurs en scène franco-français s'abstenir. »

Beau rôle

Mon père me criait de remonter mon jean au-dessus de mes fesses, de cesser d'écouter des chansons vulgaires sur mon iPod, de rapprocher mes coudes à table et de ne pas faire la tête chaque fois qu'il voulait m'emmener au musée. Il ajoutait toujours : " Plus tard, tu comprendras que c'est pour ton bien que je te disais ça, tu verras. "

Tu verras

Il arrive que le roman français s'essouffle à force d'originalité forcée. Il en revient alors aux bonnes vieilles recettes du roman populaire à la Paul Féval ou Eugène Sue : prendre une poignée de personnages suffisamment contrastés (psychologie, apparence physique, milieu social), les faire cheminer individuellement un certain nombre de chapitres, jusqu'à ce qu'ils se croisent, et tissent ainsi la trame-surprise de l'illusion romanesque plus vraie que la vie vraie. Il faut une certaine habileté à ce jeu-là, où les destins esquissent des figures, comme sur un échiquier. Il faut savoir également brosser un portrait, créer une atmosphère, railler ses contemporains, y montrer une verve convaincante : Nicolas Fargues n'en manque pas, et le lecteur s'ennuie rarement, malgré ce schéma classique. Les Parisiens surtout auront plaisir à retrouver leur univers quotidien dépeint avec une réelle finesse. Saluons aussi cette évocation de la communauté zaïroise, qui vient aérer le caractère un peu élitiste, brillant et parfois facile de ce conte citadin. --Scarbo

Demain si vous le voulez bien

«Pas facile, à 55 ans, de se mettre à la littérature. Surtout par un si beau soleil dehors. Et votre fille qui annonce qu'elle amène une copine italienne pour les vacances. Sans compter les voisins d'en face qui, dès que vous vous décidez enfin à prendre la plume face à l'océan, voudraient vous faire comprendre que, tout ce qu'ils demandent, c'est une vue sur la mer eux aussi.»

Diégo-Suarez, Madagascar. Une baie sur l'Océan indien, du soleil, des vestiges coloniaux, des filles, des ONG. Des Blancs en fin de course dont le monde blanc ne veut plus. Des voyageurs qui débarquent. Le plus visible des buts de ce roman, c'est de bien faire comprendre au lecteur occidental que, considéré depuis tous les « bouts du monde « de la planète, l'Occident, c'est le bout du monde.
Il est aussi l'occasion d'une galerie de portraits étonnante :
Philippe, le délégué général d'une ONG humanitaire, « Ecoute et partage » venu inspecter les activités de l'implantation locale, et qui n'est pas dupe des limites de l'action possible comme de son rôle à lui, car il traîne de sérieux problèmes psychologiques ; Amaury, son assistant qui, lui, n'a rien à faire de Madagascar, seul l'argent l'intéresse, c'est un jeune imbécile infatué de lui-même, mais il va se faire piéger comme les autres par une femme de Diégo ; comme Maurice, par exemple, retraité, venu finir ses jours avec une Malgache plus jeune que lui, Phydélice, et qui va être dépouillé de tous ses biens par sa belle-famille : quand il s'en rendra compte sa fureur le mènera directement en prison ; Mathilde, une jeune femme en vacances venue seule à la découverte du pays, mais bardée tout à la fois de doutes et de certitudes, ça n'est pas incompatible, qui lui font comme un écran et rendent la réalité incompréhensible ; Renan, lycéen scolarisé là-bas parce que son père est le dirigeant local d'« Écoute et partage », adolescent romantique et fragile que sa première histoire d'amour ne laissera pas indemne ; Hervé, son père, qui ne fait plus trop bien la différence entre les fonds de l'ONG et les siens, car lui aussi, comme Amaury, comme Maurice, comme tant d'autres hommes a succombé au charme des femmes de l'île ; et puis d'autres figures plus fugitives, mais pas moins emblématiques d'une situation complexe, inextricable, où se mêlent le sous-développement, la corruption, le tourisme, le sexe : européens échoués là avec l'illusion qu'ils vont se refaire, affairistes, pédophiles et touristes sexuels, corrompus locaux, etc.

Au pays du p'tit

Résumé

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Critiques

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