Sensations de nature - De Courbet à Hartung

Gustave Courbet fait irruption dans le monde de l'art à partir du Salon de 1849, où il est remarqué et même récompensé pour son tableau " Une après-dînée à Ornans ". Cette idylle entre l'artiste et l'administration des beaux-arts sera de courte durée. Son engagement dans la Commune de Paris constituera l'aboutissement de ses idées politiques et sociales. La force et le génie de Courbet résident dans sa modernité, sa propension à renverser les valeurs et les codes qui régissaient le monde de l'art au milieu du XIXe siècle. Pensée sociale forte et concept esthétique nouveau, sont les deux axes qui nous ont guidé pour construire le fil conducteur du parcours muséographique. Ils forment la trame et la singularité de l'oeuvre de Courbet.

Musée Gustave Courbet, Ornans

Une des grandes révolutions esthéthiques depuis le xixe siècle s'applique à la représentation de la Nature. Sortant des codes établis privilégiant une vision idéalisée de la nature ou de sa copie fidèle, les artistes vont choisir une approche plus sensitive et personnelle. Intuitive, subjective, émotive, la "sensation" de nature devient un terrain d'étude plastique de première importance. De Courbet à Penone, cet ouvrage se propose de faire entrer en résonance, par le rapprochement de sensations artistiques individuelles, figuration, abstraction, installation... Bien que trop souvent qualifié de maître du réalisme, Gustave Courbet fut un pionnier dans l'art de faire sentir autrement la nature dans sa peinture. Par l'utilisation de pâte épaisse, voire de substance terreuse, il rend presque physique la matérialité de son sol natal. Inspiré par cet exemple, Cézanne et Pissarro poussent encore plus loin l'expérimentation du rendu sensoriel et ouvrent la voie à la modernité, dont Pierre Bonnard reste une figure marquante. Plus tard, Nicolas de Staël pénètre le réel de la nature jusqu'à le réduire à une ébauche abstraite. Puis, figures incontournables de l'art moderne, Hans Hartung et Anna-Eva Bergman, choisissent l'abstraction comme expression sensorielle. Hans Hartung utilise ainsi d'immenses balais de genêts qui poussent près de son atelier pour produire des oeuvres où la sensation physique est proche du "sublime" romantique. Aujourd'hui, l'italien Giuseppe Penone, dans une démarche très intime, offre au travers de son intuition créatrice, son individualité d'artiste et son universalité d'être humain pour rendre plus étroite la relation de l'homme avec la nature.

Peintre suisse surtout connu pour ses talents de paysagiste et portraitiste, Auguste Baud-Bovy (1848-1899) a été un ami proche de Courbet. Lié aux milieux anarchistes, il fut, pour les réfugiés de la Commune, un soutien très efficace, pour le peintre d'Ornans en particulier. Alors que la Fondation Beyeler de Bâle et le Musée d'art et d'histoire de Genève célébreront à l'automne 2014 une saison Courbet par deux grandes expositions, le Musée Gustave Courbet d'Ornans se joint à eux. Il propose une vision d'ensemble de la vie et de l'oeuvre d'Auguste Baud-Bovy, à travers un parcours d'exposition chronologique et la réalisation d'un catalogue faisant apparaître les traits d'un artiste qui a fait de la nature et du paysage ses inspirations picturales.

Sensations de nature - De Courbet à Hartung

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