Le Nom Du Livre Intitule Marie-Botte Et Pele-Galets

Avant de disparaître, Michel Ohl, le samoyède d'Onesse (Landes), a recueilli ces narcissures de fonds de miroirs, saisissante image négative d'un posthumaniste au coeur aussi vibrant, sous le bronze de l'ironie, que le soleil d'août à l'aplomb du cimetière natal.

La mer dans Poe

Michel Ohl fait la navette entre Gironde et Landes, tramant de ripopée en ripopée l'une des ouvres les mieux équilibrées de la littérature contemporaine. Entre deux verres, ce fanatique du code postal nous a révélé qu'il était en quête d'un accueillant petit bout d'Ain, où écrire un roman d'aventures métaphysiques : CEPHALO-BILL. Et ses yeux vert nausée lançaient des éclairs... Et se hérissait sa barbe de pope hautain...

Entre devins - Ripopée

« Pataphysical baby » sonne comme le titre d'un album de pop music. C'est un mémorial du temps de l'immaturité. Imprégné de littérature comme de l'air qu'on respire, Michel Ohl, d'origine landaise, appartient à la dynastie des Jacques Vaché, Alfred Jarry, Jacques Rigaut, Antonin Artaud. D'une nullité crasse aux jeux de cubes de la tradition, on attend beaucoup de l'originalité de cet écrivain de 26 ans qui signe là son premier livre.

Pataphysical baby

Avant de disparaître, Michel Ohl, le samoyède d'Onesse (Landes), a recueilli ces narcissures de fonds de miroirs, saisissante image négative d'un posthumaniste au cour aussi vibrant, sous le bronze de l'ironie, que le soleil d'août à l'aplomb du cimetière natal.

Baudelaire et Bobet, Mon ami Juppé, Moïxe, Un rêve de trop... trente-trois contes iroquois, trois maîtres mots : "mort", "rire", et "arreboura". La mort en sentinelle sur le seuil se change en m..., le tétanos du risorius dénature le rire. L'univers (saladier de rites burlesques déversé en plein champ de foire) s'évalue à l'étalon du "Je vous salue Marie pleine" (25 m). On y fait sa pelote en ressassant, tel le Scarabée stercoraire d'Andersen, "Je suis fier, c'est ma fierté ! Je suis fier, c'est ma fierté !" tandis que Pig Pang, le Cochon suprême grommelle en sa soue céleste "La mort est mon métier et l'âme est mon mortier !" D'amour, point, hors la nécrophilie de l'auteur creusant la terre natale à la recherche de soi-même : il s'aura, il s'oubliera et moi l'exécuteur testamentaire je m'exécuterai, j'essaierai dans mes gloses de travestir l'infatuation en pathétique enfantillage. Ohl signait quelquefois "Rut-de-Boeuf", octroyons-lui à titre posthume le prix du Boeuf le pauvre. Narcisse Boudigans

Le prix du boeuf - Ripopée posthume, patriotique et familiale

Sous un titre emprunté aux Lettres à soi-même de Paul-Jean Toulet, Michel Ohl a réuni des bribes de livres, de cahiers d'écolier et de registres funèbres. Vétéran du calembour et la méchante plaisanterie, il les a grossies pour faire nombre (414) de petits mots tombés des yeux et des débris de soûliloques.

Pauvre cerveau qu'il faut bercer

Préville, à Orthez, faux castel écossais, vrai Château de Santé Mentale pour dépressions nerveuses, construit à la Belle Epoque. Au fond du parc, le Chalet accueille les plus atteints, dont certains alcooliques avancés. C'est ici qu'un jour de 1964 est transportée en état de coma éthylique Michèle Kessel, née O'Brien, la belle cavale irlandaise épousée vingt-cinq ans plus tôt à Londres par Joseph Kessel. Ravagée par la boisson, elle a quarante-quatre ans. Quant à lui, vieux lion à la crinière blanche épuisé par ce comportement, accablé aussi par l'impuissance d'écrire, il confie sa femme à l'ami psychiatre familier de l'alcoolisme, le Dr Lionel Benichou. Elle a fait plusieurs séjours au Chalet quand y débarque, en 1970, un jeune homme de vingt-trois ans, Michel Ohl, alcoolique impénitent, antipoète pataphysique lardé de calembours, espiègle tragique et farceur, fou de littérature russe, qui signe ses lettres Mikhaïl Ivanovitch et qu'on appelle Michka. L'amitié qui va naître entre ces deux rebelles suicidaires ne se traduira pas seulement par des beuveries clandestines. Michka donnera ses textes à lire à Michèle et Kessel en prendra connaissance. Grâce à lui, Michka, auteur édité en 1974, sera sauvé de la destruction totale. Ecrit à deux, voici un petit livre d'une singulière richesse. Au-delà de la rencontre pathétique et saugrenue des deux Kessel et de Michel Ohl dans le paysage psychiatrique de Préville, le lecteur découvrira, avec un Joseph Kessel romancier russe, la noblesse et la mélancolie du grand homme tel que Georges Walter l'a connu dans la lumière de son crépuscule.

Le Nom Du Livre Intitule Marie-Botte Et Pele-Galets

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