Les Dieux ont soif
Les Sept Femmes de la Barbe-bleue
Publié par Createspace Independent Publishing Platform, le 14 février 2015
96 pages
Résumé
On a émis sur le personnage fameux, vulgairement nommé la Barbe-Bleue, les opinions les plus diverses, les plus étranges et les plus fausses. Il n’en est peut-être pas de moins soutenable que celle qui fait de ce gentilhomme une personnification du soleil. C’est à quoi l’on s’est appliqué il y a une quarantaine d’années dans une certaine école de mythologie comparée. On y enseignait que les sept femmes de la Barbe-Bleue étaient des aurores et ses deux beaux-frères les deux crépuscules du matin et du soir, identiques aux Dioscures qui délivrèrent Hélène ravie par Thésée. A ceux qui seraient tentés de le croire, il faut rappeler qu’un savant bibliothécaire d’Agen, Jean-Baptiste Pérès, démontra, en 1817, d’une façon très spécieuse, que Napoléon n’avait jamais existé et que l’histoire de ce prétendu grand capitaine n’était qu’un mythe solaire. En dépit des jeux d’esprit les plus ingénieux, on ne saurait douter que la Barbe-Bleue et Napoléon n’aient réellement existé. Une hypothèse qui n’est pas mieux fondée consiste à identifier cette Barbe-Bleue avec le maréchal de Rais, qui fut étranglé par justice au dessus des ponts de Nantes, le 26 octobre 1440. Sans rechercher avec M. Salomon Reinach si le maréchal commit tous les crimes pour lesquels il fut condamné ou si ses richesses, convoitées par un prince avide, ne contribuèrent point à sa perte, rien dans sa vie ne ressemble à ce qu’on trouve dans celle de la Barbe-Bleue;c’en est assez pour ne pas les confondre et pour ne pas faire de l’un et de l’autre un seul personnage. Charles Perrault qui, vers 1660, eut le mérite de composer la première biographie de ce seigneur justement remarquable pour avoir épousé sept femmes, en fit un scélérat accompli et le plus parfait modèle de cruauté qu’il y eût au monde. Mais il est permis de douter, sinon de sa bonne foi, du moins de la sûreté de ses informations. Il a pu être prévenu contre son personnage. Ce ne serait pas le premier exemple d’un historien ou d’un poète qui se plaît à assombrir ses peintures. Si nous avons de Titus un portrait qui semble flatté, il parait, au contraire, que Tacite a beaucoup noirci Tibère. Macbeth, que la légende et Shakespeare chargent de crimes, était en réalité un roi juste et sage. Il n’assassina point par trahison le vieux roi Duncan.
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