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La reine au Moyen-Age. Le pouvoir au féminin, XIVe-XVe siècle | Murielle Gaude-Ferragu
La reine au Moyen-Age. Le pouvoir au féminin, XIVe-XVe siècle | Murielle Gaude-Ferragu

La reine au Moyen-Age. Le pouvoir au féminin, XIVe-XVe siècle

Publié par Tallandier, le 20 février 2014

352 pages

Résumé

Extrait de l'introductionEn septembre 2004, l'analyse des restes d'Agnès Sorel par une équipe de vingt-huit chercheurs dirigée par le docteur Philippe Charlier, paléopathologiste, a fait grand bruit. Il s'agissait de savoir si la célèbre maîtresse de Charles VII, décédée prématurément en février 1450, avait été empoisonnée. L'enquête fut menée lors du transfert de sa tombe du château royal de Loches à la collégiale Saint-Ours. À partir de prélèvements effectués sur des cheveux de la défunte, les scientifiques ont retrouvé une énorme quantité de mercure, dont l'absorption avait entraîné une mort rapide. Le geste était probablement accidentel puisque la Dame de Beauté suivait un traitement pharmaceutique à base de sels de mercure contre un parasite intestinal, mais la piste criminelle fut évoquée tant les doses étaient importantes. Dès 1450, des rumeurs d'assassinat avaient aussi parcouru la cour de France ; aucune preuve décisive ne venait les étayer, d'autant que le «crime de poison» était toujours évoqué en cas de mort brutale.Quoi qu'il en soit, le nom d'Agnès Sorel, réputée belle, intelligente, douée d'un réel sens politique, qui influença à diverses reprises le gouvernement de Charles VII, est ancré dans la mémoire nationale. Le célèbre portrait que Jean Fouquet fit d'elle après sa mort exalte aussi son souvenir (volet droit du diptyque de Melun, cf. fig. 1). De manière exceptionnelle, la jeune femme y est peinte sous les traits d'une Vierge couronnée, tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux, coiffée à la dernière mode et le corsage délacé.A la différence de son encombrante rivale, l'épouse de Charles VII, Marie d'Anjou, «reine sans gloire», reste dans l'ombre de l'Histoire. Elle n'est pas la seule. La plupart des souveraines des XIVe et XVe siècles sont tombées dans l'oubli ; à l'exception des historiens, qui connaît aujourd'hui les noms de Clémence de Hongrie, de Jeanne de Bourgogne, de Jeanne d'Évreux, de Jeanne de Bourbon et de Charlotte de Savoie ? Seules deux reines de cette période nourrissent encore la production historique : Isabeau de Bavière et Anne de Bretagne, l'une par le rôle politique qu'elle joua lors de la guerre civile et de la signature du traité de Troyes (1420) - elle devint celle qui avait vendu le royaume de France aux Anglais -, l'autre par son statut mythifié de dernière duchesse de Bretagne, qui, jusqu'au bout, se serait battue pour maintenir l'indépendance de sa principauté.Accentuant encore l'oubli dans lequel ces reines sont tombées, aucun portrait de cour ne les met sur le devant de la scène historique. On est bien loin du superbe cycle iconographique commandé en 1622 par Marie de Médicis à Rubens pour orner son palais du Luxembourg à Paris, où la souveraine fit mettre en scène, pour la postérité, sa majesté triomphante. Il est vrai qu'en France le portrait de chevalet fut longtemps réservé aux seuls monarques (jusqu'au règne de Charles VII), mais, pour le reste du XVe siècle encore, leurs épouses furent rarement représentées. Tout juste possède-t-on dans la collection Gaignières une aquarelle exécutée d'après un portrait perdu de Marie d'Anjou, ainsi que l'attendrissant tableau peint par Jean Hey de la «petite reine», Marguerite d'Autriche (cf. fig. 2), alors fiancée au futur Charles VIII, qui ne devint d'ailleurs jamais reine de France puisqu'elle fut renvoyée de la Cour en 1491 quand le roi voulut épouser Anne, héritière du duché de Bretagne. A contrario, on conserve, pour la même période, plusieurs tableaux de «femmes de pouvoir», tels ceux représentant Anne de Beaujeu, fille de Louis XI et duchesse de Bourbon, ou ceux figurant Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne, épouse du grand duc d'Occident, Philippe le Bon.

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