Les renards cuisent au four

Deux amateurs de Franche-Comté ont uni leurs talents pour entraîner le lecteur dans une promenade sur les rives du Doubs et du Dessoubre et sur le plateau avoisinant, de Saint-Hippolyte à Belleherbe, de Belvoir à Maîche : Marie-Thérèse Boiteux a recherché dans sa mémoire les souvenirs qui ont pour théâtre la région visitée, tandis que Gilbert Boillot s'arrêtait dans les villages ou les bourgs pour en dessiner à la plume les églises, les maisons et les châteaux. De cette connivence il est résulté cet album célébrant la ruralité préservée et les souvenirs historiques d'une région où il fait bon vivre.

Promenade comtoise entre Doubs et Dessoubre

Septembre 1657 Joris, un jeune homme de 26 ans, lettré, commis aux écritures chez Constantin Huygens, un savant érudit hollandais, est fasciné par une princesse venue de Comté qu'il aperçoit souvent dans le palais de son maître dont elle est une grande amie. Le jeune homme mène une existence paisible, faite d'un travail qui lui plaît et d'une admiration sans limite pour celle qu'il appelle "la dame princesse". Mais sa vie se trouve soudain bouleversée par sa rencontre avec Myla, très jeune femme recherchée par la garde et qu'il décide d'aider à se cacher. Commence alors pour les deux jeunes gens une vie errante qui, par hasard, les conduit dans des pays où l'idole de Joris, la princesse comtoise, a également séjourné. C'est ainsi qu'ils arriveront à Belvoir, son village natal. Leur curiosité et leur intérêt pour celle qui n'est autre que Béatrix de Cusance, leur feront découvrir la vie aventureuse, captivante, hors du commun, de cette dame qui, au dix-septième siècle, a osé braver l'autorité du pape et a alimenté la rumeur dans toutes les cours d'Europe par sa volonté d'imposer à tous son amour pour le duc de Lorraine, Charles IV. Un amour partagé, passionné, contrarié, qui a conduit parfois les deux amants à des actes troubles, voire illicites, toujours choquants pour l'opinion publique.

Sur les pas de la dame Princesse

"Comme tous ses autres romans, Amer chocolat est inspiré de faits historiques réels. Automne 1944, la libération approche, mais dans l'est de la France, les conditions de vie sont de plus en plus difficiles, particulièrement pour les enfants : manque de nourriture, d'hygiène, de chauffage et surtout la peur des bombardements. Alertées de cette dramatique situation, la Croix Rouge Helvétique et la Croix Rouge Française parviennent à convaincre la "Kommandantur" d'autoriser une évacuation massive des enfants dans des familles en Suisse. Entre septembre et octobre 1944, ce sont plus de 13 000 enfants, de 5 à 15 ans, originaires de Belfort et de Montbéliard qui sont évacués en Suisse. Cet épisode de la seconde guerre mondiale, dramatique et heureux à la fois, a été vécu par l'auteur. Amer chocolat nous raconte la vie des enfants pendant l'occupation, la séparation de leur famille, l'arrivée et les quelques mois "sucrés et chocolatés" passés en Suisse, au sein de leur famille d'accueil".

Amer chocolat

Juin 1940: les troupes allemandes envahissent une partie de la France. La Franche-Montagne, région comtoise qui s'étend le long de la frontière suisse entre Saint-Hippolyte et Morteau, est particulièrement surveillée par l'ennemi. Elle voit naître, se développer, s'amplifier des échanges clandestins avec la Suisse et un mouvement de résistance. Noémie, Victor, héros de Les Neiges de la Sainte-Catherine et de Les Beignets des foins, leurs enfants et petits-enfants vivent ces moments dramatiques dans le village de Vornans occupé par des douaniers allemands. Leur quotidien se trouve alors bousculé par ces présences indésirables. Cela n'empêche pas Lucie, maintenant sage-femme, de continuer à prendre soin des abeilles qu'un curé de Vornans, en fin de vie, leur a confiées à elle, Félicien et Xavier. " ... avant de les sortir du verger de la cure, j'aimerais que vous respectiez cette vieille coutume de la Franche-Montagne : le deuil des abeilles ", leur avait-il dit avant de mourir... Dans un style alerte, clair, qui mêle rires et larmes, Marie-Thérèse Boiteux, s'appuyant comme à son habitude sur des faits réels, fait revivre dans son roman cette période tragique de l'histoire de France. Une façon pour elle de graver dans nos mémoires le destin de ceux qui n'ont pas hésité à lutter, à mourir, pour que nous soit rendue la liberté.

Le deuil des abeilles

Noémie et Victor vivent à Vornans, village de la Franche-Montagne sur les plateaux comtois. Noémie dirige un petit atelier d'horlogerie avec ses beaux-frères, Victor est paysan-bûcheron. Ils sont parents de cinq enfants et Noémie, en ce milieu d'année 1914, à la veille du traditionnel repas qui clôture la fenaison, projette de marier ses trois aînés à des partis de son choix. Mais cette année-là, on ne dégustera pas les beignets des foins... La déclaration de guerre anéantit tous les rêves. Les hommes, envoyés au front, subissent dans les tranchées les horreurs de la guerre. Les femmes, restées au village, attendent de leurs nouvelles tout en faisant face aux problèmes matériels et à l'angoisse qui les taraude. La guerre apportera des bouleversements considérables dans des vies qui semblaient pourtant toutes tracées...
Marie-Thérèse Boiteux a l'art de mêler la petite histoire à la grande. Dans ce roman, elle reprend les héros des Neiges de la Sainte-Catherine, qu'elle avait abandonnés à l'aube du XXe siècle, et les plonge au coeur de la Grande Guerre. Avec son habituelle puissance d'évocation, soutenue par une langue d'une rare pureté, elle fait revivre, dans un réalisme saisissant, un passé pas si lointain et pourtant à des années-lumière de la France d'aujourd'hui.

Les beignets des foins

Novembre 1892. Les premiers flocons glissent dans la nuit, poudrant de blanc le vert sombre des grands épicéas. La neige de la Sainte-Catherine annonce la froide saison sur la Franche-Montagne. Noémie, la " petite fille du sapin ", vit là, face à la Suisse, auprès de ses vieux parents paysans-horlogers. Elle a vingt ans, elle aime Victor, et rêve au bonheur simple qui l'attend. Pourtant, les silences de sa mère, les emportements de son père, leur réticence à la voir s'éloigner du village, lui font pressentir un douloureux secret... Marie-Thérèse Boiteux, dans cet ouvrage où affleure à chaque page la nostalgie, peint avec talent le tableau d'un monde disparu. Celui de ces paysans de Franche-Comté qui, à l'aube du XXe siècle, partagent leurs activités entre l'agriculture, l'exploitation forestière et le travail à domicile pour l'horlogerie.

Les neiges de la Sainte-Catherine

Août 1964. Nous sommes en Franche-Comté, région chère à l'auteur qui y situe ses romans précédents, dans un petit village des environs de Belfort où les habitants travaillent dans la scierie ou le tissage appartenant à une famille installée là depuis un siècle. Clarisse, 22 ans, étudiante en Histoire, assiste aux obsèques de Linette, sa mère, décédée accidentellement. Clarisse ne se satisfait pas de la thèse de l'accident, conclusion de la gendarmerie. Elle soupçonne autre chose, confusément, sans preuves évidentes et des faits nouveaux viennent étayer ses doutes. La jeune fille décide alors, avec l'aide de ses proches, de fouiller le passé de sa mère. Un passé pourtant transparent aux yeux de tous : Linette se consacrait exclusivement à la direction de sa scierie qu'elle menait avec autorité et compétence et à l'éducation de sa fille. De plus Linette jouissait d'un grand prestige dans toute la région pour ses actions héroïques dans la Résistance au cours de la seconde guerre mondiale. L'enquête menée par Clarisse la mènera de surprise en surprise jusqu'à la découverte d'un "secret" habilement caché par sa mère. Marie-Thérèse Boiteux, dans un style clair, agréable à lire, fait vivre tous ses personnages dans la société villageoise encore frileuse de 1964, avec des retours fréquents dans la période de la seconde guerre mondiale. Dans ce roman, bâti comme un roman policier, se mêlent adroitement, autour de personnages bien campés, les coutumes d'un terroir, des éléments historiques et, naturellement, l'histoire d'un grand amour.

Les renards cuisent au four

Plus de livres de Marie-Thérèse Boiteux

Critiques

Ce livre n'a pas encore de critiques