Du mois d'août 2001 au mois d'août 2010, Henri Lefebvre a disposé dans un tableau les suppressions effectuées lors de la correction d'oeuvres en cours d'écriture - proses (fictions, notes, essais) ou poésie. Le présent ouvrage est constitué d'extraits de ce tableau.
Sont ainsi retenus en un même lieu des ponctuations, des mots, des paragraphes, lambeaux textuels initialement voués à la perte.
Cet amalgame compose une oeuvre de nature imprécise où se maintient, autrement, ce que l'auteur voulait effacer.
Postface de Justine Landau.

Les restes ; prototype

Qu'est-ce que l'art ? : c'est " la plus haute joie que l'homme se donne à lui-même ", nous dit Henri Lefebvre dans Contribution à l'esthétique. Il attribue cette définition à Karl Marx. Cette entourloupe permet à l'ouvrage, écrit en 1949, mais bloqué par la censure stalinienne, de paraître en 1953. Adhérant à la méthode de Marx, Henri Lefebvre apparaît alors comme un philosophe non conformiste à l'intérieur du Parti communiste. On le suspecte de déviationnisme. Comment parvenir à penser l'art dans ce contexte ? Comment dégager des perspectives sur l'œuvre, l'activité créatrice ? Henri Lefebvre critique les définitions existantes. Il relit Platon et Diderot, Kant, Hegel et Marx. Il propose une analyse de l'art comme moment, où l'artiste rassemble tous les éléments d'une époque, en fait une synthèse à la fois au niveau de la forme et du contenu. Dans l'œuvre d'art, apparaissent aussi les possibles, les virtualités de l'époque. L'artiste est limité par l'horizon de son temps. Mais, plus grand que les autres, il voit plus loin, nous dit-il en substance. Il reprendra ces idées dans plusieurs livres ultérieurs. Même si l'ouvrage est très marqué par le contexte dogmatique de l'époque, Contribution à l'esthétique contient des analyses qui débordent les consignes strictes sur le réalisme socialiste. Cinquante ans plus tard, la pensée esthétique s'est diversifiée. On pourrait même dire qu'elle a éclaté. Relire Contribution à l'esthétique n'est donc pas sans intérêt, car c'est un livre très construit qui parvient à dégager des lignes de pensée (développées ultérieurement par le philosophe) qui restent vivantes aujourd'hui.
Cette seconde édition de Contribution à l'esthétique d'Henri Lefebvre s'inscrit dans un mouvement de redécouverte et de réédition du philosophe, à l'occasion du centenaire de sa naissance, et du dixième anniversaire de sa mort. Ainsi, les éditions Anthropos viennent de rééditer : La production de l'espace, Espace et politique, Du rural à l'urbain, L'existentialisme, La fin de l'histoire, Rabelais. Elles préparent quelques autres textes devenus introuvables.
Né en 1901, mort en 1991, Henri LEFEBVRE, métaphilosophe, sociologue, historien, théoricien de la langue et de la littérature, penseur de la ville et critique de la vie quotidienne, auteur de 68 livres, est traduit dans trente langues.

Contribution à l'esthétique précédé de H Lefebvre et l'activité créatrice. - 2ème édition

In brief, laconic evocations, Henri Lefebvre lists a series of works that are either unfinished, lost, forgotten, destroyed, or that were never even made. This inventory of lacks becomes an incantation: if only for an instant, it transmits a presence to these "units" that had previously been lost to the history of human creativity and thought.- A boarder for two years following a national funeral, Mirabeau is removed from the Pantheon and transferred to the cemetery of Clamart when his pornographic novels are discovered - A photograph taken by Hessling on Christmas night, 1943, of a young woman nailed alive to the village gate of Novimgorod; Hessling asks his friend Wolfgang Borchert to develop the film, look at the photograph, and destroy it - The Beautiful Gardener, a picture by Max Ernst, burned by the Nazis -- from "The Missing PiecesThe Missing Pieces" is an incantatory text, a catalog of what has been lost over time and what in some cases never existed. Through a lengthy chain of brief, laconic citations, Henri Lefebvre evokes the history of what is no more and what never was: the artworks, films, screenplays, negatives, poems, symphonies, buildings, letters, concepts, and lives that cannot be seen, heard, read, inhabited, or known about. It is a literary vanitas of sorts, but one that confers an almost mythical quality on the enigmatic creations it recounts -- rather than reminding us of the death that inhabits everything humans create.Lefebvre's list includes Marcel Duchamp's (accdidentally destroyed) film of Man Ray shaving off the Baroness Elsa von Freytag-Loringhoven's pubic hair; the page written by Balzac on his deathbed (lost); "Spinoza's Treatise on the Rainbow" (thrown into a fire); the final seven meters of Kerouac's original typescript for "On the Road" (eaten by a dog); the chalk drawings of Francis Picabia (erased before an audience); and the one moment in Andre Malraux's life in which he exclaimed "I believe, for a minute, I was thinking nothing." "The Missing Pieces" offers a treasure trove of cultural and artistic detail and will entertain even those readers not enamored of the void."

Les unités perdues

Deux études sur le philosophe grec Kostas Axelos (1924-2010).

Le jeu de Kostas Axelos

Lukàcs 1955

Le manifeste différentialiste

Le manifeste différentialiste fut publié pour la première fois en 1970 (Gallimard). Cinquante ans après sa sortie, les éditions Grevis ont trouvé dans ce texte une acuité au présent. Les revendications identitaires et micro-identitaires semblent aujourd'hui freiner les luttes collectives. Mais l'identité, d'après Henri Lefebvre, ne fonctionne pas tant par différence que par distinction. La différence au contraire procède de l'affirmation et du dépassement. Si le retour de Lefebvre dans le champ des théories de l'émancipation arrive enfin en France, bien souvent cet ouvrage majeur est mis de côté. Il propose pourtant une hypothèse stratégique déterminante : la différence est révolutionnaire.

Le territoire français abrite une étrange réserve humaine : l'ethnie mondaine, avatar moderne de l'ancienne aristocratie dont les quelque quatre cent mille ressortissants pérennisent imperturbablement les rites. En indigènes bien nourris et évolués, ils ont appris à accueillir le nouveau en l'intégrant à la logique de la tradition ; ils subissent par ailleurs les assauts migratoires incessants de tous les citoyens en mal d'anoblissement. Jamais leur situation n'a été aussi prospère. Mais il y a plus surprenant : la société-mère républicaine développe parallèlement des phénomènes tout aussi exotiques. Un culte aristocratique officiel, qui naît autour de la fascination pour le patronyme noble, rassemble pieusement les citoyens. A travers les signes publicitaires, la presse du cour, la compétition sportive, la littérature enfantine, les romans-photos, etc., cette religion d'Etat enchante l'environnement national et vulgarise les thèmes de la « classe », de l'honneur, du panache, vécus comme autant de catégories civiques supérieures. Elle donne une « nouvelle qualité » à l'existence. La France noble, institution et mythe, ne transfigure pas la société française : elle l'exprime. Et son analyse dévoile une certaine dimension des rapports sociaux contemporains...

La France noble

Le projet de ce livre ambitieux, mais que Henri Lefebvre a voulu à la portée de tous et de chacun est de décrire le quotidien des Pyrénées, des vrais gens comme disent les publicitaires. La montagne sans l'homme ne l'intéresse pas, ce qui le passionne bien au contraire, c'est le rapport dialectique entre l'homme et son environnement. Quand il parle des Pyrénéens, c'est en allant du particulier au général, en pensant à leurs histoires ; à leurs différences, sans abuser de l'anecdote, et à travers le général, tenter de retrouver l'universel. Vaste travail parfaitement maîtrisé !

Les restes ; prototype

Résumé

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