Histoire du carnaval de Venise - XIe-XXe siècle
Terrorisme, émotions et relations internationales - Mise en perspective des attentats de janvier
Publié par Myriapode, le 01 avril 2015
82 pages
Résumé
Les attentats de janvier 2015 ont provoqué une émotion considérable. En réponse à ces attentats, le Premier ministre Manuel Valls a déclaré la "guerre au terrorisme" et annoncé toute une série de mesures concrètes : intensification des frappes aériennes contre "l'Etat islamique au Levant et en Irak" (Daech), durcissement de la législation interdisant "l'apologie du terrorisme", lancement d'une campagne de prévention de la "radicalisation" à l'école, etc. Ces trois faits - les attaques, l'émotion qu'elles ont suscitées et les réactions de l'appareil d'Etat - constituent un événement qu'il convient de mettre en perspective, tant du point de vue historique que sociologique. C'est ce que cet ouvrage se propose de faire. Il existe deux conceptions possibles du terrorisme. La première, normative, désigne comme "terroristes" les personnes que l'on souhaite diaboliser. Cette définition est dominante dans le champ de la rhétorique politique et dans les médias. Elle ne présente pas de véritable intérêt du point de vue des sciences sociales sauf s'il s'agit de comprendre pourquoi une personne est qualifiée de terroriste et pourquoi une autre ne l'est pas. La seconde, analytique (ou scientifique), désigne un type d'action politique ou militaire consistant à effrayer l'adversaire en faisant violence à des gens sans défense. Cette définition permet de replacer les actes terroristes islamistes de janvier 2015 dans une histoire plus longue, celle d'une violence politique qui n'a cessé d'élargir ses cibles depuis l'attentat à la charrette piégée contre Napoléon en 1800 jusqu'aux attaques perpétrées aujourd'hui par des extrémistes identitaristes (islamistes se réclamant d'Al-Qaïda ou islamophobes comme Breivik en Norvège), sans oublier les bombardements de civils de la Seconde guerre mondiale et les autres formes de terrorisme d'Etat. Partant de ce constat, le livre tente de répondre aux questions suivantes : quelle(s) spécificité(s) les attentats de janvier 2015 présentent-ils ? Pourquoi ont-ils provoqué des réactions aussi importantes sur le plan émotionnel et en termes d'action publique ? Cet ouvrage répond à ces questions en relevant un paradoxe. D'un côté, les attentats de janvier 2015 s'inscrivent dans une tradition politique ancienne consistant à rechercher des effets politiques importants (et jamais atteints) à partir de moyens extrêmement limités. Ce terrorisme "d'en bas" (par opposition au terrorisme d'Etat) est en grande partie occidental dans sa généalogie. Son appropriation récente par des groupes islamistes violents n'a modifié ni ses modes opératoires ni son inscription dans un projet fondamentalement politique. D'un autre côté, les attentats de janvier 2015 ont majoritairement été perçus comme originaux, étrangers aux traditions occidentales et culturellement marqués par les croyances religieuses de leurs auteurs. Nous éclairons ce paradoxe en montrant que des mécanismes de pouvoir puissants médiatisent notre perception du terrorisme et notre réaction à celui-ci.
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