Je n'en reviens pas

« Il se dit : Je suis fou. J'ai quarante-trois ans de plus qu'elle. Je dois cesser sur-le-champ.
  Elle se dit : Je suis folle. Il a au moins trente ans de plus que moi. Je dois me jeter dans les bras de Roman. Je dois me laver en lui des bras de Bélard. Je dois oublier Bélard.
  Il se dit : Je suis comme un boeuf planté des quatre sabots au milieu du carrefour, et que rien, ni les coups de piques des hommes, ni les appels du troupeau, ni les cornes stridentes des vingt tonnes, ne peut faire bouger d'un iota pour sa sauvegarde. Je suis comme un boeuf amoureux, rassemblé tout entier dans sa massive conviction, sans une once de mensonge sur ce qu'il éprouve, sur ce qui l'attend et sur ce qu'il est. » Un geste anodin bouscule la tranquille notoriété de Bélard, un vieux professeur d'université. Il va bouleverser aussi les vies de Loïse et de Pièra, deux de ses étudiantes, aussi passionnées et entières l'une que l'autre et décidées, pour des raisons bien différentes, à le suivre.
  L'écriture de Jean Guerreschi, remarquable de justesse et de précision, mêle le répertoire savant au registre le plus cru. Un roman de la chair dans lequel les mirages, les magies, les puissances souterraines du langage se déploient avec une souveraine intelligence.

Bélard et Loïse

Montee en premiere ligne

Jean Guerreschi est maître de conférence à l'université de Bordeaux III. Il a publié notamment Montée en première ligne (Julliard 1988) et prépare Comme dans un berceau (Julliard 1990). Alain Fleisher est écrivain, plasticien, cinéaste et photographe. Il est l'auteur de Là pour ça (roman, Flammarion) et Grands hommes dans un parc (récits et photographies, éditions Antigone). Son dernier film Rome, Roméo vient de sortir.

Franz Kafka

« Il se dit : Je suis fou. J'ai quarante-trois ans de plus qu'elle. Je dois cesser sur-le-champ. 

Elle se dit : Je suis folle. Il a au moins trente ans de plus que moi. Je dois me jeter dans les bras de Roman. Je dois me laver en lui des bras de Bélard. Je dois oublier Bélard. 

Il se dit : Je suis comme un bouf planté des quatre sabots au milieu du carrefour, et que rien, ni les coups de piques des hommes, ni les appels du troupeau, ni les cornes stridentes des vingt tonnes, ne peut faire bouger d'un iota pour sa sauvegarde. Je suis comme un bouf amoureux, rassemblé tout entier dans sa massive conviction, sans une once de mensonge sur ce qu'il éprouve, sur ce qui l'attend et sur ce qu'il est. » 

Un geste anodin bouscule la tranquille notoriété de Bélard, un vieux professeur d'université. Il va bouleverser aussi les vies de Loïse et de Pièra, deux de ses étudiantes, aussi passionnées et entières l'une que l'autre et décidées, pour des raisons bien différentes, à le suivre. 

L'écriture de Jean Guerreschi, remarquable de justesse et de précision, mêle le répertoire savant au registre le plus cru. Un roman de la chair dans lequel les mirages, les magies, les puissances souterraines du langage se déploient avec une souveraine intelligence.

Jean Guerreschi, cnous livre ici le dernier ouvrage de sa trilogie. Gallimard, observateur, s'en était tenu a deux, Seins (2006), Autres seins (2007). La Bibliothèque est heureuse de publier Autres autres seins, le troisième. Muses bien généreuses, la psyché y trouve ressources, troubles et enchantements... Ramon Gomez de la Serna, un autre audacieux, avait ouvert le feu en 1917 avec Seins. Jean Guerreschi reprend la balle au rebond et par ce nouvel opus mammolâtre, nous entraîne dans une hypnose, ses attraits et ses excès. On croise king-kong, Howard Hugues et le fuselage de ses avions, le Japonais cannibale, la beauté de la fille dans le bus, les stars de Hollywood, des seins trop lourds... Le fantastique, l'hallucinatoire, le fait-divers, le désir, l'histoire, l'hagiographie... On pourrait dire, parodiant Lénine : « Tout est sein. » Jean Guerreschi nous y entraîne. Oh l'humaine condition !

Autres autres seins

Publiés avec le concours de l'ILTAM, les cahiers du CERT-CIRCE ont un objectif pluridisciplinaire : deux numéros seront publiés chaque année : en juin, un numéro dont la responsabilité sera assumée conjointement par le CIRCE et le CERT ; chacun de ces cahiers constitue un ensemble consacré à l'exploration autour d'un thème central, de concepts, de théories et de disciplines aussi différents que psychodrame, psychanalyse, sémiotique, information et communication, institution, linguistique, expression... Chaque cahier de juin sera l'expression du travail accompli sur les lieux de confrontation interdisciplinaire. Il s'agit moins de créer des discours théoriques neufs, que d'offrir - sur des élaborations singulières - des sentes transverses, plurielles, parallèles et contradictoires ; notre ambition est que le lecteur se donne une vision d'ensemble de toutes les extensions possibles du lieu de confrontation retenu. En décembre, un numéro consacré plus spécifiquement aux questions que soulève le théâtre, genre littéraire, mode de communication interpersonnelle et groupale, laboratoire socio-esthétique des pratiques individuelles (création) et collective (public) ; le théâtre, métier d'acteurs et de techniciens (plasticiens, scénographes, acousticiens, éclairagistes...). Il sera le fruit de séminaires ouverts aux chercheurs (étudiants de 3e cycle et de Doctorat d'État) et à tous ceux qui, professionnels, enseignants, public, souhaitent trouver - par-delà la représentation théâtrale ou les textes dramatiques - un lieu de confrontation ouvert et permanent. Prix au numéro : 30 F (Etr. 35 F). Abonnement : 55 F (Etr. 60 F). En préparation : Cahier n°4 (juin 1978) : Psychodrames et psychodramistes. Où ? Quand ? Pourquoi ? Comment ? Cahier n°5 (décembre 1978) : Le café-théâtre (sous la direction de Philippe Rouyer et de Guy Suire).

Je n'en reviens pas

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