«Ce n'est pas le paradis qui est perdu, c'est le temps avec ses révolutions. Nice, dans les années cinquante et soixante, était l'endroit rêvé où rendre un culte intérieur et un peu désespéré à l'île Maurice de mes ancêtres. La réalité semblait ne cesser de s'y transformer, des populations très pauvres, venues de tous les coins de l'Europe et de l'Asie, des Russes, des Italiens, des Grecs, des émigrés africains, et les premiers rapatriés fuyant la guerre d'Algérie, s'y croisaient chaque jour, et quelque chose de la fabrication de la pensée classique, c'est-à-dire de la philosophie, y était encore perceptible. Peut-être, à un degré différent et sur un autre mode, ce qu'était Alger ou Beyrouth à la même époque. L'exil, la recherche d'une terre, font partie de ce qui m'a été donné premièrement. Il m'a toujours semblé, comme l'a dit Flannery O'Connor, qu'un romancier doit être porté à écrire sur les premières années de sa vie, où le principal lui a été donné.» J. M. G. Le Clézio.

Révolutions

Reflet de la cartographie littéraire de Le Clézio, l'exposition  "Le musée monde" propose une rencontre inédite entre des  oeuvres de cultures différentes.
De même que pour Malraux,  pour Le Clézio, il n'y a pas de "hiérarchie en art". Ainsi,  partant de ce postulat, l'exposition réunit un ensemble d'oeuvres aussi diverses que des peintures historiques, des  gravures révolutionnaires, des tableaux haïtiens, des nattes du  Vanuatu, des objets vaudous, des ex-voto mexicains, des  oeuvres à caractère ethnographique venant de différentes  civilisations et des oeuvres contemporaines, transcendant ainsi  les frontières temporelles et géographiques, pour présenter sur  le même plan art et artisanat, art ancien et art vivant, art  populaire et art savant.
Ce "pas de côté" par rapport au  périmètre traditionnel du musée, proposé par l'écrivain, puise  ses origines dans l'histoire des collections du Louvre. 
L'occasion est ainsi donnée d'évoquer le premier Musée  ethnographique et celui des Amériques, qui faisaient partie du  musée de la Marine, et dont les collections appartiennent  désormais au musée du quai Branly. Dirigé par Marie-Laure  Bernadac, le catalogue de l'exposition présente un essai inédit  de J.M.G.
Le Clézio, grand invité du Louvre en novembre  2011 sur le thème : "Les musées sont des mondes", et se fait  l'écho de cette narration insolite, à travers les contributions de  spécialistes et d'historiens de l'art.

Les musées sont des mondes

An exploration of Seoul - its landscape and its storiesby Nobel Prize winner J. M. G. Le ClézioThe French writer and Nobel Literature laureate J. M. G. Le Clézio has harbored a keen interest in Korea that not only prompted him to learn and master the Korean language on his own but also inspired his new novel. Bitna: Under the Sky of Seoul is Le Clézio's portrait of Seoul-its people and its places-rendered with an intimate familiarity and attention to detail that few non-Korean writers, not to mention non-natives of the Seoul, could replicate. It is a story of life in the city as it is being lived today. Five stories tied together in a frame narrative on a single themeA drama about lives and connections that traverse reality and fantasyThe eponymous main character, Bitna, is a nineteen-year-old in her first year at university, and a recent transplant to Seoul from Jeolla-do, where her parents work in the fish market. As it was for Le Clézio, the city is for Bitna an unfamiliar, crowded, and lonely place. By chance, Bitna gets a part-time job telling stories to Salome, a woman with an incurable illness who now spends her days at home, waiting to die. Bitna's stories open up a world of adventure for both Bitna and Salome. Bitna tells Salome five stories in all: the story of Mr. Cho, a retiree who raises pigeons and imagines the home he left behind in North Korea during the war as a baby on his mother's back; the story of the mysterious traveler Kitty and the messages she delivers to bring once-distant neighbors together in community and friendship; the story of Naomi, abandoned as a baby, and Hana, the woman who raises her, and their encounter with life and death; the story of the singer Nabi, who rises to stardom but falls victim to the greed and lies of the people around her; and Bitna's own story, about her life in the city and the fear she comes to experience as a result of a faceless stalker. Each story is layered with diverse themes that have attracted the author's interest over the years, including Korea's traditions, religions, history, and cuisine, as well as intergenerational conflict, inter-Korean issues, and sociopolitical issues. Through these stories, Le Clézio takes the reader on an extensive journey through Seoul, from the back alleys around Sinchon and Hongdae to landmarks like Gyeongbokgung Palace, Cheonggyecheon Stream, Bukhansan Mountain, and the Hangang River. Bitna is in fact a personal account of sorts, interwoven with the writer's own memories of the neighborhoods he has gotten to know, the people he has met along the way, and the stories they have shared with him. At a certain point, the reader will discover that the stories in Bitna are intertwined, and that they resonate in real ways, whether their substance is true or imagined, fact or fiction. They are stories that reflect the intersecting experiences of all who live, like Bitna, under the Seoul sky.

Bitna: Under the Sky of Seoul

«Il avait fait chaud cet été-là en Provence, une chaleur tyrannique, menaçante. Vers juillet, Pervenche est partie. Elle ne s'était même pas présentée au bac, à quoi bon ? Elle n'avait rien fait, elle savait bien qu'elle ne pouvait pas réussir. Toute l'année, elle avait traîné, surtout avec "Red" Laurent, dans les bistros, les boîtes, les fêtes, ou simplement dans la rue. Elle buvait des bières, elle fumait. L'après-midi, elle retrouvait Laurent devant le garage abandonné, au pied de la colline. Laurent soulevait le rideau de tôle, et ils se glissaient à l'intérieur. Ça sentait le cambouis, et une autre odeur plus piquante, comme de la paille, ou de l'herbe qui fermente. Ils faisaient l'amour par terre, sur une couverture.»

Coeur brûle et autres romances

«Ce n'est pas le paradis qui est perdu, c'est le temps avec ses révolutions. Nice, dans les années cinquante et soixante, était l'endroit rêvé où rendre un culte intérieur et un peu désespéré à l'île Maurice de mes ancêtres. La réalité semblait ne cesser de s'y transformer, des populations très pauvres, venues de tous les coins de l'Europe et de l'Asie, des Russes, des Italiens, des Grecs, des émigrés africains, et les premiers rapatriés fuyant la guerre d'Algérie, s'y croisaient chaque jour, et quelque chose de la fabrication de la pensée classique, c'est-à-dire de la philosophie, y était encore perceptible. Peut-être, à un degré différent et sur un autre mode, ce qu'était Alger ou Beyrouth à la même époque.L'exil, la recherche d'une terre, font partie de ce qui m'a été donné premièrement. Il m'a toujours semblé, comme l'a dit Flannery O'Connor, qu'un romancier doit être porté à écrire sur les premières années de sa vie, où le principal lui a été donné.»J. M. G. Le Clézio.

« Personne n'aurait pu dire d'où venait Mondo. Il était arrivé un jour, par hasard, ici dans notre ville, sans qu'on s'en aperçoive, et puis on s'était habitué à lui. C'était un garçon d'une dizaine d'années, avec un visage tout rond et tranquille, et de beaux yeux noirs un peu obliques. Mais c'était surtout ses cheveux qu'on remarquait, des cheveux brun cendré qui changeaient de couleur selon la lumière, et qui paraissaient presque gris à la tombée de la nuit. [...] Quand il arrivait vers vous, il vous regardait bien en face, il souriait, et ses yeux étroits devenaient deux fentes brillantes. C'était sa façon de saluer. Quand il y avait quelqu'un qui lui plaisait, il l'arrêtait et lui demandait tout simplement : "Est-ce que vous voulez m'adopter ?" »

Mondo et autres histoires

"Pour moi, l'écriture est avant tout un moyen d'agir, une manière de diffuser des idées. Le sort que je réserve à mes personnages n'est guère enviable, parce que ce sont des indésirables, et mon objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l'injustice de ce qui leur arrive." 
J.-M.-G. L. C. 
Prix Nobel de Littérature

Avers. Des nouvelles des indésirables

Ce livre évoque des souvenirs de séjours réguliers que Le Clézio a passés dans la ville de Sainte Marine, à l'embouchure du fleuve Odet, dans le Finistère, lors de son enfance entre 1948 et 1954. Bien que l'auteur se défende de respecter une chronologie, le texte poursuit néanmoins l'ordre de la mémoire, allant de l'enfance vers la maturité. Le lieu de Sainte Marine est placé sous le signe de la mère. La Bretagne, et particulièrement le pays bigouden, que Simone Le Clézio aimait par dessus tout, ce pays où elle a reçu la demande en mariage de son père, ou elle a accouché de son frère et où elle est revenue se réfugier trois mois après la naissance de l'auteur à Nice, à cause de la seconde guerre mondiale. Au fil des chapitres, qui sont présentés comme des « chansons », le narrateur fait revivre une époque où Sainte Marine n'avait pas encore été arraisonnée par les boutiques, les carrefours giratoires, ni les bistrots en tout genre... À travers ces « chansons », l'auteur propose un vrai récit sur son enfance en Bretagne, qui s'enrichit également d'une réflexion plus large sur les changements de la géographie bretonne. Malgré son dépit face à ces bouleversements, Le Clézio ne cultive pas le goût de la nostalgie, car pour l'auteur « la nostalgie n'est pas un sentiment honorable ». Son intention est plutôt de rendre compte de la magie ancienne dont il fut le témoin, par les mots empruntés à la langue bretonne et les motifs d'une nature magnifique. Le texte est bercé par une douceur pastorale, qui fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes de nuit à Sainte Marine ou la beauté simple d'un verger en fleur - autant une ode à la campagne éternelle que la réminiscence de souvenirs intimes.

Chanson bretonne suivi de L'enfant et la guerre

«On me reprochera certainement des quantités de choses. D'avoir dormi là, par terre, pendant des jours ; d'avoir sali la maison, dessiné des calmars sur les murs, d'avoir joué au billard. On m'accusera d'avoir coupé des roses dans le jardin, d'avoir bu de la bière en cassant le goulot des bouteilles contre l'appui de la fenêtre : il ne reste presque plus de peinture jaune sur le rebord en bois. J'imagine qu'il va falloir passer sous peu devant un tribunal d'hommes ; je leur laisse ces ordures en guise de testament ; sans orgueil, j'espère qu'on me condamnera à quelque chose, afin que je paye de tout mon corps la faute de vivre...»

Révolutions

Résumé

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