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La cabale de Muses | Gérard Hubert-Richou
La cabale de Muses | Gérard Hubert-Richou

La cabale de Muses

Publié par Pygmalion (12 mars 2011), le 12 mars 2011

390 pages

Résumé

ExtraitFLANC À FLANC, les deux pur-sang galopaient du pied droit à une allure soutenue et régulière, s'exaltaient l'un l'autre afin de se maintenir à la même hauteur. C'était plus une complicité qu'une rivalité. Bien que de robe différente, ils s'appréciaient comme deux frères de la race barbe aux crins drus, longs et abondants. L'un était un alezan rubican avec les balzanes haut chaussées, l'autre un bai cerise aux antérieurs hermines ; couleurs et marques dont ils pouvaient être assez fiers, s'ils s'en rapportaient aux commentaires admiratifs des palefreniers rencontrés au gré des étapes.À plusieurs reprises, ils avaient déjà emprunté cet itinéraire, depuis que Sa Majesté Louis le Quatorzième guerroyait là-haut, dans les Provinces-Unies de la Hollande. Le roi avait décidé, par souci d'efficacité, de jalonner trois ou quatre parcours privilégiés avec les meilleurs destriers de ses écuries, de manière à acheminer ses courriers urgents dans les plus courts délais.Il leur restait environ six lieues à parcourir jusqu'au prochain relais de poste. Même à ce rythme exceptionnel que favorisait la clémence des deux, ils n'arriveraient pas avant la nuit. Pourvu seulement qu'on leur réserve une bonne mangeoire, un seau d'eau fraîche et un bouchonnage attentionné, ainsi qu'ils en avaient l'habitude ! La guerre ne se gagne pas avec une musette de picotin, mais on peut y perdre une bataille : un message retardé, une embuscade non décelée, des renforts qui s'égarent ou qui arrivent trop tard...Dans une large courbe, Sapeur, l'alezan, calé à la corde, prit une demi-longueur d'avance. Il raccourcit son temps de suspension de façon à harmoniser leurs violons pour leur satisfaction propre et le bien-être de leurs cavaliers.Au franchissement d'un pont de bois sonore, ils changèrent de pied et relancèrent un galop à gauche. Leurs souffles conjugués, rauques et francs, évoquaient l'ahan d'une forge.Le mouvement de balancier tête-encolure qu'accompagnaient les hommes, les poings appliqués sur le garrot, l'engagement des postérieurs, l'impulsion tonique étaient synchronisés.Le plus court chemin entre deux points étant la qualité de la route (chaussée, intempéries, sécurité), leur instinct leur disait qu'en ce début de juillet 1673, ils réaliseraient une de leurs meilleures performances, qu'on serait satisfait de leur loyauté et qu'ils en seraient récompensés. Le soir, quelques poignées d'avoine, un trognon de chou ou une pomme craquante agrémentaient en général la ration ordinaire. Ce sur quoi lorgnaient leurs malheureux compagnons d'écurie, asservis à des tâches moins honorifiques.Sentant son cavalier se raidir, l'étalon bai revint au pied droit qu'il privilégiait aussi, signifiant la manoeuvre à son alter ego par un court bronchement.Biographie de l'auteurGérard Hubert-Richou est l'auteur de très nombreux ouvrages pour la jeunesse. Egalement poète et homme de théâtre, il a publié chez Pygmalion Le Chirurgien du roi, Le Fameux Coup de Jarnac, Cortège royal, Le Pont des larmes, À l'enseigne du Grand-Coq, Complots à la Corderie royale, La Duchesse amazone.

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