Chantefables
Le fleuve caché : poésies 1938-1961
Publié par Gallimard, le 29 mars 1968
256 pages
Résumé
«À la capture, au rapt, à la fascination ou à l'affirmation qui caractérisent le rapport du poème au lecteur pour l'oeuvre d'autres poètes qui sont ses pairs, Jean Tardieu substitue l'aveu, la retenue, le signe dont la discrétion ne fait que rendre plus éperdu l'appel si l'on sait enfin percevoir celui-ci. L'oeuvre de Tardieu s'impose donc en lenteur, en douceur, par toutes les nuances merveilleusement sensibles, émouvantes et savantes, fraîches et raffinées, qui fondent l'originalité de cette poésie tour à tour confiante et tragique, tendre et solennelle, subtile et cocasse. Elle semble l'aboutissement d'une parfaite civilisation du langage plutôt qu'une réponse obsessionnelle à une obsédante question. Ce n'est point qu'on n'entende pas et qu'on ne réponde pas souvent dans les poèmes de Jean Tardieu. Tout au contraire. Mais le ton des questions et des réponses varie si leur message demeure le même. Autrement dit, la voix est faite ici des possibilités mêmes de ses métamorphoses. Analogues aux transpositions qu'un musicien fait subir à ses thèmes, ou aux modulations qu'un peintre confère à ses couleurs, les études de voix permettent à Jean Tardieu, dans ses poèmes comme dans ses pièces, de dépersonnaliser, par pudeur, par courage, par peur aussi - et dans ce cas pour tenter de conjurer Ie sort - une angoisse et une joie qui lui sont, comme à nous tous, consubtantielles. Tantôt il semble que ce soit la sérénité légère d'un jeu qui mène le poète à suivre puis à quitter telle ou telle pente de sa voix ; tantôt l'on croit déceler une fondamentale incertitude sur soi-même et le monde dans cette vocation de la variation. Au vrai, cette attention passionnée à l'espace de la musique, au chant de la peinture, est façon indirecte mais essentielle d'atteindre la poésie, comme si le plus court chemin du poète au poème était non pas la ligne droite, mais la courbe qui passe par les autres langages sacrés, par la gamme sonore ou lumineuse, par le dialogue dramatique, et au terme de cette courbe le poète se retrouve tel qu'en poème enfin une langue inconnue l'a changé.» Georges-Emmanuel Clancier.
Plus de livres de Jean Tardieu
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Farouche à quatre feuilles
L'accent grave et l'accent aigu : poèmes 1976-1983
Theatre - iv - la cite sans sommeil et autres pieces
Le Tardieu
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