La maison sans miroir

À 39 ans, Véronique Cyr se retrouve alitée à la clinique de grossesse à risque élevé de l'hôpital Sainte-Justine. L'autrice se voit brusquement transformée en mère, habitat d'une créature en danger. Elle qui n'a toujours écrit que de la poésie, elle ne parvient d'abord qu'à prendre des notes, et c'est à même son journal d'hospitalisation qu'elle compose les poèmes d'un projet qui a pour titre « La jeune fille des négatifs ».

Dans ces textes griffonnés entre deux alertes, une scène survenue il y a vingt ans cherche à émerger. Nue sous la lumière crue, une jeune fille pose devant un photographe ; qu'est-ce qui l'oppresse ainsi, est-ce le désir de l'autre, qui s'impose sournoisement ? À cette scène fondatrice se greffe une ronde de souvenirs d'horreurs subies et vues, où se dévoilent diverses facettes de la violence faite aux corps et aux voix des femmes.

La césarienne d'urgence accomplie, mère et enfant ayant survécu, l'écriture se délie peu à peu. Les vers et les notes se transmuent en prose, la prose devient lettre. La jeune fille des négatifs est l'aventure de deux naissances : celle d'un bébé prématuré et celle d'une voix obstinée, courageuse et forte.

La jeune fille des négatifs

« L’idée d’un fil à travers les continentsjointure des villes chute des fuseauxfaire la morte sous le soleilfaire l’enfant livide pour l’artça commence en toi avec les souchesquand l’eau est une maladie. »

La vie liquide

Installation du feu

Force de traînée

La forêt d’indices est un territoire d’obsessions et d’éclaircies. Il suffit d’un parfum, d’une piste oubliée; on entre, on marche, on court. Les yeux fermés, on respire à l’arraché, les pétales de lilas voltigent avant de se déposer un à un sur la langue.Au son de chansons de Nirvana qui résonnent dans une cour d’école vide depuis longtemps, Véronique Cyr «recompose aveuglément / le mystère avalé à seize ans». Sans trahir l’urgence du premier amour, elle déplie indices et souvenirs avec le calme de celle qui a traversé la tempête.

Forêt d'indices

Deuxième volume soulignant les 60 ans de la revue, ce numéro contient 20 nouveaux duos d'écrivains qui ont accepté de se « passer la parole » entre auteurs jeunes et moins jeunes. D'Anne Hébert et Marie-Claire Blais à Carole David et Jocelyne Saucier, d'Alain Grandbois ou Jacques Brault à Paul Chanel Malenfant et Serge Patrice Thibodeau, de Jean LeMoyne ou Pierre Vadeboncoeur à Georges Leroux et Sophie Cadieux ou Sébastien Ricard et André Ricard, etc. ces écrivains et artistes participent d'une course de relai ayant l'allure d'une promenade, célébrant l'imagination encore, embrassant ce qui vient autant sinon plus que la mémoire déjà. Des oeuvres picturales vives, colorées, inventives et expressives de Martin Bureau et d'Hugo Bergeron accompagnent ce numéro, deux artistes liés par des préoccupations similaires pour l'aménagement formel et thématique des territoires imaginaires.

La maison sans miroir

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