La Peinture romantique

Les labyrinthes du temps - Rencontres et choix d'un Européen

Château de conte de fées resongé par une enfant ou château "réel" dépendant de cette réalité hors de notre atteinte, de l'autre côté des forêts, des montagnes ou des barrières que la raison met à la fantaisie ? Château des sommeils ou des rêves éveillés d'Ilse, du conteur ? Château des souvenirs ou des hautes aspirations ? Le château d'Ilse est tout cela en même temps, et autre chose aussi. Le maître de l'imaginaire qu'est Marcel Brion associe la mémoire et les rêves, l'inventé et le vécu dans le séduisant tissu de couleurs et de formes qu'est ce roman. Qu'en est-il de son personnage ou de lui-même dans l'aventure de celle, ou de celui, qui cherche, sans lassitude, sans découragement, un château désiré ou un château perdu, dans l'entrelacs des chemins décevants, de la mémoire errante ? Rarement autant que dans ce roman récent, le talent de Marcel Brion a réuni, d'une manière aussi convaincante, le merveilleux et le concret et tiré de leur accord un enchantement auquel le lecteur consent avec un délicieux mélange en lui de désir, de doute et de nostalgie. Le don de convoquer et de rendre évidentes les plus étranges imaginations, le plaisir qu'a, plus que quiconque, Marcel Brion à être en quête de l'invisible et de l'irréel, ce goût de plus en plus vif qu'il a de l'ailleurs, font de son tout nouveau roman, comme de ses précédents récits, un chef-d'oeuvre.

Le Château de la princesse Ilse

Suite fantastique

Un village au nom bizarre, la Tour des Âmes, quelque part en Vénétie, dont les habitants - les vivants et les morts... mais pas ensemble - célèbrent chaque année, le 2 novembre, une sorte de carnaval funèbre.
Sur un canal glisse un bateau - le vieux burchiello vénitien - vers le village. Pas d´équipage, dans le bateau. Les passagers ? Des personnages qui ne sont plus, comme on dit, de ce monde. Au hasard de la date (de la fête... de leur mort... ?), les réunit la visite à la cérémonie nocturne dans l´église de la Tour des Âmes. Sous la direction du nautonier, pas « de ce monde » lui non plus, que Marcel Brion nous a fait connaître déjà dans L´Ombre d´un Arbre mort : le gentilhomme italien Ermete dei Marmi, l´Hermès d´autrefois, le conducteur des âmes.
Les destinées étranges et dramatiques des passagers viennent au jour, au hasard des détours du canal, des haltes en cours de journée, des rencontres. Un couple incestueux qui atteint la béatitude dans la mort. Une comédienne habitée par les âmes des personnages qu´elle joue et qu´un démon officieux fait sortir des Enfers pour un soir. Le phénix Don Juan, renaissant de ses cendres - sous un autre nom... - pour incarner, immortellement, l´éternel, l´inapaisable désir. D´autres encore.
Et, la nuit venue, la Messe des Morts, chantée par les morts, dans l´église de la Tour des Âmes, dont le brasier au sommet du campanile, attire les foules indénombrables de grands oiseaux noirs. Et le Maestro Bastianelli conduit de nouveau le Requiem qu´il conduisit ici pour la dernière fois, il y a deux cents ans.
La Fête de la Tour des Âmes ! Un livre indescriptible, teinté d´humour macabre. Un récit envoûtant, inoubliable.

La fête de la tour des âmes

Les Ailleurs du temps... C'est l que se retrouveront ceux qui s'aimaient et que la vie a spars : OBrien et Maureen gars par le brouillard, Lady Belle et Mervyn dont l'union ne pourra tre clbre que dans un espace autre, les amants du parc de Baden-Baden ou des Tubreuses qui ne savent ici-bas que s'entre-dchirer. C'est l qu'attendent leur dlivrance les invits de LHorloge et de la Rception dans un jardin. C'est aussi Kitge, la ville-mirage entrevue par le plerin russe. C'est enfin la terre des dsirs du coeur que l'enfant des Leons d'abme cherche aux Antipodes et laquelle il n'accdera, aprs bien des tapes, que lorsqu'il aura compris, comme Novalis, que le chemin vritable conduit toujours vers l'intrieur . Ces admirables rcits s'chelonnent sur toute la cration littraire de Marcel Brion de 1937 1984, anne de sa mort. Ce sont peut-tre les pages les plus parfaites de ce grand admirateur du Romantisme allemand, qui fut aussi l'auteur de quelques-unes des plus belles nouvelles de notre temps.

Les Ailleurs du temps - Quatorze nouvelles

J'ai connu Dominique Valat. J'ai suivi, avec compassion et admiration, au long des années, la lutte que le jeune garçon a menée contre le mal qui, lentement et cruellement, l'a détruit. J'ai retrouvé, dans le livre que Mme Marie-Christine Brocherieux consacre à la mémoire de son frère, l'image exacte d'un être épris de la vie et impatient de vivre le combat déchirant et sans issue autre que fatale, d'un enfant, puis d'un adolescent animé d'une énergie extraordinaire qui, à aucun moment, n'a voulu se résigner à abandonner la lutte. Écrit avec une sobre et poignante émotion, que doivent partager tous ceux qui le lisent, ce livre est un juste hommage au frère dont la brève vie et la dure mort sont également exemplaires.

Faim de lumière

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

La musique et l'amour

Dans un premier volume, Marcel Brion avait montré et démontré les relations et les influences des thèmes initiatiques, dans les mythologies anciennes et dans les romans du Moyen Âge, sur le romantisme allemand. Ainsi à travers le temps et l'espace était tracée, sous un regard d'analyste à la fois brillant et profond, une poétique de l'inconscient collectif et de l'ésotérisme universel qui venait trouver une de ses révélations les plus puissantes au sein du voyage initiatique dans la littérature romantique allemande. Ainsi Tieck, Goethe, Moritz, Eichendorff, Novalis, Hesse étaient-ils liés par une complicité thématique - le voyage initiatique - qui surgissait sous une poussée de l'esprit après plusieurs siècles d'absence, ou qui était restée informulée depuis longtemps. Cette poussée était en partie l'oeuvre du « Sturm und Drang » qui, à travers ce second volume, n'apparaît plus comme une école littéraire provisoire, mais comme une pulsion permanente de l'âme allemande qui trouve sa résolution la plus ferme aussi bien chez des écrivains du XVIIIe siècle comme Moritz, que chez un écrivain du XXe siècle comme Thomas Mann, et qu'illustrent pendant tout le XIXe siècle Moricke, Keller, Hoffmann, von Hoffmannsthal, pour ne citer que quelques noms. Le voyage initiatique devient alors un voyage de l'imaginaire autobiographique, qui reflète les drames et les aspirations des romantiques allemands et tente de trouver, par le truchement de la transposition romanesque, une issue nouvelle sur des régions inexplorées du fantastique et du mythe. Ce voyage initiatique à l'intérieur de chacun des écrivains allemands se fait dans un climat de nostalgie ineffable, d'extase lucide, de musique douloureuse et pourtant salutaire. Dans ce second volume, Marcel Brion, porté par les élans d'une culture aussi étendue que précise, donne à juste titre au romantisme allemand, touché au coeur par le thème du voyage initiatique, une situation privilégiée au centre de la littérature européenne, et il nous montre quel ascendant et quelle fascination ce romantisme allemand exerce sur notre XXe siècle, qui n'a pas fini d'en épuiser toutes les richesses.

La Peinture romantique

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