Lecture accompagnée par Catherine Volpilhac-Auger

Lettres persanes : Choix de lettres

Textes de Montesquieu entre 1716 et 1755, recueillis et présentés par Bernard Grasset.

Cahiers - 1716-1755

Les Lettres persanes ont apporté la gloire à Montesquieu pour avoir, par le regard d'Orientaux, dénoncé les errements de la société de son temps et mis en lumière les contradictions des hommes, constamment déchirés entre passion et raison. A la fois grave et très spirituel, un roman épistolaire d'une lumineuse intelligence.

Lettres persanes

Prétendre que Montesquieu fut poète tiendrait de la plus parfaite gageure. Non seulement on ne pourrait présenter pour preuve qu'un recueil bien mince de ses oeuvres en vers, mais on sait aussi qu'il tenait en piètre estime les poètes eux-mêmes. Il s'est cependant exercé à la versification comme tout jeune homme au collège. Faut-il croire Voltaire lorsqu'il écrit dans une lettre à Saurin de 1768 : « Montesquieu, dans ses Lettres persanes, se tue à rabaisser les poètes. Il voulait renverser un trône où il sentait qu'il ne pouvait pas s'asseoir » ? Cette condamnation de la poésie ne serait que la vengeance d'un talent médiocre en la matière... Mais Montesquieu n'a jamais montré en la matière la moindre ambition, ni même le moindre goût affirmé.

Poésies

En 1721 paraît anonymement un petit volume de lettres fictives, dans lequel des Persans visitant la France du début du XVIIIe siècle font part à leurs proches de leurs observations critiques.
Montesquieu, qui en est l'auteur, vient de créer le premier roman épistolaire à plusieurs voix. En donnant la parole à des Orientaux, il place les lecteurs d'Occident en position de spectateurs de leur propre société et leur permet ainsi de mieux en mesurer l'étrangeté.

Il grande ideale liberale di Montesquieu è una vita umana ricca, multiforme, sfaccettata, complessa, in cui il potere politico e l'ordine giudiziario mettano i cittadini al riparo da qualunque prevaricazione.

Pensées, Le Spicilège

Montesquieu Lettres persanes Un grand seigneur persan, curieux des moeurs occidentales, séjourne longuement à Paris vers la fin du règne de Louis XIV et dans les années de la Régence. Comme au sortir d'un long hiver, une nation tout entière s'éveille alors à la critique et, sous le regard étonné de son hôte, ses institutions et ses moeurs, ses coutumes et ses croyances vont révéler leurs fondements comme leurs folies - car un pays dont le souverain peut choisir « un ministre de dix-huit ans et une maîtresse de quatre-vingts, où sévissent impunément les séides d'un pape magicien » n'est-il pas, au plus haut point, le royaume de l'anti-nature oe Par la voix de son Persan, Montesquieu crible de traits une société qui se délite avec éclat. Mais que l'on se rassure : la gravité, ici, n'est pas de mise. « Il y avait alors une quantité d'hommes, vifs et sensuels, dont l'intelligence agitait l'Europe et tourmentait énormément toutes choses, divines et autres, on avait des manières, même dans la rue. Les marchands savaient former une phrase, jusqu'aux traitants, aux filles, aux espions et aux mouches qui s'exprimaient comme personne aujourd'hui. Le fisc exigeait avec grâce », nous assure Paul Valéry.
Si cet art de vivre et de parler s'est perdu, le génie de Montesquieu nous en conserve heureusement l'inaltérable témoignage dans ce roman épistolaire qui, par sa foisonnante diversité, est sans doute le chef-d'oeuvre de la renaissance baroque.

Introduction, commentaires et notes de Paolo Carile.

ces textes relèvent de l'activité de Montesquieu membre de l'académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. Lorsque l'Académie voulut, au début des années 1780, publier un recueil de mémoires et sélectionna en particulier ceux de Montesquieu, son secrétaire, Lamontaigne, écrivit en tête d'un volume (828/iii) cette note où se mêlent restriction et vénération : « Quoique plusieurs de ces pièces puissent ne point paraître d'une certaine importance, le seul nom de cet homme immortel semble devoir y attacher une sorte de respect. On ne peut d'ailleurs s'empêcher d'y reconnaître assez généralement cette touche originale, cette vivacité de style dont tous ses ouvrages portent l'empreinte. » Les discours de Montesquieu sont empreints d'une noblesse ingénieuse, ils cultivent l'art de l'allusion et de la citation recherchées, puisées dans la culture antique, même si la plupart d'entre eux sont de simples rapports ; Montesquieu y prouve des connaissances assez poussées surtout en anatomie et en médecine. Le langage et la pensée sont dominés par le modèle cartésien ou postcartésien.

Lettres persanes : Choix de lettres

Résumé

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