Sainte-victoire

Le bassin minier de Provence, à Gardanne, près de Marseille, a arrêté son activité en 2003. Cette exploitation a modelé, depuis plusieurs siècles, le territoire qui s'étend du massif de l'Étoile aux vallées de l'Arc et de l'Huveaune, jusqu'à la mer. La Sainte-Victoire, au loin, se dresse au-dessus des sillons miniers. C'est de là que la photographe Fabienne Barre a découvert ce territoire, hautement marqué par l'homme et ses utopies de conquête : " Les cheminées et tours de la centrale thermique et leurs nuages de vapeur sont les formes émergentes de ce territoire. Les terrils et chevalements, selon la période de leur abandon ou de leur fermeture, s'incrustent dans le paysage comme des fossiles, au-dessus des puits et des galeries, invisibles mais symboliques de la réalité minière. Le pays entier repose sur un labyrinthe de voies souterraines plus ou moins ennoyées. L'ère industrielle a ici rongé la terre, matière première, dans ses filons de lignite et ses circuits d'exhaure, de même qu'en surface, le long des ruelles étroites des cités des mineurs ou des groupes de maisons à jardinets, jusqu'au Massif de l'Étoile que traversent, en un flux aérien, les lignes à haute tension, et en profondeur, les flux d'eaux de la Galerie de la mer. " (EB.) À partir de ce constat elle a demandé à Jacques Leenhardt, sociologue et spécialiste des mutations paysagères, de suivre l'avancée de son travail photographique qui s'inscrit dans cet espace et juxtapose les strates de cette histoire, géologique, industrielle, sociale, à la fois noire et polychrome, et d'écrire le texte d'ouverture de ce livre qui réunit les sites et les figures de cette aventure industrielle et humaine. L'ensemble des autres textes de cet ouvrage (Gilbert Beaugé, Xavier Daumalin, Prosper Wanner et Christine Breton) contribuent à la fois à la connaissance de l'approche photographique singulière de ce territoire et à celle de son histoire.

Le fond et la surface - Photographies du bassin minier de Provence

La rencontre entre un texte et une série d'images est le plus souvent impossible : soit un "monologue" d'images sur un texte préexistant ou à l'inverse un écrit dont le prétexte est l'image elle-même. Dans cet ouvrage, il s'agit d'une série d'échanges qui ont eu lieu entre les mots du poète et les images de la photographe autour de "l'image de l'objet et du mot de l'image". Il a fallu trouver ce passage par où transite à la fois réel et imaginaire sans distinction, d'où des allers et venues entre le texte de Jean-Marie Gleize et les photographies de Fabienne Barre afin que le dialogue ait lieu. On peut dire qu'aucun n'a précédé l'autre. Le choix du paysage comme objet n'était pas le plus simple et en particulier le choix d'un paysage éventuel, un paysage qui se veut absolu comme se veut le mot du poète. Cet échange a abouti à ce seul passage, par où, toujours, quelque chose continue.

Sainte-victoire

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