Aimer sans bagages
Aimer sans bagages
Publié par Seuil, le 06 avril 2006
211 pages
Résumé
La narratrice, qui sort d'un deuil éprouvant (la mort de son compagnon avec lequel elle a vécu vingt ans - il s'agit de Maurice Rheims auquel elle a consacré deux livres (Les Chapeaux de roues et Désormais Venise) rencontre un homme de son âge (la cinquantaine) : Alexandre. Peut-elle se libérer de son passé, peut-il changer de vie ? Elle souhaite la vie commune, elle aspire à la relation fusionnelle, elle est possessive, jalouse, envahissante. Elle en est consciente et constate que son comportement crée chez son amant, lui-même passionné et vif, des réactions de réticence et de fuite, moins pour sa personne que pour ses agissements. Il finit par s'éloigner d'elle. Elle ne tarde pas à en comprendre la cause : une autre femme, plus jeune. Ce qui aurait pu être une banale rupture amoureuse après une brève liaison, devient l'occasion d'une réflexion profonde sur l'illusion amoureuse, sur l'idéal, sur le réalisme dans la vie et en littérature. Car Dominique Muller est un écrivain et qu'elle a une nature lucide, ironique, authentique. Elle va loin dans l'introspection, dans l'auto-analyse, dans la sincérité. Elle se regarde aimer de façon possessive, elle se regarde s'autodétruire. Elle s'interroge sur la mécanique passionnelle, sur le désir, sur le vieillissement, sur la légèreté. Jalouse, oui, elle souffre d'être délaissée, mais elle tente de comprendre la forme que pourrait prendre cette relation, non qu'elle accepte un ménage à trois, mais elle accepte les incertitudes de son amant. Ils partent ensemble en Turquie (c'est un des plus beaux passages du livre) : parenthèse poétique où ils recréent leur amour et Dominique réfléchit à sa capacité de sublimation et d'abstraction. Ils partent ensemble en Corse, dans la maison de Maurice Rheims, où Dominique prend le risque de souffrir doublement (du deuil et du sentiment d'abandon par son amamnt actuel) : en effet, elle souffre atrocement. Mais elle est bien décidée à vivre, à aimer, à se comprendre et à comprendre entièrement l'homme qu'elle aime, jusque dans ses faiblesses. Elle décide aussi de traquer en elle-même la femme petite, mesquine, banale. Et c'est là que se trouve la plus belle qualité de ce livre intime : à aucun prix, il ne faut tomber dans le mélodrame, dans l'autoapitoiement, quelle que soit la souffrance de la déception.
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