La main de César

Bernard-François Balssa nous semble avoir un nom prémonitoire. Baissa en langue d'oc signifie : rocher élevé. En effet, issu d'une famille de paysans enracinée depuis des siècles dans l'Albigeois, Bernard-François, à peine adolescent, a pris son élan d'un de ces rochers élevés de son Tarn natal, pour se lancer à la conquête de la réussite. Il l'acquiert de haute lutte. Il se révèle un véritable démocrate, épris de liberté, d'ordre social et moral. Il s'appelle désormais Bernard-François Balzac. Honoré est le digne fils de son père. Tout autant ambitieux, tout autant déterminé à réussir, mais par la gloire littéraire, il va enfanter, dans les pires souffrances, le plus grand monument de la littérature romanesque du monde : « La comédie humaine », avec ses 91 romans et ses 2.472 personnages. Pour l'éternité, il se nomme Honoré de Balzac.

De Balssa à Balzac, ou le génie créateur du Tarn à Passy - 1842-1992, cent cinquantième anniversaire de la Comédie humaine

André Roussin, de l'Académie française, est un auteur dramatique qui figure désormais parmi les grands classiques du théâtre contemporain.
Il a co-dirigé pendant plusieurs années, avec Louis Ducreux, la compagnie du Rideau Gris à Marseille, qui prolongeait en province l'effort parisien du Cartel Jouvet, Pitoëff, Dullin et Baty. Il fut aussi l'interprète des principaux rôles des cinquante spectacles mis en scène au cours de cette période. En 1941, il monte sa première pièce, avec Micheline Presle, Am Stram Gram et, peu après c'est La Petite Hutte qui lui apporte la notoriété.
Traduite dans toutes les langues, jouée dans le monde entier, elle est le premier pas vers un succès qui ne se démentira jamais.
Bientôt à la Michodière, triomphent Pierre Fresnay dans les oeufs de l'Autruche, puis François Périer dans Bobosse, tandis qu'Elvire Popesco interprète brillamment Nina aux Bouffes Parisiens. Presque tous les théâtres de la capitale ont vu, de 1944 à 1986, la création d'une pièce d'André Roussin servie par une prestigieuse distribution.
Son oeuvre a été couronnée par le prix Edmond Rostand et le prix Beaumarchais de la société des auteurs et compositeurs dramatiques.
Voici réunies douze comédies en un acte, la plupart introuvables aujourd'hui, et La petite chatte est morte, sa dernière pièce inédite. André Roussin nous offre là treize petits chefs-d'oeuvre d'humour, treize clins d'oeil du poète à l'imperfection de la gente humaine, treize tableaux peints au couteau en touches mordantes et colorées.

Treize comédies en un acte

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

Un contentement raisonnable...

André Roussin appartient à une de ces vieilles et nombreuses familles qui dans les grandes villes de province constituent de véritables tribus. Après cinquante années, c'est sur sa propre tribu familiale et sur les lieux de ses enfances marseillaises ou aixoises qu'il se retourne avec un regard tantôt moqueur, tantôt attendri. « O Goethe, laisse-moi retrouver la boîte à couleurs de mon enfance », écrivait Bettina Brentano à son illustre correspondant. André Roussin retrouve la sienne, et c'est l'itinéraire à la fois émouvant et drôle d'une enfance heureuse, dans un foisonnement d'oncles, de tantes et cousins évoqués avec toute la verve comique de celui qui devint l'auteur de La Sainte Famille, Lorsque l'enfant paraît et Les OEufs de l'autruche.

Ce livre pourrait s'appeler « L'enfance d'un auteur comique ». Outre la fraîcheur et la poésie, propres au Midi, qui émanent de certaines pages, le lecteur s'apercevra sans doute que certains milieux semblent faits pour susciter des vocations. C'est peut-être grâce aux personnages qui ont peuplé son enfance qu'André Roussin est un homme de théâtre - et de théâtre comique.

La boîte à couleurs

Au XVIIe siècle, Pierre-Jean Vaillard aurait pu être l'amuseur officiel du roi. Élégant, discret, enrobant ses malices dans un gracieux écheveau de vers libres, détaché dans sa façon de laisser tomber chacun d'eux, il eût su flatter le roi d'une rime inattendue et le faire rire sous cape d'un trait décoché en demi-teinte à quelque courtisan. Aujourd'hui, l'homme d'esprit n'a plus pour roi Louis XIV, mais le public. Celui-ci n'a pas les mêmes raisons de rire discrètement. Le public a ses idoles, mais sitôt que surgit le frondeur qui les déboulonne, ce même public applaudit avec fracas. Paris a le goût du massacre. Il aime porter aux nues, pour mieux savourer la chute de ses héros ou simplement leur... « mise en boîte ». Pierre-Jean Vaillard est passé maître dans l'art de moquer. Il a pris les rythmes de La Fontaine, la nonchalance un peu hautaine de Guitry, et il doit sans doute à un accent provincial de corriger cette diction qui frise le ton précieux. Il ne baratine pas, il rabutine. Il a pris les échanges du Grand Siècle et, de sa hauteur, il laisse choir indolemment ses hémistiches pervers. Et l'on pourrait - à sa façon - dire comme ce grand garçon vous assassine en quatre mots Gilbert Bécaud, ou Constantine... En fait, il joue. Il n'est féroce qu'avec ceux qu'il tutoie. Je suis sûr qu'aucun ne lui garde rancune des flèches dont il l'a lardé. C'est la grâce de ceux qui peuvent tout dire : on admire leur justesse et leur drôlerie, alors même qu'on est leur victime. Privilège des chansonniers de grand talent. Pour ma part, je n'ai eu qu'à sourire - et parfois de confusion - c'était le jeu que Pierre-Jean Vaillard avait décidé de jouer avec moi : il me jetait des roses sans épines. J'avais la chance de n'être pas de ses amis. Mais, aujourd'hui, que je le suis devenu ?...

Je vous salue, Mesdames !

De Beaumarchais et du Barbier de Séville à lui-même et à ses propres oeuvres, André Roussin, réunissant ici ses conférences sur le théâtre, analyse, commente, dissèque ce qu'est, selon lui, l'essence du théâtre, ce théâtre où l'on va, dit-il, « non pas pour se distraire, mais pour se retrouver ». Voyant dans la fantaisie « la grande tradition de l'art dramatique français », jugeant que la farce est exemplaire, si le vaudeville est gratuit, il nous entraîne, pour notre plus grand divertissement, sur les chemins du comique. En cinq conférences qu'il faut lire comme si André Roussin s'adressait à chacun de nous en particulier, sur le ton de l'aimable confidence, c'est tout ensemble une histoire du théâtre comique qu'il nous propose et l'histoire même de sa propre sensibilité.

La main de César

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