Militarisation de l'humanitaire, privatisation du militaire
Militarisation de l'humanitaire, privatisation du militaire
Publié par CIRPES, le 01 juin 2004
300 pages
Résumé
Depuis un an en Irak, les soldats de la coalition contrôlent totalement l'aide humanitaire et les activités de reconstruction. Pour l'Administration Bush, les organisations non gouvernementales (ONG), notamment évangélistes, sont, des instruments du combat contre le terrorisme. Parallèlement, avec la dégradation des conditions de sécurité, les compagnies militaires privées (Kellogg Brown & Root, Vinnell Corp., DynCorp ou MPRI) ont proliféré sur le terrain : 20000 mercenaires, soit l'équivalent de 15 % des forces armées de la coalition, sont actuellement présents sur le sol irakien. Cette " situation très saine ", selon un haut responsable civil de la coalition en Irak, préfigure les futures interventions de la puissance américaine dans le monde La militarisation de l'humanitaire et la privatisation du militaire transforment radicalement les opérations civilo-militaires. Les relations entre civils et militaires aux Etats-Unis sont en pleine mutation. Les tendances à la militarisation et à la commercialisation de l'humanitaire et de l'aide au développe ment se sont faites plus fortes. Les manifestations de cette militarisation sont nombreuses : intégration des agences civiles du Département d'Etat et de l'Agence pour le développement international au sein des structures militaires par une coordination interagences ", création par le Pentagone d'un Bureau pour l'aide humanitaire et la reconstruction qui restreint la liberté d'action des ONG. Le leadership fort et durable du Pentagone subordonne tous les acteurs à la chaîne de commandement militaire. Certaines ONG sont utilisées pour du renseignement. Le militaire s'approprie l'espace et le temps humanitaires. Ces interventions " militarohumanitaires " instaurent le chaos. Les populations civiles en sont les premières victimes. L'ONU en sort affaiblie. Les entreprises privées de sécurité, qui prolifèrent dans toutes les zones instables du globe, sécurisent les investissements dans les nouvelles zones de la démocratie de marché ". Les logiques de militarisation et de privatisation préparent l'après-conflit. Dans le cas de l'Irak, la phase militaire était le prétexte à la création par la force d'un vaste marché de libre-échange dans le Grand Moyen-Orient par la privatisation à moyen termes des secteurs publics vitaux. Ces institutions sont actuellement gérées par les compagnies de mercenariat entrepreneurial travaillant avec le Pentagone. Les réservistes de l'US Army (souvent des entrepreneurs) assurent un démarchage commercial pour le compte de leurs entreprises. Ils préparent ainsi le retour sur investissement au profit des Etats-Unis. Facteurs de puissance et vecteurs de l'influence stratégique américaine, ONG et opérateurs militaires privés ont une place centrale dans la stratégie de sécurité américaine de maîtrise des espaces Sud par des " guerres en réseaux ", et par des opérations globales de stabilisation/contre-insurrection. Sur la base de nombreuses informations inédites, cet ouvrage ouvre de nouvelles perspectives stratégiques pour mieux cerner les enjeux des conflits futurs dont l'invasion de l'Irak est le prototype.
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