Textes et pratiques religieuses dans l'espace urbain de l'Europe moderne
De la religion de tous à la religion de chacun - Croire et pratiquer à Orléans au XVIIIe siècle
Publié par Presses universitaires de Rennes, le 02 décembre 2019
394 pages
Résumé
La vie religieuse d'Orléans au XVIIIe siècle est habituellement résumée autour de deux éléments majeurs : le jansénisme et la déchristianisation, ou du moins l'éloignement de la religion. Les figures épiscopales de L.-G. Fleuriau, pour le premier, et de L.-S. de Jarente, pour la seconde, incarnent cette réalité. Pourtant, au travers de la présentation de la vie paroissiale et de sa gestion quotidienne (comptes, délibérations, rapport avec le curé, aménagement de l'église), des fêtes, des processions, des confréries, des testaments, du jansénisme, de la vie des dévots, de la présence d'objets, d'images et de livres pieux dans les maisons et de leur localisation dans les intérieurs, la réalité religieuse s'avère beaucoup plus complexe. Non seulement l'importance du jansénisme est à nuancer, du moins à préciser, mais la déchristianisation n'est pas de mise. De nombreux Orléanais vivent à l'écart des querelles jansénistes. La religion de la croix et de la sensibilité, pourtant présentée comme l'opposé du jansénisme, se diffuse autour des jésuites. De ce point de vue, en poussant la porte des églises d'Orléans au XVIIIe siècle, des confréries et des maisons, en suivant les missions et les processions, ce livre offre une image plus équilibrée et concrète de la vie religieuse locale. Le jansénisme s'avère alors important surtout par les discussions qu'il motive, les querelles, qui poussent les fidèles à prendre position. Il en est de même pour la déchristianisation. Loin de reculer, la nature de la religion change. Les paroissiens donnent moins d'argent aux quêtes, mais investissent davantage dans les bancs à l'église. Certaines confréries voient leurs effectifs diminuer, mais leur dévotion est plus spiritualisée et, au final, leur vitalité est maintenue. Surtout, le testament et l'inventaire après décès résument ces évolutions. La place de la religion diminue dans le premier, sans disparaître, mais obéit de plus en plus à une volonté personnelle. De même, l'inventaire nous permet d'entrer dans les maisons orléanaises, de l'hôtel aristocratique au logis artisan. Partout les livres, images et objets pieux sont de plus en plus présents et forment ce que nous avons appelé un « complexe religieux domestique » qui atteste d'une place croissante laissée à la religion dans la sphère privée. Cette lecture globale, dans une variété de documents et pour toute la société, souligne la nécessité de confronter tous les plans de la vie religieuse (individuel/ collectif, ecclésiastique/laïc, public/privé) et atteste non pas d'une déchristianisation, mais d'une individualisation et d'une privatisation des pratiques, du passage d'une religion quantitative et massive à une attitude plus personnelle. En un mot, le passage d'une religion de tous à une religion de chacun.
Plus de livres de Gaël Rideau
Voir plusParoles d'en haut
Rituels de la vie publique et privée
Ordonner et partager la ville (XVIIe-XVIIIe siècle)
Rituels de la vie publique et privée du Moyen Age à nos jours
Honneur, bourgeoisie et commerce au XVIIIe siècle ; le mémorial à mes enfants du marchand-drapier orléanais, Pierre-Etienne Brasseux
Une société en marche : les processions en France au XVIIIe siècle
L'anecdote entre littérature et histoire - A l'époque moderne
Critiques
Ce livre n'a pas encore de critiques
Vous avez lu ce livre ? Dites à la communauté Lenndi ce que vous en avez pensé 😎