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Le visage émerveillé | Anna de Noailles
Le visage émerveillé | Anna de Noailles

Le visage émerveillé

Publié par Editions du Rocher

170 pages

Résumé

Extrait: Ce qui plait le plus au Seigneur, c'est la purete. J'ai communie ce matin comme je le voulais, sans desir; je me suis appliquee; j'avais fait beaucoup de vide dans ma tete, dans mon c ur, un vide blanc et doux, et je repetais: Seigneur, je n'ai pas de bouche, pas de mains, pas de regard, pas de chaleur; voyez, je suis devant vous comme une fumee legere qui monte, comme une flamme transparente et droite. C'est cela la purete. Je vous remercie, Seigneur. La s ur Catherine avait un tendre profil oblique, tout couche sur le linge, sur le drap et la dentelle de la sainte table. Elle mourait; Seigneur, elle vous attendait tant, qu'elle serait morte, qu'elle aurait crie si vous n'etiez pas venu. Les bouts de ses doigts, sa bouche, la toile delicieuse et votre corps divin faisaient un groupe admirable, petit et tout serre. Mais ce n'est pas cela, la purete, Seigneur?... Il fait si doux dehors que toute la nature est claire comme le parloir a onze heures. Le jardin joue avec du soleil. Le soleil par les vitraux de la chapelle inondait de rayons ma joue et ma manche. On voyait voler de petites mouches dans l'eglise; et le silence tout autour de nous criait: Joie! Joie! J'ai ete contente d'etre jeune, d'etre tres jeune; je ne sais pas pourquoi cela me cause tant de plaisir. Tout d'un coup il a fait si beau dans l'eglise que je crois que j'ai du rire. Au moment de l'elevation toutes les religieuses, comme chaque jour, ont baisse la tete. Mais moi, je n'ai pas baisse la tete. J'ai dit: Seigneur, voyez mon visage... Je sentais que mon visage etait ovale et clair comme un petit miroir entoure d'argent que j'avais a quinze ans, et sur lequel venait le soleil. La s ur Catherine est belle quand elle prie. Je la respecte, je ne la regarde pas quand elle prie ainsi; mais ce matin je n'ai pu m'empecher de la voir. Elle avait les yeux profondement fermes; ses mains jointes comprimaient son c ur, s'appuyaient sur son c ur, et puis sur son chapelet, sur sa ceinture. J'ai eu envie de lui crier, avec beaucoup de tendresse, beaucoup de peur: - S ur Catherine, vous avez mal!... Comme elle a mal quand elle prie si fort"

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