L'honneur des funambules : réponse à Jean Clair sur le surréalisme

En France, tout ce qui pèse et qui compte se veut et se dit "sans frontières". Et si le sans-frontiérisme était un leurre, une fuite, une lâcheté ? Partout sur la mappemonde, et contre toute attente, se creusent ou renaissent de nouvelles et d'antiques frontières. Telle est la réalité. En bon Européen, je choisis de célébrer ce que d'autres déplorent : la frontière comme vaccin contre l'épidémie des murs, remède à l'indifférence et sauvegarde du vivant.
D'où ce Manifeste à rebrousse-poil, qui étonne et détonne, mais qui, déchiffrant notre passé, ose faire face à l'avenir.

éloge des frontières

Médium n°57, octobre-décembre 2018

Se sentir chaque jour un peu moins de son temps, un peu plus anachronique, n'a pas que des inconvénients. Une personne déplacée peut revoir en souriant tout ce qu'elle avait cru devoir prendre au sérieux, et qui l'était si peu en fin de compte : déchirements intellectuels, bisbilles politiques, plans sur la comète, bref, tout ce qui se fane inexorablement avec les ans. Pas de quoi se griffer le visage tant il y a de bonheur, en contrepoint, à voir resurgir, en bout de course, plus vivaces, plus entraînants que jamais, les héros de roman dont il nous est arrivé d'usurper l'identité dans notre for intérieur, parce qu'en nous prêtant leur vie, le temps d'un éclair, ils nous ont rendu la nôtre presque digne d'avoir été vécue.

R. D.

L'exil à domicile

"Je ne prise guère la littérature d'idées. Ses angles droits sont trop fastidieusement masculins et sûrs d'eux pour capter l'émotion, le tremblement, l'inattendu du réel. Pourquoi récidiver ? Parce qu'on résiste moins, avec l'âge, aux impulsions du farfelu, jusqu'à se permettre quelques divagations sur les dieux et les hommes, le beau et le moche, le mort et le vif, et même sur l'avenir de l'humanité. Sans dramatiser : les échappées qui suivent sont à un essai ce qu'une flânerie est à un défilé, ou une songerie à un traité de morale. Elles demandent seulement au lecteur un peu d'indulgence pour ce qu'elles peuvent avoir de mélancolique, de cocasse ou d'injuste", Régis Debray.

Dégagements Tome 2

La Bible: Ancien et Nouveau Testament à travers 200 chefs d'oeuvre de la peinture

Un dépôt de bilan peut se consigner dans la bonne humeur, avec clins d'oeil et sourires. C'est cette variante teintée d'humour, rarement pratiquée au tribunal de commerce, qu'a choisie Régis Debray, dans cette lettre d'un père à son fils bachelier, en quête de conseils sur la filière à suivre. Littérature, sociologie, politique, sciences dures ? En empruntant le langage entrepreneurial, celui de notre temps, l'auteur lui expose les bénéfices qu'un jeune homme peut dorénavant attendre de ces divers investissements. En lui recommandant instamment d'éviter la politique. Bien au-delà de simples conseils d'orientation professionnelle, ce livre-testament voudrait faire le point sur le métier de vivre dans le monde d'aujourd'hui, sans rien sacrifier aux convenances. Beaucoup d'adultes et quelques délurés sans âge particulier pourront sans doute y trouver leur compte.

Bilan de faillite

"Un accident de santé, soudain, fait danser la mémoire. Le tout éclate, des riens remontent, et c'est la fête. Dans une joyeuse incohérence, qui défie les censures".

Eclats de rire

On se rend bien compte, aujourd'hui, qu'agissant seul ou en composition, le fait religieux par ses exigences et ses conséquences fait partie de la réalité collective, concourt à faire l'Histoire : il est donc normal que l'historien l'intègre dans sa perspective. Il y a ainsi harmonie entre l'évolution de la réflexion historiographique, et la décision prise, récemment, par les pouvoirs publics, d'introduire dans les programmes de l'enseignement secondaire un aperçu sur le fait religieux. La référence au rapport Debray s'impose et il paraît aujourd'hui aller de soi que pour entrer dans l'intelligence de nombre de réalités historiques, le fait religieux ne peut pas être exclu. René Rémond, président des Rendez-vous de l'histoire. Conférences de Régis Debray, Paul Veyne, Sylvie Brunel, Rudolf von Thadden et René Rémond. Débats animés par Laurent Wirth, Jean-Pierre Chrétien, Alain Forest et Isabelle Lespinet.

L'honneur des funambules : réponse à Jean Clair sur le surréalisme

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