Les enfants vont bien
Tomates
Publié par P.O.L., le 07 octobre 2010
134 pages
Résumé
Quand on écrit depuis pas mal d'années, souvent, on vous fait des suggestions : Tiens, tu devrais faire un livre sur les lectures publiques ; ou bien : Tu voudrais pas écrire un livre sur l'amour ? ou bien : Vous devriez écrire ce que vous me dites ; ou encore : Vous devriez écrire sur ce qui se passe en ce moment. Bon. J'écris toujours sur ce qui se passe en ce moment ; le problème, c'est que ça change tout le temps, et comme je tiens à continuer à écrire sur ce qui se passe en ce moment - bien que ça change tout le temps -, eh bien je ne me vois pas tenant un sujet ; encore moins tenant mon sujet. Même lorsque me tenait un sujet-un objet a priori uniques (Jeanne d'Arc, Chaussure), je n'ai jamais eu l'impression (ni l'intention) de « tenir » quoi que ce soit, plutôt celui d'écrire en abduction, c'est-à-dire les doigts bien écartés. Tomates parle donc de ce qui se passe au moment où il est écrit (2009), de la plante au sommet de l'État. C'est un texte occupé. Pas seulement par moi, malgré les apparences. Un texte occupé par l'imposition d'un style, comme ils disent, par un ton, par des faits, par des manières de rapporter ces faits. De cette occupation, je n'ai pu me défendre que par une préoccupation - une inquiétude. Et par un amateurisme acharné en tout (de la culture des tomates à la culture tout court, de la politique à l'autobiographie). Il ne faudrait pas en attendre une définition, ou une description, valides (encore moins validées) du fascisme, par exemple, même s'il en est souvent question. Je crois qu'on y repère par moments des bribes d'essai, de critique littéraire, une conversation romanesque autofictive, des pamphlets en trois lignes, un lot de syllogismes, et toutes sortes de ressemblances ponctuelles avec des genres existant ou ayant existé. Cela dit, comme je l'ai écrit d'une traite, il me semble qu'il peut se lire d'une traite ; traversé, accompagné, par l'inquiétude - ou l'impression durable d'avoir les boules que je ne pense pas être la se! ule à avoir ressentie cette année-là. Les notes ont dès la première phase de rédaction pris une place importante. Elles donnent des outils, des rappels, des relais, des titres de livres, des citations, de longs passages, etc. : tout ce qui peut servir à la transmission, tout ce qui peut permettre d'établir des relations entre des faits ou des moments historiques qui paraissent incommensurables. Elles discutent et disputent aussi, à vrai dire, car elles ne sont pas plus sûres d'elles que je ne le suis de moi-même ; ce sont comme des amorces de conversation avec quelques fameux morts (Blanqui, Ducasse) et d'autres, bien vivants.
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