La chambre de la vierge impure

Introduction à la culture du sang en Algérie et dans le monde arabe. Pour mieux comprendre le phénomène de l'Islam algérien : les racines de la violence et leurs retombées tragiques sur le culturel, le social et le politique.

L'empire de la peur - Introduction à la culture du sang en Algérie et dans le monde arabe

La soumission

"Mal de tete.J'avance dans l'écume des jours.(...)Je plonge dans la boue de ma mémoire tatouée par des visages de femmes et je vous raconte ma vie mal brulée. Pièce par pièce je la démonte; pièce après pièce je la raconte. Je la retourne, je la détourne, qu'importe. Et je mens.Louanges à Dieu le Parfait des Parfaits!" A.Z.Un adolescent qui grandit dans un village du fin fond de l'Algérie: c'est ce que raconte ce roman d'initiation trouble, déroutant et audacieux, bati en spirale et écrit dans un style incantatoire.Le narrateur connait le Coran par coeur tout en lisant "Les Fleurs du mal" et "Madame Bovary" en cachette; il découvre l'amour des femmes avec une ferveuur d'ordinaire réservée à Dieu; il affronte aussi la vérité du monde; le 19 juin 1965, les luttes fratricides, les bouleversements du Proche-Orient.L'écriture est ici plus qu'in exutoire, elle se joue des apparences et du mensonge. Elle entraine - jusqu'au vertige - le lecteur dans un univers de jouissances et de confusion. C'est un hymne à l'amour, à la passion, à la liberté et à la littérature.Amin Zaoui est romancier, essayiste bilingue (français et arabe). Il a été professeur à l'université d'Oran, puis directeur du Palais de la Culture d'Oran. Il est actuellement directeur général de la Bibliothèque nationale d'Algerie.Il est l'auteur de nombreux romans traduits dans une dizaine de langues. Parmi ses publications: "Les gens du parfum", roman, (Le Serpent à Plumes, Paris, 2003); "La culture du sang", essai, (Le Serpent à Plumes, Paris, 2002).

Festin de mensonges

Je voyage en France sans visa, juste un petit dossier médical. Ils savent, les Français, que je ne suis pas un terroriste, ni un islamiste de Daech ! Je suis Harys descendant du chien guide des sept dormants ! Je respecte la laïcité, les valeurs républicaines et je consomme de la bière Heineken.
Harys, le narrateur, est un bon chien, un caniche qui aime son maître, qui aime ses chaussettes puantes, son haleine parfumée au vin rouge, sa voix quand il chante Bécaud. Ils habitent tous deux à Alger et son maître a pour maîtresse une chrétienne réfugiée de Damas, au corps vibrant de désir et à l'âme bouleversée par la guerre. Ce trio bancal, cacophonique, passionné, tient le journal de sa lente destruction dans une Algérie rongée par l'islamisme des Tartuffes.
Magnifique, douloureux et fantasque, tel est L'Enfant de l'oeuf, neuvième roman d'Amin Zaoui où l'auteur, avec un plaisir et une méthode qui rappelle le Sade de La Philosophie dans le boudoir, s'en prend systématiquement à toutes les formes d'autorité, au nom de la liberté.

L'enfant de l'oeuf

À seize ans, on m'a embarqué dans un camion et je me suis retrouvé dans un camp d'entraînement islamiste. Il y avait une fille, Laya. Une fanatique, une rebelle. Elle était séduisante. Elle ressemblait à ma cousine Sultana, celle qui criait « Suce-moi les seins! Suce-moi le sein! » quand nous faisions l'amour. Sauf que Laya ne voulait pas faire l'amour avec moi. Elle préférait écouter mes histoires. Le soir, nous fumions le haschich et je racontais. Parfois, des tirs éclataient. Des choses se sont passées en Algérie, je crois. Des émeutes, des séditions. Moi, je fumais et je racontais. Les mêmes histoires et pourtant chaque fois différentes. Dans mon village, on m'appelait « le poète ». Je tenais ça de mon père, qui avait ouvré toute sa vie à traduire le saint Coran en berbère, la langue de l'amour et des oiseaux. Mon père était un fou. Comme moi. Poète et fou, c'est pareil. Amin Zaoui chante l'amour des femmes et celui des livres, la passion des histoires. Mais La chambre de la vierge impure est aussi un livre de résistance. Dans la fumée psychotrope, les récits qui s'enchâssent ont l'étrange vertu de renvoyer à l'état de fable ce qui est bien réel: une Algérie confrontée à l'intolérance et à la violence. Amin Zaoui a enseigné la littérature, animé une émission littéraire à la télévision algérienne et fondé le Palais des Arts et de la Culture d'Oran. Écrivain bilingue, il est l'auteur de nombreux ouvrages en français et en arabe.

Un homme, le père de Hager la narratrice, un targui, a extrait du sable la nouvelle Pierre noire. Autour il a dressé la nouvelle Kaaba. Et la religion qu'il fonda au cœur du désert touareg fut celle de la femme et du temple de son sexe. Le monde de Haras de femmes est peuplé des désirs les plus violents comme des sensualités les plus subtiles ; un vieillard qui jalouse l'épouse de son fils, une ville consacrée à la chair et au chant des oiseaux, des odeurs de miel et d'accouplements, font de ce roman un chef-d'œuvre suave et sanglant.

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Dans ce contexte politico-religieux haineux, dans cette société musulmane qui vit une chute libre, croupie dans le sous-développement global et globalisé, pourrie dans la guerre, avariée dans la famine, souffrante de toutes les maladies, nous avons besoin, et dans l'urgence politico-culturelle, d'un nouvel air d'el-ijtihad ( la diligence ) dans l'Islam, pour l'Islam, pour les musulmans et pour l'humanité. L'Islam politique d'aujourd'hui tel qu'il est vécu, pratiqué et défendu n'est plus compatible avec la société moderne. Déconnecté du temps. N'est plus conciliable avec les grandes valeurs humaines partagés par les autres habitants de la Terre. Il faut que ça change, que ça change et vite. Et parce que l'Islam politique va mal, la création d'un front d'intellectuels éclairés : philosophes, écrivains, sociologues , Islamologues, psychologues, historiens , dont le rôle est de faire le nettoyage dans les textes fondamentaux, est une urgence. Il faut interdire d'enseigner tout ce qui sème la fitna ( la sédition ) et la haine au nom de l'Islam, en terre d'Islam ou ailleurs. Et parce que l'Islam va mal, il est temps de séparer la foi de la politique, épargner les institutions de l'Etat de toute hégémonie politico-religieuse, en commençant par l'école. Il est temps pour nous libérer de l’ère des pleureuses. Il nous est impérativement exigé de finir de jouer le rôle de la victime éternelle. Auteur prolifique, romancier bilingue et académicien, Amin Zaoui est l'intellectuel qui écrit avec courage, sans censure et sans mentir. Son écriture rime avec le plaisir et la liberté. Il affirme " J'écris en arabe pour libérer cette langue et j'écris en français pour me libérer" Plusieurs de ses romans sont traduits dans treize langues.

La chambre de la vierge impure

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