Le Parieur

Publié par Fayard, le 05 septembre 2012

272 pages

Résumé

Une nuit de Noël, je me suis allongé dans la neige au fond du Bois de Boulogne, décidé à me laisser mourir de froid. Mais une femme m a sauvé et hébergé chez elle contre toute logique. Sur un ton où l autorité le disputait à la douceur, comme en échange d un service que je ne lui avais pas demandé, elle exigea que je lui raconte ma vie.J'avais tout sacrifié à l écriture. Mon père, lui, avait tout sacrifié au jeu. Durant mon enfance, il désertait notre maison du Cotentin à la moindre occasion pour assouvir son vice et il régla d un coup les problèmes de mon adolescence en m expédiant dans un collège irlandais.Jeune homme, au moment précis où je crus ne plus devoir entendre parler de lui, au moment où je publiais mon premier roman avec éclat et rencontrais un célèbre cinéaste prêt à m encourager dans la carrière artistique, mon père trouva le moyen de mourir assassiné.Mon père, ma malédiction ! Ce dandy, ce flambeur, ce golfeur de génie avait laissé des dettes, dont ses anciens complices qui organisaient des paris sur ses parties truquées, me tenaient pour comptable ! Je dus troquer la plume contre un club de golf, et me laisser trimballer de green en green dans un camping-car déglingué pour effacer l ardoise paternelle.Voilà ce qui m avait fait renoncer à l écriture.Tandis que je la racontais à une inconnue, je découvris que l histoire de ce renoncement constituait la trame d un étonnant roman noir...Extrait:La rencontreVaincu, je m'apprêtais à quitter ce monde lorsqu'une promeneuse repéra mes vieilles santiags dépassant d'un massif d'aucubas alourdi de flocons fraîchement tombés.Le lieu : derrière La Grande Cascade sertie de stalactites.L'heure : autour de minuit. La date : celle qui devait normalement figurer au bas de ma courte biographie : 24 décembre.La promeneuse aurait pu demander de l'aide dans ce grand restaurant tout près où sautaient les bouchons de Champagne. Elle aurait pu détaler aussi. La plupart des gens le font en croisant le malheur. Elle choisit la solution de loin la plus embarrassante : me porter secours. Saisissant mes chevilles déjà marbrées, elle me traîna dans la poudreuse jusqu'à sa voiture. Elle n'eut guère de mal. Je pesais à peine cinquante kilos et m'étais vidé l'esprit de tout ce qui pouvait encore l'encombrer. Sans le moindre égard pour le repos de mon corps et la paix de mon âme, elle se fit un devoir de me transporter aux urgences de l'hôpital Ambroise-Paré, slalomant entre les plaques de verglas.***Une aiguille me perforait l'avant-bras. Des sangles m'entravaient.Incapable d'articuler un son, je les entendais s'interroger au-dessus de ma carcasse décongelée.- Qui c'est ce type ?... Un clodo ? En tous les cas, il a un coeur de mammouth !Les voix des blouses blanches se perdirent dans le brouillard. J'étais comme Nils Holgersson enfoui dans les plumes du grand jars blanc. Quelque chose de chaud et d'humide m'enveloppait. J'avais pissé sous moi.

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