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L'humanité censuré 1954-1962 - Un quotidien dans la guerre d'Algérie | Rosa Moussaoui • Alain Ruscio
L'humanité censuré 1954-1962 - Un quotidien dans la guerre d'Algérie | Rosa Moussaoui • Alain Ruscio

L'humanité censuré 1954-1962 - Un quotidien dans la guerre d'Algérie

Publié par Cherche-Midi (Le), le 06 septembre 2012

176 pages

Résumé

L’engagement de L’Humanité contre la guerre colonialiste en Algérie lui valut un déferlement de procès, de censures, de saisies de la part des gouvernements qui se sont succédé pendant huit ans, quelle que fût leur couleur, de droite ou socialiste. Rédacteur en chef de L’Humanité après mai 1958, René Andrieu évoquait, dans son livre La guerre d’Algérie n’a pas eu lieu paru trente ans plus tard (1992), le véritable parcours du combattant auquel dut se livrer le journal dans sa lutte pour la vérité : saisi à 27 reprises, il sera l’objet de 150 poursuites, dont 49 pour « provocation de militaires à la désobéissance », 24 pour « diffamation envers l’armée », 14 pour « atteinte à la sécurité de l’État »… Il suffisait pour être coupable de dénoncer la systématisation de la torture, voire simplement de se prononcer pour la négociation. La première saisie de L’Humanité remonte au 24 août 1955, frappant un reportage de son envoyé spécial Robert Lambotte dans la région de Constantine (« En Algérie, les hameaux rasés par l’artillerie étaient encore habités »), accompagné d’une photographie du massacre de Philippeville. Le journaliste, ancien déporté de Buchenwald, est par ailleurs déclaré persona non grata et expulsé d’Algérie. Ceux qui n’ont pas connu cette époque auront du mal à imaginer la frénésie ayant alors saisi les autorités politiques et militaires en place. La cascade de saisies qui s’abattit sur L’Humanité s’accompagna régulièrement d’amendes au montant volontiers faramineux, la volonté d’interdire définitivement en frappant au portefeuille n’étant jamais absente dans la tête des censeurs. Ainsi, du numéro en date du 7 mars 1961 sorti une nouvelle fois avec une page blanche, marquée en son centre de ce seul mot : « censuré ». À l’origine de la saisie, un article de Madeleine Riffaud sur les tortures pratiquées à Paris même, en particulier dans les locaux du commissariat de la Goutte-d’Or dans le XVIIIe arrondissement. Les questions alors posées restèrent sans réponse, mais déclenchèrent la théâtrale fureur du préfet de police Maurice Papon qui porta plainte en diffamation afin de demander des dommages et intérêts ! Les procès et amendes en découlant se succèdent à une cadence encore supérieure à celle des saisies. Cette boulimie d’interdictions s’avère parfois maladroite, pouvant provoquer des effets contraires à ceux visés. Ainsi, lorsque L’Humanité est saisie pour la huitième fois, le 30 juillet 1957, pour la publication d’une lettre de l’ancien directeur d’Alger républicain, Henri Alleg, emprisonné et torturé dans l’immeuble d’El Biar, la censure contribua-t-elle à amplifier l’émotion dans l’opinion et à relayer (bien involontairement !) les démarches entreprises par son épouse Gilberte et son avocat Me Matarasso…

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