Desert americain

Percival Everett

Publié par Actes Sud, le 30 décembre 2005

320 pages

Résumé

Un professeur d'université suicidaire et dépressif, décapité lors d'un accident de voiture, sort de son cercueil sans crier gare le jour de ses funérailles. Entre méditation philosophique et humour noir, un roman qui examine un monde en perte de repères, tout en épinglant l'Université, la presse et la religion. A bord de sa voiture, Theodore Street, professeur à l'université de Los Angeles, longe la côte californienne : il est en route pour son suicide, auquel il s'est résolu après l'arrivée, récente, sur le campus d'une jeune et sémillante universitaire qui semble vouloir le pousser vers la sortie et qui n'a fait qu'accroître sa conviction qu'il était un loser indigne de s'attarder sur la planète Terre. Parvenu à l'âge où l'on commence à ressasser ses erreurs et ses manques, Ted a donc décidé de se supprimer. Mais il est surpris en chemin par un camion qui roule en sens inverse. Collision frontale et pleine d'à-propos : Ted vole à travers le pare-brise et retombe sur la chaussée, la tête d'un côté, le corps de l'autre, fort proprement décapité. La tête recousue sur le tronc à la diable par les services funéraires, voici notre homme prêt à devenir l'objet de dignes funérailles. Les larmes sincères de sa femme et de ses deux enfants se mêlent aux soupirs attristés et hypocrites de ses collègues d'université dont les éloges funèbres sont autant de flèches du Parthe lancées contre le défunt. Lequel "se réveille"... et sort de son cercueil ! S'ensuivent crises de nerfs, panique, et délirantes supputations... Car Ted est mort, cela ne fait absolument aucun doute : les sutures qui maintiennent sa tête en place sont là pour le prouver... Terrorisée et embarrassée par ce mort encore vivant, la petite famille est bientôt assiégée de toutes parts par les médias surexcités. Car trois jours plus tard, après l'épisode de l'enterrement, la vie du ménage est bouleversée. Le téléphone sonne sans discontinuer, les hordes de reporters se pressent à la porte et massacrent les plates-bandes. La mort a transformé Ted : il se sent plus fort, plus généreux, ses sens et son esprit fonctionnent bien mieux qu'avant. Il n'aspire plus dès lors qu'à renouer avec sa famille, à se faire pardonner ses écarts, faute de pouvoir revenir en arrière. Mais Ted se retrouve malgré lui l'objet de toutes les peurs, de toutes les interrogations et, bien sûr, de toutes sortes de fantasmes mystico-religieux. Quelques jours seulement après son retour au foyer, il est enlevé et emmené au coeur du désert par l'obscure secte chrétienne de l'inquiétant Big Daddy qui le considère comme une incarnation du Diable en personne. Poussé par le désir de retrouver ses proches et fort de ses nouveaux pouvoirs, il parvient à s'échapper, mais c'est seulement pour tomber aussitôt entre les mains des services secrets. Ces derniers ont pour mission de l'incarcérer au fin fond d'un laboratoire du Nouveau-Mexique afin que la science puisse se pencher sur son cas, en utilisant Ted comme un cobaye dont ils prélèvent certains organes avant de les remettre en place, selon la méthode également utilisée dans la recette de... la dinde farcie. Ces divers moments de captivité donnent à Ted l'occasion de réfléchir tant sur ses frustrations d'universitaire que sur ses errements, sur ses problèmes conjugaux, ou de repenser avec bonheur à la naissance de ses deux enfants bien-aimés.