Retraites : généraliser le droit au salaire
Presse, pas si presse
Publié par Milan, le 07 mai 2006
96 pages
Résumé
Moi, c'est Lucas. Douze ans dans quelques mois, un mètre soixante-neuf (déjà), des yeux bleus, des cheveux noirs. À part ça, je ne sais pas quoi raconter. J'ai une mère. Souvent, elle me casse les pieds. Mais c'est son métier. J'ai une soeur aînée. Horriblement enquiquinante. Inutile d'en parler. Une petite soeur, aussi, deux ans. Elle sait à peine parler. Et un père. Enfin, j'en avais un. Il est parti depuis plus d'un an. Pas envie d'en parler. C'est dur de dire « je », finalement. Il ne sait pas quoi raconter. Et pourtant. En 24 histoires, il nous dit tout de sa vie. La famille, l'école, les loisirs ; les joies, les peurs, les angoisses. On se souvient de Sarah, la petite narratrice de Pressé, pressée, avec son petit frère Benoît, sa mère exigeante, son père boucher-charcutier. Elle évoquait parfois un certain Lucas, un garçon de sa classe, trop mignon avec ses beaux yeux bleus. Eh bien, c'est le même Lucas qui devient le narrateur, ici. Nous avons donc là la version « garçon » de Pressé, pressée. Un personnage encore ancré dans l'enfance, qui aime s'enfermer dans sa chambre pour jouer, mais aussi s'entraîner, en cachette bien sûr, à dire « Je t'aime ». Un personnage plus « gentil » que Sarah, qui avait tendance à dissimuler ses angoisses et son malêtre derrière une agressivité de petite chipie. Isolé entre une grande et une petite soeur, Lucas ne peut pas jouer les caïds. Ses angoisses, sa fragilité, il les garde plutôt en lui-même, nous livrant ainsi un autoportrait souvent touchant, parfois amer, toujours juste et attachant. On l'a compris, Bernard Friot poursuit dans ce nouveau recueil son exploration de l'enfance vue par elle-même. Loin d'être des « Histoires pressées de plus » ce titre-là complète et met en perspective le volume précédent, Pressé, Pressée. Ce n'est pas non plus une suite, Lucas ne fait que des allusions à Sarah, il ne conte pas du tout les mêmes histoires qu'elle. Mais il nous apporte une autre illustration, une autre vision du ressenti quotidien d'un garçon d'aujourd'hui qui, au seuil de l'adolescence, a du mal à quitter son enfance. Dans un style sobre, précis, concis, qui est la marque de Bernard Friot. Il y a sans doute là l'une des explications au grand succès de la série des Histoires pressées : Bernard Friot écrit avec les mots nécessaires, tous les mots nécessaires, mais rien que les mots nécessaires. Il n'y a pas un adjectif, pas un adverbe, pas une virgule de trop. Comme diraient les enfants, Bernard Friot « ne se la joue pas ». Comme tous les bons écrivains.
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