Pierres - Alberto Magnelli
Pierres - Alberto Magnelli
Publié par Ides et Calendes, le 14 avril 2011
178 pages
Résumé
Des dessins, ces oeuvres de Magnelli : ce que produit une main tenant une plume pour donner forme à un tracé peut-être déjà un peu pressenti. Et ce sont alors des figures qui ne prétendent pas tout absorber des êtres ou des choses qu’elles évoquent, comme pourrait le vouloir un peintre, pensons à van Eyck, à Vermeer, du temps que ce projet semblait avoir quelque sens, mais laissent volontairement bien visible, sur la page où elles paraissent, qu’il y a un dehors, un en plus de ce qu’elles disent, et cela au sein même de cette blancheur du papier qui ne cesse pas d’émettre son inquiétante lumière. Mais dessiner, pour autant, ce n’est pas dire moins que ce qui est, c’est dire ou vouloir dire autre chose. Par exemple : Je trace un cercle, rien de plus. Et ce blanc qui est au dehors du cercle et revient vers moi par son dedans, c’est tout de suite la réponse à une question qu’a posée mon tracé, sans que je m’en rende compte. Je suis, disait ma main dessinante, j’ai être. Et que dit la page, de par son fond, qui résiste : oui, mais il y a du non-être. Le moindre trait est une épiphanie que le fond dont il se détache met en question, obligeant qui dessine à avoir confiance, ou désespérer. Le dessin ouvre ainsi à la grande question, celle qui attend de nous la décision la plus radicale. Est-ce ce dilemme qu’a Magnelli en esprit quand il dessine ces « pierres » ? Oui, et même il s’apprête déjà à y faire face. Car, de façon irrépressible, on le voit bien, il fait de son trait d’encre moins une simple forme qu’une construction de volumes, avec suggestion de leur épaisseur, de leur profondeur, et même des ombres. Ce qu’il dessine, ce sont des sortes de blocs, et le dehors du tracé, dans cet espace, ce n’est pas la blancheur de la feuille mais le dedans de ces blocs, non la pensée du non-être mais celle d’une matière. Magnelli oppose l’idée d’un monde au vide vertigineux de la page blanche…
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