Malheur aux pauvres
De la stratégie judiciaire
Publié par Éditions de Minuit
216 pages
Résumé
En matière de défense politique, il y a toujours eu deux méthodes : les procès de connivence (Dreyfus, Challe) ou les procès de rupture (Socrate, Jésus). Les premiers sauvaient leur tête, les seconds gagnaient leur cause ; la nouveauté, c’est qu’aujourd’hui ils peuvent en outre sauver leur tête.Limité autrefois à l’enceinte du tribunal, le procès s’est en effet ouvert aux yeux et aux oreilles du monde. Ce qui se joue au procès Dimitrov, aux procès des militants du F.L.N. dont Vergès assura la défense, c’est le sort d’un parti ou d’un peuple.Au regard de la lutte qui oppose deux mondes, combien peuvent paraître dérisoires certains conflits internes des nations d’Europe et d’Amérique du Nord ! Assurés de leur niveau de vie et de leur puissance de mort, les nantis, qu’ils soient conservateurs ou libéraux, ne comprennent pas toujours que la Justice, que leur Justice, est en train de perdre sa majuscule et qu’ils n’ont déjà plus le droit de s’en croire les porte-parole exclusifs.Paru en 1968, De la stratégie judiciaire été réimprimé en 1981, avec une nouvelle préface qui actualise les thèses de l’auteur. Différentes personnalités reprennent contact avec Vergès et lui posent des questions. Michel Foucault par exemple lui demande : “ Devant les formes nouvelles de pratiques judiciaires que la loi Sécurité et liberté veut imposer, comment, selon vous, peut-on adapter les stratégies de rupture que vous aviez suggérées dans votre livre ? ”À quoi Vergès répond : “ Au temps de la guerre d’Algérie, beaucoup de magistrats qui protestent aujourd’hui contre le projet Sécurité-Liberté couvraient la torture. Connaissez-vous un seul procès de torture qui ait abouti ? Et beaucoup de mes confrères portaient en cortège au garde des sceaux de l’époque, une pétition pour réclamer des sanctions contre les avocats du F.L.N. Le texte importe moins que le regard qu’on porte sur lui, ou que la communication avec l’opinion, non pas pétrifiée par un sondage mais évaluée dans son mouvement. Si Isorni a été frappé plus lourdement que moi, ce n’est pas que, des procès du F.L.N. à ceux de l’O.A.S., les textes aient changé ni que son éclat fût plus grave que les miens, c’est que je défendais des vainqueurs et lui des vaincus. ”
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