Libertés surveillées

Sarzènes

Poésie porteuse d’humour et de tendresse, ces Poèmes de route, sont un hommage aux mots, ceux des ancêtres, ceux des poètes, ceux de tous les jours. Il s’agit de l’un des derniers recueils du poète Gérald Godin (1938-1994), qui fut aussi député et ministre du Québec, et dont l’humour incisif est ici presque toujours teinté d’une certaine détresse. Comme dans ce poème, “Étymologie”, qui se résume à une seule phrase : “Moi monsieur/je me sens comme un mot/qui a trop servi/et qui se demande/s’il a encore un sens”. Le recueil est composé de 28 poèmes qui occupent une soixantaine de pages. Dans la première partie, intitulée “Poèmes du trépan”, l’auteur évoque l’expérience de la maladie – Godin a été atteint d’une tumeur cérébrale qu’on lui a retirée par trépanation – et ses effets : perte de mémoire, désorientation, conscience aiguë de la mort : “Tu croyais que tu étais fini/tu songeais à te tuer […] imagine-toi, si tu étais mort alors/comme tu le regretterais aujourd’hui/même plus là pour en rire”.La seconde partie, intitulée “Le S S Mihalis Lomis”, du nom d’un bateau dont “les cales sont pleines de mots”, s’attache à la description des souvenirs du poète, de l’enfance à “la rivière à Pépin/où je passai ma jeunesse/à chasser les queues de Pologne/et à noyer des portées de chats/dans des sacs en jute/sans aucun résultat” à l’adolescence plus trouble où, “dans le motel de tous mes échecs à Hull/je me réfugiais dans les toilettes/pour essayer de comprendre/ce qui se passait/sans résultat aucun”. On y dénombre aussi quelques poèmes d’amour, intimes et secrets, à la “Miss Zyeux gris”, la chanteuse Pauline Julien, qui fut la compagne du poète.Les poèmes de Gérald Godin, réunis dans Ils ne demandaient qu’à brûler, lui ont valu le grand prix du Livre de Montréal, le prix Ludger-Duvernay et le prix Québec-Paris. --Raymond Bertin

Poèmes de route

Soirs sans atout

L'Ange exterminé

« On peut toujours se prendre pour soi. Mais quand on aime les autres, quand c'est les autres qu'on trouve beaux, on n'a pas le choix : on se prend pour un autre, sinon pour plusieurs autres. Ainsi Gérald, qui n'a jamais eu de voix pour cinq cents (0,05$), s'est pris, entre autres personnages, pour un poète. » - Réjean Ducharme (extrait de la préface)Godin s'est pris pour un poète, pour un journaliste, pour un député et même pour un ministre à l'Assemblée nationale, entre autres personnages. Cette deuxième édition d' « Ils ne demandaient qu'à brûler », revue et augmentée, reprends non seulement les sept recueils, parus de 1960 à 1986, et les huit poèmes alors inédits qui composent la première éditions (1987), mais y ajoute les deux recueils ultérieurs, huit poèmes déjà parus ici et là ainsi que neuf poèmes inédits.André Gervais, qui a préparé l'édition de tous les livres de Gérald Godin depuis « Cantouques et Cie » (Typo, 1991), enseigne la littérature à l'Université du Québec à Rimouski.

Ils ne demandaient qu'à brûler

Les cantouques; poèmes en langue verte, populaire et quelquefois française

Poète, journaliste et homme politique québécois éditeur chez Parti Pris, Gérald Godin (1938-1994), il signe ici son septième livre de poésie avec lucidité et droiture. Il nous dévoile une vision proche de son monde intérieur où la nostalgie et ce qui est sombre laissent transparaître une grande tendresse, une humeur mordante et un amour engagé pour la vie.Ses principaux recueils : Les cantouques, Soirs sans atout, Ils ne demandaient qu'à brûler, Poèmes de route, Les botterlots. Ses principaux prix : Ludger-Duvernay, Ville de Montréal, Québec-Paris, Ville de Trois-Rivières. «En poésie, il faut oser être simple, modeste, familier. Je ne suis pas un poète de laboratoire. Je suis dans la ruelle derrière. Je fais une poésie de piétons.» « Il y en a qui sont nés Pour ne jamais sortir du ventre de leur mère Ou de leurs certitudes Il y en a d'autres Qui sont exposés aux éléments Dès la première heure de leur existence On les reconnaît à ceci Qu'ils ont pour tout un appétit féroce Ils lancent dans la fournaise de leur vie Toutes les belles bûches rondes de leur désir »

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