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La Morte amoureuse | Théophile Gautier
La Morte amoureuse | Théophile Gautier

La Morte amoureuse

Publié par Kinoscript, le 07 août 2012

Résumé

L'alliage de l'érotisme et du vampirisme ne date pas du Dracula de Coppola en 1992. Il remonte, en France, au romantisme, plus précisément à Gautier, avec sa Morte amoureuse, en 1836. C'est vrai. L'idée de conférer au suceur de sang une dimension sexuelle était géniale : comment refuser la comparaison entre les relations amoureuses et celles que le vampire entretient avec ses victimes? Gautier va même plus loin : il choisit pour jouet de la belle et sensuelle goule, un prêtre... Charge à nous d'inter-préter. En effet, si Romuald est tellement attiré par Clarimonde la courtisane, c'est qu'il est l'archétype de la virilité réduite en esclavage par l'amour d'une femme, ou plutôt, le désir nu et brutal; mal vécu, mal gouverné et maquillé d'un discours aveugle teinté d'idéalisme. Les Freudiens pourraient convoquer la psychanalyse et, avec elle, la théorie du refoulement. C'est pour maintenir emprisonné dans son inconscient sa pulsion sexuelle pour une femme que Romuald dédouble sa personnalité. Freud, lecteur de Gautier? Non, Gautier lecteur de Sade. Si on plonge dans les sources d'inspiration de ce bijou littéraire qu'est la Morte amoureuse, on trouve aux premières loges, le divin Marquis. A plusieurs reprises dans l'ouvre, Clarimonde prend plaisir à faire saigner sa pauvre victime, sans vraiment s'en cacher. Comme si la cruauté faisait partie du jeu amoureux en particulier et social en général. On retrouvera chez Sade aussi le goût très gothique du château hanté. Par des monstres de sexe et de violence. L'athéisme également. N'oublions pas que le dénouement de la nouvelle nous donne à voir deux prêtres profanant la tombe d'une créature du Seigneur. Tout cela n'est guère catholique. Enfin, la célèbre morale de la nouvelle appelle à la réflexion : « Ne regardez jamais une femme, et marchez toujours les yeux fixés en terre, car, si chaste et si calme que vous soyez, il suffit d'une minute pour vous faire perdre l'éternité ». L'ironie cinglante du jeune romantique, il a alors 25 ans, semble critiquer lourdement une société en crise : la Monarchie de Juillet, plus ouverte que celle de Charles X, réprimera la révolte des Canuts en 1834... Une société qui ne sait plus quel héritage est le sien : la révolution ou la monarchie, même constitutionnelle? Difficile dans ce paysage d'avoir une vie amoureuse dégagée du carcan social et religieux. A moins de faire la nuit, ce que l'on ne vous permet pas de faire le jour. La présente édition est la reproduction du texte publié par Balzac dans La Chronique de Paris, en 1836.

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