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Le voyageur de papier | Jean-Claude Perrier
Le voyageur de papier | Jean-Claude Perrier

Le voyageur de papier

Publié par Editions Héloïse d'Ormesson, le 23 août 2012

231 pages

Résumé

J'ai toujours beaucoup lu et aimé la poésie. Ma prédilection allant, par exemple, au mélancolique Du Bellay, au monumental Hugo, au sensible Verlaine. Ou au trop injustement méprisé José-Maria de Heredia. Son beau nom de conquistador, ses origines cubaines, son goût pour l'Antiquité, tout chez lui m'enchante, et je connais par coeur quelques-uns de ses Trophées.Poésie fort classique, dira-t-on, apprise à l'école. Goûts de bon élève bien sage. Certes. Mais j'ai aussi fréquenté les modernes : Apollinaire, Éluard, Valéry, Saint-John Perse, Jouve, Michaux, Mandiargues, Ponge et d'autres. Que j'ai lus, non, dévorés. Avec cette particularité : lorsque j'aime un auteur vraiment, c'est pour la vie, et je lis tout de lui, jusqu'aux textes confidentiels, correspondances, éventuels inédits retrouvés. Bibliophile, je piste la moindre plaquette, l'édition originale, voire l'exemplaire rare et dédicacé.Il était inévitable, dans ces conditions, que j'écrive à mon tour des poèmes. Cela se pratiquait beaucoup dans ma jeunesse - c'est-à-dire le début des seventies. Nombre de préadolescents taquinaient la muse, Calliope ou Polymnie, c'est selon. En secret : ils se seraient fait hacher menu plutôt que d'avouer, dans la cour du lycée, leur doux hobby, jugé trop «romantique», trop «féminin», donc sujet potentiel de moqueries. Les garçons devaient affirmer leur virilité dans des activités plus énergiques : par exemple le sport, la drague des filles (largement fantasmée, les classes n'étaient pas mixtes à l'époque) ou le militantisme politique. À l'extrême gauche, évidemment. On était peu après Mai 68, que, trop jeunes, nous n'avions pas «fait» activement, mais simplement vu passer. Moi surtout qui, pour aller de la maison, à Denfert-Rochereau, plaque tournante des manifestations, jusqu'à Charlemagne, à Saint-Paul, descendais et remontais chaque jour, pedibus, le boulevard Saint-Michel fumant des gaz lacrymogènes.Les ados d'aujourd'hui écrivent toujours des poèmes en cachette, qu'ils diffusent par SMS, sur la Toile ou via les réseaux dits «sociaux». Dans mon cas, la poésie était une activité sérieuse et régulière, que je destinais, à l'évidence, à la publication. Et forcément chez Gallimard, la maison qui éditait mes poètes préférés.Lorsqu'un jour j'estimai avoir un nombre suffisant de textes pour composer un recueil, je les recopiai avec soin sur un gros cahier rouge et rigide, et les envoyai au 5, rue Sébastien-Bottin. Sans destinataire particulier, puisqu'en ce temps-là je ne connaissais personne dans le milieu littéraire, et sans doute avec une petite lettre d'accompagnement. Je me souviens que le recueil, intitulé sobrement Poèmes I, était dédié à André Malraux. Pourvu qu'une assistante zélée ne le lui ait pas transmis ! Cela devait être affligeant, n'est pas Rimbaud qui veut. Les poèmes étaient assez ronflants, bien léchés, de versification classique ou à peu près. L'un d'entre eux disait : «Je suis né dans un livre / Et je mourrai lisant». Un autre, «hugolien», s'achevait sur : «J'entends souvent, le soir, de longs sanglots.»

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