La couleur des idees quand la ville se defait. quelle politique face a la crise des banlieues?

Jacques Donzelot

Sciences humaines et sociales Politique et faits de société

Publié par Seuil, le 09 mars 2006

Résumé

« Racaille ! » : un mot du ministre de l'Intérieur, que pourtant les jeunes de banlieue s'appliquent par dérision à eux-mêmes, a suffi pour provoquer trois semaines d'émeutes très violentes en 2005. Signe de la déshérence des jeunes, du mal de vivre dans des habitats et des quartiers pourtant « rénovés », de l'échec de la mixité sociale, d'une ville - ou d'une politique de la ville - qui se défait. Jacques Donzelot remonte haut, jusqu'au XIXe siècle, pour comprendre comment on en est venu là. Comment, dans les années 50, on a voulu sortir de l'ancien insalubre et délabré en construisant de grands ensembles modernes, « radieux », pour se retrouver une vingtaine d'années plus tard dans une ségrégation et une fracture sociales insupportables. Comment la politique de la ville, avec notamment l'intervention à distance de l'Etat et la mise en oeuvre de la rénovation urbaine, a échoué dans son principal objectif : la mixité sociale. Elle a échoué parce qu'elle a figé les situations, et donc les ghettos et la ségrégation. Une politique pour la ville faciliterait d'abord la mobilité de tous, en redonnant la « capacité de pouvoir » à tous et en créant de vraies agglomérations réunissant la ville et la banlieue avec de vraies capacités de décision démocratique.