Création poétique et poésie - De l'aube de la Renaissance au crépuscule du romantisme

"Lepère nous fait revivre comme en symbiose familiale, voire animale, tout ce qu'a vécu Verlaine dans la souille de sa vie, de ses tripes, de ses maisons et de son âme, entre sa maman, ses amants et ses femmes. [... ] Pierre Lepère est un médium de très vive sensibilité dans ces pages de journal, qui allie une indéniable finesse de perception à une sensualité en pleine pâte". Jean-Louis Kuffert, 24 Heures.

L'étoile absinthe

Entre Guillaume Feugère, le narrateur, et sa femme, Viviane Roussel, une forme de désespoir s'est installée. Après sept ans, ils ne peuvent pas plus se quitter que vivre ensemble. Guillaume est un marginal, un poète. Il travaille à une Légende des Furieux consacrée aux frénétiques du langage dans lesquels il reconnaît ses propres délires. Eprouvant de grandes difficultés à s'insérer dans la société, il accepte à contrecœur de se rendre avec Viviane à " La Bastide ", maison forte du XIIIe siècle en Saintonge, où elle est née, pour y fêter le bicentenaire de son acquisition. En pénétrant dans cette demeure chargée d'Histoire, hantée de rumeurs et d'échos, Guillaume est déchiré par des sentiments contradictoires. Otage de son amour pour sa femme, il cherche à la protéger de la mesquinerie des siens, à débusquer parmi les convives l'anonyme qui l'a harcelée tout un automne, en même temps qu'à comprendre la nature exacte du lien qui l'unit à Nouredine, un jeune chanteur marocain. Dans ce roman magnifique, Pierre Lepère aborde différents genres qui se superposent pour donner toute sa densité au récit : l'histoire d'une généalogie avec des dizaines de personnages, d'un lieu, l'enquête psychologique et policière avec, au centre, la littérature comme miroir de la vraie vie.

Un couple désespéré

Succédant au Ministère des ombres où Pierre Lepère traçait de Nicolas Fouquet le disgracié, un portrait attachant, Un prince doit venir évoque un autre mythe souterrain de notre Histoire, celui du duc d'Enghien. Après plusieurs tentatives d'assassinat perpétrées depuis le début du Consulat par les jacobins et les royalistes, Bonaparte est averti au début de 1804 (An XII de la République) de la présence à Paris de Georges Cadoudal, le rebelle chouan. Tout prouve qu'il fomente un nouveau complot avec la complicité des généraux Pichegru et Moreau. On annonce aussi l'arrivée imminente d'un prince venu d'Outre-Manche mais c'est en vain que le Premier consul fait surveiller les côtes normandes. Ce n'est donc pas des Bourbons restés en Angleterre et qui ne semblent pas vouloir en bouger que surviendra le péril. Talleyrand suggère alors le nom du duc d'Enghien, le seul prince du sang qui soit demeuré sur le continent. Bonaparte a entendu parler des actions militaires passées du prince, souvent parallèles aux siennes et saluées jusque dans le camp républicain et il doute que ce jeune homme puisse être l'âme d'une conspiration aussi lâche. Finalement, il se laisse convaincre par Talleyrand et la suite de cette ténébreuse affaire constitue l'un des épisodes les moins glorieux de sa trajectoire légendaire. Peut-être fallait-il donner cette victime innocente en gage aux nostalgiques de la révolution et en exemple aux jusqu'au-boutistes royalistes pour parvenir plus haut ? En tout cas, deux mois plus tard, le 18 mai 1804, et sans rencontrer la moindre résistance, Bonaparte devenait Napoléon Ier.

Un prince doit venir

Un village campé en bord de mer. Des vagabonds, âgés de vingt ans et des nuages, ont élu domicile dans un blockhaus abandonné. Chelles, Mario, Ramos, Bobby forment une petite bande. Leur existence tissée d'expédients change avec l'arrivée de Save, prophète et dandy de la mouise. Save s'exprime par des formules sibyllines. " Le monde a un sens caché dans l'insensé ", dit-il. Il fait des prédications sur la place du village. Il se croit investi d'une mission : en menant une vie obscure et juste, il doit consoler le Créateur du fiasco de sa création. Save en fascine quelques-uns. Il en dérange beaucoup d'autres.

Fragile Paradis

" Ennemis de la modération, certains écrivains ne travaillent que dans la fièvre. Et cela fait dire aux dames des quartiers tranquilles que ces gens sont des "exaltés". Cioran les résume tous quand il affirme n'avoir pas "écrit une seule ligne à température normale" et autrement que "dans un climat de règlement de comptes". Car c'est l'idée de mourir qui échauffe l'esprit de ces auteurs et les rend furieux. Le plus souvent, l'espèce humaine s'efforce de ne pas y penser. Mais eux ne décolèrent pas. 
Jugeant la plaisanterie très mauvaise, ils ressassent ou remâchent leur mécontentement... Pierre Lepère a répertorié, de 1532 à 1859, une grande partie de ces "véhéments" ou de ces "frénétiques" pour lesquels les livres étaient des "insomnies". Il a voulu "rédiger une légende de l'excès, à partir d'existences contradictoires, placées sous le signe de l'éclair, de la fureur et du choc".
À vrai dire, Pierre Lepère s'occupe surtout des "figurants" de notre histoire littéraire. Le prolétariat ou le "petit peuple" de nos manuels... "
François Bott, Le Monde des livres.

L'âge du furieux

Pierre Lepère publie ses premiers poèmes à dix-sept ans dans l'éphémère et mythique revue de Robert Alateinte La Corde d'airain. Dix ans plus tard, son premier recueil, Les Antipodes, paraît chez Gallimard, dans la collection "Le Chemin", dirigée par Georges Lambrichs. Puis, ce sera L'Imprévu de tout désir, dont la plupart des poèmes ont paru dans la NRF. Se tournant ensuite vers l'essai, avec Création poétique et poésie et L'Age du Furieux (reparu à La Différence dans la collection "Minos" en 2006) où il brosse de nombreux portraits de poètes oubliés ou méprisés, puis vers le roman ancré dans l'Histoire ou dans le monde moderne, il ne publie à nouveau de la poésie qu'en 2008 avec Coeur Citadelle. Le Locataire de nulle part, centré autour de la figure intemporelle du poète, est une longue suite de quatrains, constitués d'hexamètres librement rimés où il illustre les constantes de son inspiration.

Le locataire de nulle part

Le jeune Jean-Baptiste Poquelin naît sous le règne de Louis XIII. C'est une époque tourmentée, funèbre et légère à la fois, celle de Tristan l'Hermite et de Cyrano de Bergerac. Baptiste, très tôt orphelin de mère, entre au collège de Clermont, futur lycée Louis-le-Grand. Bientôt, il tombe amoureux d'une comédienne plus âgée que lui, qui l'initie à l'amour et au théâtre...Baptiste accompagne Louis XIII à Narbonne et à Perpignan:il est mêlé, malgré lui, au complot de Cinq-Mars, personnage mélancolique, crépusculaire, que son ambition et sa frivolité ont perdu.Puis c'est le retour à Paris et la création de l'Illustre-Théâtre, qui lui vaut les foudres paternelles...

La jeunesse de Molière

"Comme de joie rejointe à la belle étreinte, il n'en a toujours pas fini de revenir de vos venues-dahlias ô Dalilas. Des minuits chevelus d'ire grège dans les longues feintes fendues des murs du songe solitaire." Paru en 1976, le recueil de Pierre Lepère, à la manière de Cocteau et de Max Jacob au début de leurs écrits, nous propose une suite de poèmes fantaisistes.

Création poétique et poésie - De l'aube de la Renaissance au crépuscule du romantisme

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