L'Inconnue d'Arras

Poof révèle les mystères de la publicité! Non pas que Salacrou ait été un spécialiste lorsqu'il écrivit cette pièce; il entrevoyait alors plutôt les possibilités de la réclame que ses réalisations, et ,en même temps il en imaginait les répercussions lointaines:il en résulta cette pièce, qu'aucun directeur de théâtre ne «reconnut» à l'époque. «II faut inventer non des objets ou des produits à vendre, il faut inventer des clients.» À partir de cet axiome, découvert par Poof dont on n'accepte pas les prospectus distribués gratuitement, se développe une «Comédie humaine» dont la conclusion ne peut être que la rencontre de Poof et du représentant de Dieu sur cette terre (en Occident). Poof est une des premières pièces de Salacrou; L'Archipel Lenoir, une des dernières. Toutes deux, à vingt ans de distance, posent, au fond, les mêmes problèmes; ce ne sont pas ceux de la publicité, bien sûr, qui se présentent dans L'Archipel Lenoir, un cas de «défaillance familiale». Mais le même traitement logique et impitoyable, la même «vue» vers la métaphysique à travers la farce, en font deux des plus représentatives parmi les pièces d'Armand Salacrou.

Poof / l'archipel lenoir

«- J'ai été volé, j'ai été roulé, mes amis sont des jean-foutre, mes voisins sont des canailles. Ma famille ? Un ramassis d'idiots, de malotrus et de sauvages. J'ai perdu tous mes procès ; le gouvernement m'a ruiné. L'occupation m'a ahuri, le débarquement m'a surpris, et la guerre qui s'est refroidie, mais qui n'en finit pas avec ses changements de température, me fatigue... Mais je n'ai jamais cessé d'être un amoureux.»

Les invités du bon Dieu : Vaudeville en trois actes

Tome I : «Des amis m'ont dit que toute mon oeuvre était, pour moi, prémonitoire. Avec mes personnages de théâtre, il semble en effet que j'ai vécu ma vie à l'avance ! Je ne racontais pas ce que j'avais connu, mais j'imaginais, comme une voyante, ce que j'allais connaître. Et j'avais trente-cinq ans, au milieu de toutes les réussites que les autres m'enviaient, quand j'ai fait dire à la vieille Mme Berthe, personnage dont je n'avais rencontré aucun modèle dans la vie : "Pour moi, vieille, rien n'existe que la solitude et la mort."» Tome II : «Fermer les yeux ? La cavalcade danse avec encore plus de force dans les ombres terribles. Tous ces personnages de ma vie, tous ces tourmentés qui tournent en rond dans le chagrin avec la ronde folle, mes frères et mes soeurs en fornication, que puis-je pour vous ? Que pouvez-vous pour moi ? Comme tous les désespérés, je refuse l'espoir de l'espoir - si j'essaie d'appeler au secours le visage de Lucienne, la ronde hurle encore plus fort, et me sépare d'elle.»

Dans la salle des pas perdus - vol02

Boulevard Durand chronique d'un procès oublié

«Nous sommes les créatures d'un cauchemar divin.» Telle semble être la leçon de toute l'oeuvre de Salacrou. Elle est déjà parfaitement exprimée dans Le casseur d'assiettes, première pièce en un acte, jamais jouée, et qui contient la plupart des thèmes majeurs de l'écrivain. Dans un music-hall, le casseur d'assiettes brise la vaisselle comme Dieu les hommes, machinalement, même en dormant. Dans un bar, sur un port, la serveuse Catherine s'éprend de Pierre, le nouveau laveur de vaisselle au passé mystérieux, sans comprendre que le Tour à terre de cet homme n'est qu'une halte dans une marche solitaire, sans espoir. Jérôme 1??, roi boiteux d'un pays balkanique, fait jouer à des comédiens français une pièce de son cru de facture surréaliste qui ressuscite un grand amour passé. Décor : Le pont de l'Europe de la gare Saint-Lazare, passage des rails vers tous les espoirs. Dans un décor forain, un jeune homme et sa fiancée vivent un amour sans lendemain, car le jeune homme, tout occupé des mystères de la vie et désespéré de ne pouvoir en surprendre le secret, organise sa mort. C'est La boule de verre. Deux «pièces à lire» complètent cette nouvelle édition : Les trente tombes de Judas et Histoire de cirque.

Theatre - vol01

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

Les idées de la nuit

«J'écris parce que je ne sais pas parler. L'art dramatique, en effet, nous offre des acteurs pour parler à notre place. Sans doute, le spectateur attentif aura décelé et progressivement reconnu, dans le dialogue des pièces de Salacrou, la présence de Salacrou lui-même. L'auteur de L'inconnue d'Arras a pris d'ailleurs la parole en rédigeant les notes dont il a accompagné l'édition de son théâtre. Il restait à l'interroger, à provoquer ses réponses, pour mieux cerner une des personnalités les plus complexes et les plus attachantes de ce temps. L'entretien radiophonique en était le moyen, grâce à Pierre de Boisdeffre, directeur de la Radiodiffusion, une série de six entretiens a pu être entreprise. À six reprises, nous nous sommes retrouvés avec Armand Salacrou autour du micro. Celui-ci avait été placé, non dans un studio, mais dans le décor familier de sa bibliothèque, auprès des tableaux de Picasso, de Masson, de Juan Gris... Salacrou pouvait prendre un livre, chercher le témoignage d'une citation... Salacrou chez lui...» Paul-Louis Mignon.

Impromptu delibere - entretiens avec paul-louis mignon

Dans Dieu le savait, Armand Salacrou aborde ce vieux et insoluble problème de théologie; Dieu sait tout:il sait donc si je serai sauvé ou damné:mes oeuvres, quelles qu'elles soient, ne peuvent rien changer à une fin qui est, de toute éternité, connue de Dieu. C'est l'un des problèmes que nous avons tous été amenés à nous poser dans le secret de nos coeurs - et qu'Armand Salacrou a traité en grand dramaturge. Dans une maison en ruine du Havre de 1944, une femme jeune encore, et belle, pleure la mort de son mari, déporté et fusillé. En même temps, elle lui en veut d'une conduite héroïque, certes, mais qui a amené d'irréparables catastrophes. Elle rend responsables de ces catastrophes les amis du mari mort, ceux qui l'ont entraîné, puis abandonné, et, peut-être, trahi. Le vrai responsable de la mort de son mari - on le découvre enfin, c'est elle-même qui, sans s'en douter, presque innocemment, a enlevé le goût de vivre à celui qu'elle aime et qu'elle pleure. Pourquoi pas moi? pièce en un acte qui complétait le spectacle où fut donné Poof, peut être pris comme une sorte de «proverbe», mais un proverbe sans douceur ni aménité. On y voit une jeune bonne venue de l'Assistance publique, et qui se venge d'un destin malheureux en en forgeant un qui lui convient mieux. L'intelligence et la malhonnêteté, l'honneur et l'amertume se fondent en un dialogue varié et souple.

L'Inconnue d'Arras

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