Recueil de textes inédits écrits entre 1962 et 1969.

Cerf-volant. suivi de Passe-boules - 1962-1969

Ebauche d'un autoportrait

«Lundi 31 mai Comment arriver jusqu'à moi par-dessus ces hauts murs qui interdisent mon entrée ? en vérité si hauts qu'ils sont infranchissables. Peut-être ne reste-t-il qu'une façon de m'atteindre, en m'appelant moi-même sans discontinuer, jusqu'à ce que je me réponde ; mais il ne faut pas me lasser, car de toute façon je suis si loin que des siècles peuvent s'écouler avant que je sois enfin touché par cet appel.» Louis Calaferte.

Rapports : (1982)

Ce matin-là, chez les Bernachon, rien ne va... Gérard, le père, ainsi que son fils Ludovic ont les intestins "détraqués" un poisson pas frais mangé la veille chez la maman de Charlotte, la mère... et cela, juste le jour où ils se préparent à recevoir à déjeuner le nouveau et très puissant directeur de Gérard : Hans Otto Waterbrunner et son épouse Gerda. Une souris grise commence comme une pièce de Feydeau ; on ne peut s'empêcher de penser à "On purge bébé". Puis l'auteur nous entraîne sur son terrain de prédilection, celui de la dérision. Le vrai personnage des comédies de Calaferte ne fait tant rire que parce qu'il est pitoyable. Gérard Bernachon se vide au sens propre comme au sens figuré devant l'autorité qui envahit son quotidien. Cette fragilité de J'enveloppe corporelle-relève de l'expérience, du constat expérimenté et déclenche un comique fort, évident et voulu. Elle témoigne pourtant d'une réalité humaine et sociale. Ici le particulier devient universel, comme toujours chez Calaferte. Patrick Pelloquet

UNE SOURIS GRISE - Louis Calaferte

Pour juger de cette pièce, baroquerie : c'est un terme qu'on empruntera volontiers à Louis Calaterte. Aux armes, citoyens ne trouve son aboutissement que parce que l'expression de cette folie débridée est justement rendue possible par la mise en scène et le théâtre. Djamel MESKACHE

AUX ARMES, CITOYENS - Louis calaferte

Un hommage amoureux du poète à sa femme, Guillemette, à l'occasion de son quatre-vingtième anniversaire (1972).

G - Isthme de mon amour

«Marbre de Carrare. Esquisse des deux traits déclinants du slip sur le haut des cuisses. Mieux que si elle était carrément à poil. Impossible de ne pas évoquer, comme malgré soi, le petit chat qui dort à la jonction légère de ces lignes de lingerie. Cette putain de femelle est fabriquée pour attirer les queues aussi sûrement que l'aimant pour l'acier. Amplement charnelle. Carnée. Friande. Opale de chair pleine. Générosité du corps embouti d'une seule pièce de la tête aux pieds. Un temple moussu. Luxe de la peau. Ensemble de courbes planes, d'inflexions douces, chaînes de lentes spirales. S'allonger sur elle et le lui mettre doit vous laisser la sensation d'une descente en luge sur les contreforts lustrés. Elle est elle-même le centre d'une circonférence accomplie. Remplie. Bombée. Fait songer à un flux de vie bien portante. Aux images de toutes les bonnes choses de la volupté. Viande appétissante quand on a une faim de loup. Verre de vin moiré rubis fauve sur la nappe immaculée d'une table dressée en plein air au soleil qui rissole le liquide. Somnolence insouciante dans l'herbe fraîchement coupée, un brin d'érection qui se dessine à l'arrière-plan sur la corde des aigus...»

No man's land

«Mon admirable, mon adorable femme, si dignement forte. Impuissant, je ne peux que constater sa fatigue, celle que je lui procure, à la fois par l'ensemble des tâches de la maison qu'elle assume seule et par l'accumulation d'angoisses, depuis plus d'un an que je suis peu ou prou dans l'étau de la maladie. Quelquefois, je lui retrouve son petit visage de jeune fille et cela m'émeut plus que je ne saurais dire.» Louis Calaferte.

Carnets - xii - traversee - (1990)

«Parallèlement à ce que j'ai qualifié de théâtre intimiste, cette pièce-ci, avec d'autres, s'inscrit dans une optique baroque rarement exploitée à la scène, sinon par un dadaïste tel que Tristan Tzara, ou un surréaliste tel que Roger Vitrac. Sans exclure la référence au vrai fondamental des faits dont ne peut se dispenser l'art dramatique, l'imagination se laisse aller aux fantaisies d'une poésie lyrique aiguisée par une volonté de dérision, celle du comique de constat qui caractérise mon travail théâtral depuis une quinzaine d'années. L'aventure est exceptionnelle en ce qu'elle est une recherche libératoire des formes, et sa création devait pour se réaliser rencontrer ce que Rimbaud appelait des hommes du souffle, c' est-à-dire un directeur de théâtre, un metteur en scène et un éditeur, tous amoureux des textes. On ne se dit pas merci, on se dit bravo!»

Cerf-volant. suivi de Passe-boules - 1962-1969

Résumé

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