La Guerre des Colonels

Frédéric Hoffet, avocat à Strasbourg, romancier et essayiste, est un polémiste à la plume acerbe. Déjà, sa "Psychanalyse de l'Alsace", ouvrage dont André Siegfried a dit que c'est un livre fondamental, qu'il faut même considérer comme magistral, avait suscité des discussions qui se poursuivent encore dans sa province. Voici deux ans, il lança - chez Grasset - cette "Psychanalyse de Paris", qui lui valut quelque 350 articles de presse, dont le fiel ne le cédait qu'à l'approbation passionnée de quelques-uns. Ce protestant libéral, ami et disciple d'Albert Schweitzer, avait déjà soutenu, dans "L'impérialisme protestant", la thèse que certaines de nos difficultés politiques sont imputables au fait que la France est un pays catholique, et que la démocratie ne peut prospérer dans les nations de tradition romaine. Il lance aujourd'hui un ouvrage qui soulèvera de nouvelles tempêtes, par l'originalité de son optique, et la hardiesse paradoxale de ses conclusions. Ce livre, bourré de faits, vient à son heure. Il rappelle à une génération étonnamment aveugle devant la réalité catholique, les dangers d'un cléricalisme plus vivant que jamais.

L'équivoque catholique - Précédé d'une Lettre ouverte à François Mauriac sur le nouveau cléricalisme

La psychanalyse, c'est l'écoute des profondeurs. Frédéric Hoffet se penche donc avec attention sur les moeurs des Parisiens des années cinquante. D'emblée une question se pose : Existe-t-il un parisianisme ? L'auteur décortique méticuleusement les strates sociales et artistiques et nous démontre que, par exemple une poignée d'hommes peut faire et défaire les réputations de quiconque. Le défaut à Paris, c'est d'être inconnu, aussi toutes les manoeuvres sont acceptables pour séduire. Même, s'il s'agit du Paris des années cinquante, cette analyse est plus que jamais d'actualité. Paris se veut la première ville du monde. Dans ce microcosme, tout le monde se connaît, se côtoie, mais surtout se jalouse. Paris est un étonnant mélange de liberté et de culture, de mépris et de vanité. Les femmes s'imposent et font reculer le machisme. L'homosexualité s'affiche : Gide en est la figure de proue. Les analyses méticuleuses de l'auteur nous happent. Ainsi il met l'accent sur le Paris centre du monde, le Paris et sa légendaire frivolité, son arrogance et son énorme complexe de supériorité. Au fil des pages, le mythe de Paris s'effiloche. Paris est un immense théâtre où on voudrait que se jouât le destin du monde. L'auteur, en grattant le vernis nous fait découvrir le Paris névrosé, le Paris schizophrène, le Paris poudre aux yeux.

La Guerre des Colonels

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