À quoi tu penses ?

Le 20 septembre 1979, à Paris, Pierre Goldman est tué. Peu après, un commando, sous le nom « Honneur de la police », revendique l'assassinat. Dans Le monde du lendemain, on peut lire : « Un Juif polonais est mort en France. Mort de ses trois assassins, chacun d'eux paraissant avoir eu en charge de tuer l'une des trois vies de Pierre Goldman, juif, militant de gauche, délinquant qui en avait appelé à la loi. ». Le même jour, Libération écrit : « Pierre a été abattu alors que sa femme s'apprêtait à mettre au monde leur enfant. ». Le 26 septembre, une foule énorme de quelque 15 000 personnes entreprend une marche silencieuse vers le Père-Lachaise où Pierre Goldman sera inhumé. Dans cette foule, parmi de nombreux intellectuels et militants, on reconnaît Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Régis Debray, Simone Signoret et Yves Montand ou encore un tout jeune homme, Jean-Jacques, le demi-frère de Pierre.

Pierre Goldman ; la vie d'un autre

Noir intégral : recueil 1

Simon Breuil est un jeune écrivain ambitieux. Même si son dernier roman est un très grand succès, il a du mal à retrouver son souffle. Son éditrice provoque une entrevue avec un écrivain qu'il admire plus que tout, James Whales, maître du roman noir qui a vécu une vie terrible et souvent violente. Cette rencontre et les relations pitoyables qu'il entretient avec les femmes de sa vie, vont être au coeur de son combat pour renouer avec l'écriture. Mais à quel prix ?

Pourquoi les baleines bleues viennent-elles s'échouer sur nos rivages ?

Dans le second volume de cette trilogie consacrée aux démons qui hantent l'homme, on retrouve le jeune biologiste Charles Ha spécialisé dans les plantes carnivores. Un peu naïf, il a bien du ma à se libérer de Aimé Varangéant, un démon qui représente les amours passés. Le voici sous tente dans les Alpes, accompagné de protagonistes utiles au chassé-croisé imaginé par Cornette. L'amour et la jalousie sont donc au centre de ce récit drôle et malicieux. 
Cornette confirme son talent dans le domaine de l'imaginaire. Le jury de Darnetal ne s'y est pas trompé en lui remettant le prix du meilleur scénario en 2004 pour Jean-Polpol (Carrément 20 x 20).
Moynot, épaulé par Laurence Busca pour la couleur, illustre le tout avec un trait incisif livrant les fantasmes du héros avec tact.

Démons Tome 2 ; on a toute la vie

Il pleut ce 9 septembre quand François-Frédéric Frey, dit F. F. F., sort de prison, après y avoir séjourné trois longues années pour, entre autres, abus de biens sociaux et fausses factures. À quelques pas de là, un enquêteur privé, Gus Carape, essaie tant bien que mal de passer le temps, son incapacité notoire à résoudre une quelconque affaire expliquant la désaffection chronique de la clientèle dans les bureaux de son Agence Spector. Un peu plus loin, le vieux commissaire Kowalski tente lui aussi de réussir quelque chose dans la vie, en surveillant les entrepôts Moralès.

Trois destins qui ont en partage un certain sens de la poisse, pour ne pas dire du désespoir. Mais c'est sur l'autoroute de Bordeaux à Toulouse que ces trois trajectoires de vie vont véritablement s'entrecroiser. Au programme : un cadavre dans le coffre, un chien errant, une course-poursuite plus bête que méchante et un autiste embarqué malencontreusement dans un car de touristes japonais que sa mère, communiste espagnole convaincue, recherche ardemment. Quel sac de noeuds !

Emmanuel Moynot est à nouveau au catalogue Casterman dans un genre qu'il connaît bien, le polar. En adaptant un roman de Jean Vautrin publié en 2001, Moynot signe un récit graphique haut en couleurs qui synthétise avec ironie bon nombre des poncifs du polar : taulard flingueur épris de vengeance, détective looser, flic et politicard pourris, femme libidineuse, etc.

L'homme qui assassinait sa vie

Chaque année, Sébastien, Anne et leurs deux filles passent leurs vacances sur la côte, en Bretagne. Ils y retrouvent leurs amis d'enfance et des lieux chargés de souvenirs. Mais les relations du couple sont tendues Sébastien se fait distant, voire absent. Il pense à s'échapper d'un quotidien familial qui lui pèse et s'interroge sur ce qu'il veut réellement faire de sa vie. Ses aspirations, ses rêves... Bref, avec la marée montante, une mise à plat s'impose.

L'année dernière

Une décennie après le triomphe mondial de Suite française, roman miraculeusement réchappé de l'oubli, prix Renaudot 2004, Emmanuel Moynot s'empare du premier volet du diptyque, Tempête en juin. Sous sa plume acérée, le classique d'Irène Némirovsky trouve sa dimension visuelle. Comme dans un film de Renoir ou d'Altman, les personnages, les trajectoires, les destinées se heurtent et s'emmêlent sur les routes de l'Exode de juin 1940, traçant le portrait de ces heures noires où il a semblé que la donne sociale, morale, nationale se rebattait intégralement. Les figures inoubliables qui peuplent les pages de Némirovsky prennent corps. On retrouve comme si on les avait toujours connus le banquier Corbin, le gentil couple Michaud, la tribu des Péricand, l'infortuné abbé Philippe, la frivole Arlette Corail, le sinistre Corte et sa maîtresse écervelée, tous les autres, les perdants, les affreux, les purs et les morts de cette débâcle française. Et l'on découvre au passage que l'auteur de David Golder - dont on connait la passion pour la narration cinématographique - aurait fait une grande scénariste.

À quoi tu penses ?

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