Jean Giono, "Colline"
Dieu a-t-il besoin de l'écrivain ? péguy, bernanos, mauriac
Publié par Cerf, le 09 novembre 2006
225 pages
Résumé
Péguy, Bernanos, Mauriac ont pris la poussière sous la chape de plâtre dont on les a recouverts. Statufiés, ces auteurs ont vieilli : non pas leurs oeuvres, mais ce que la postérité a fait d'eux en leur réservant des niches dans le grand édifice de la littérature où l'on ne vient guère les déranger. Affubler ces auteurs d'une auréole n'apparaîtra pas d'emblée comme le meilleur moyen de les extirper de la sacristie où leurs effigies se morfondent. Pourquoi ces trois noms, parmi tant d'autres possibles ? Dans la série des écrivains catholiques, on attendrait Bloy, Claudel ou Green. Dans celle des écrivains engagés, d'innombrables comparses mériteraient de prendre rang. Le choix est ici affaire de coeur, rencontre avec des hommes et leurs oeuvres. Péguy, Bernanos, Mauriac : chacun d'eux nous renvoie à une foi personnelle que leur oeuvre atteste sans " imprimatur ", dans une distance vis-à-vis de l'Église institution qui garantit leur liberté de créateurs. Chrétiens, ils le sont, et nous devons les en croire, ces écrivains n'ont rien de commun avec ceux de leurs pairs qui choisirent de s'affilier à un parti, une idéologie, un dogme. Ils envisagent leur engagement de tout autre façon. Leur existence tout entière, en ses diverses dimensions, est orientée vers l'absolu chrétien, tourmentée par lui. Attelés à faire oeuvre de littérature, ils se doivent de faire droit à l'interrogation profonde sur leur vocation propre : qu'est-ce qu'un manieur de mots dans le dessein de Dieu ? Péguy, Bernanos, Mauriac ne sont pas ici convoqués pour résoudre un problème de théorie littéraire. C'est bien d'eux que l'on veut parler. De leur cohérence dans les turbulences de l'histoire, les affres de la création, les détresses privées. Être écrivain ne les exonère pas, ne les dédouane de rien. L'oeuvre s'insère dans le courant d'une existence, l'existence dans une dimension qui l'excède et les réunit tous les trois. -- Like statues on pedestals, Péguy, Bernanos and Mauriac have gathered dust. The authors have dated - not their works - this is what posterity has done to them by reserving a niche for each one in the great literary edifice, where they may remain almost completely undisturbed. Endowing these authors with a halo does not seem the best way of extirpating them from the sacristy in which their effigies languish. Why these three names, when there are so many other contenders? In a series on Catholic writers, one would expect Bloy, Claudel or Green. In one on committed writers, countless minor talents would swell the ranks. This choice is a personal one: the result of becoming acquainted with the men and their works. Péguy, Bernanos and Mauriac: each had his own personal faith to which his writing testifies without 'imprimatur', observing a distance vis-à-vis the Church as an institution, thus guaranteeing creative freedom. They were Christians, and there is every reason to believe them; these writers have nothing in common with their peers who chose to affiliate themselves with a party, an ideology or dogma. They envisaged their commitment in quite a different manner. Their entire existence, with its varying dimensions, was oriented towards the Christian absolute and tormented by it. Destined to be writers, they felt obliged to question themselves deeply on their own vocations: what place has a wordsmith in God's great plan? Péguy, Bernanos and Mauriac have not been convoked here to resolve a problem of literary theory. They themselves are the subjects under discussion, their coherence during turbulent times, their creative trials and tribulations and their private anguish. The fact that they were writers does not exempt them or put them in the clear in any way. Their oeuvres are part of a flow of life, existing in a dimension that surpasses it, one that unites all three.
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